Archive dans 2022

Pour garder leur intérêt en entreprise, les réunions doivent devenir plus efficaces

Plus de deux ans après le premier confinement lié à l’épidémie de Covid-19, le télétravail et les échanges à distance n’ont pas fait disparaître la nécessité de se retrouver physiquement. Mais bien que nos agendas soient noircis, 73 % des salariés français souhaiteraient pourtant que leurs réunions soient mieux réalisées dans leur entreprise, selon une étude YouGov commandée par Comet Meetings, une entreprise qui loue des lieux pour se réunir. La généralisation des réunions à distance oblige à repenser l’intérêt des rencontres physiques et à utiliser des outils simples pour mieux capter l’attention, pour développer la créativité ou pour résoudre des problèmes.

Comme pour les nombreux bars branchés qui peuplent le quartier du Sentier dans le centre de Paris, l’enseigne Comet est visible en lettres de néon, puis une grande porte vitrée donne sur un vestibule parqueté décoré de lianes de lierre, de feuilles de palmier et de poutres en bois sculpté. Après un copieux petit déjeuner, installé dans un fauteuil design et une courte séance de gymnastique partagée avec des collègues, c’est le moment, la réunion peut commencer.

Dans l’immeuble moderne de Comet Meetings, à l’entrée de chaque salle de réunion est située une simple roue divisée en compartiments, permettant d’accueillir les téléphones portables pendant le moment d’échanges. Un constat s’impose : « Lorsque les collaborateurs utilisent leur smartphone en réunion, c’est qu’ils ne se sentent pas concernés par le contenu ou qu’ils ne sont pas assez sollicités. La plupart du temps, ces rendez-vous rassemblent beaucoup de personnes qui n’ont pas besoin d’être présentes », souligne Florian Guillot, « meeting evangelist » chez Comet, c’est-à-dire responsable de théoriser les réunions et de diffuser les bonnes pratiques.

Pour éviter de convoquer des personnes de façon superflue, les rassemblements récurrents doivent être limités au maximum. S’ils permettent un suivi, ils peuvent souvent être remplacés par un simple courriel, quitte à ce qu’une personne soit chargée de rassembler les remarques de différents services.

Des espaces de repos soignés

Si les participants sont plus concentrés, il est important de faire davantage de moments de relâche, pour respirer. Partant du constat qu’« il n’y a rien de pire qu’une pause dans un centre des congrès froid », selon Claire Robert du Boislouveau, la directrice de la communication de Comet, l’entreprise de location de salles de réunion soigne les espaces de repos : terrasse verdoyante accueillant la pause cigarette, café, viennoiseries et fruits pour les encas, et même des livres d’évasion à feuilleter sur des poufs à ras le sol.

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« Le Rassemblement national renoue avec une vision pétainiste du travail »

Tribune. Les propos racistes du député Rassemblement national (RN) Grégoire de Fournas, tenus début novembre dans l’Hémicycle à l’égard du député « insoumis » Carlos Bilongo, ont fait tomber les masques : le Rassemblement national est toujours le parti héritier du pétainisme et de son racisme. Un vent nouveau d’indignation souffle désormais sur l’ensemble des bancs républicains de l’Assemblée. Avec la sanction de son député, la stratégie de « normalisation » du RN se fissure.

Depuis leur arrivée à l’Assemblée nationale, les députés d’extrême droite tentent pourtant de jouer la carte de l’opposition constructive. Ils sont calmes, ne haussent pas le ton, joignent leurs voix à de nombreux votes de la majorité ou des oppositions. Le doigt sur la couture du pantalon, aucune tête ne dépasse, seuls les porte-parole du groupe s’expriment avec un verbiage calibré. Mais peut-on juger la crédibilité politique d’un groupe à sa posture ? Bien plus que l’attitude dans l’Hémicycle, c’est l’inspiration politique de leurs propositions qui permet de les démasquer.

L’exemple le plus frappant est venu lors de l’examen de la réforme de l’assurance-chômage commencé en octobre. En portant un amendement excluant les étrangers travaillant en France des élections professionnelles, le Rassemblement national renoue avec une conception vichyste propre à la Charte du travail de Pétain, dans laquelle travailleurs et patrons font cause commune nationale contre les puissances ennemies et contre leurs « alliés de l’intérieur ». Le clivage au sein de l’entreprise, intrinsèquement lié à la relation de subordination entre salariés et directions, y est remplacé par la prévalence des intérêts économiques nationaux.

Une invisibilisation cynique

Cet impératif national impose la modération des revendications salariales, qui sont alors soumises à la générosité que la fibre patriotique est supposée provoquer chez le patronat. Cette logique néocorporatiste se développe dans les années 1930 en réaction et en opposition au concept de lutte des classes qui structure les revendications ouvrières.

Lire l’entretien avec Nicolas Lebourg : Article réservé à nos abonnés « L’extrême droite est une vision du monde, pas un programme »

Au clivage horizontal de l’unité de la classe ouvrière, liée par ses conditions difficiles de vie et son exploitation par la classe patronale qui ne travaille pas, l’extrême droite substitue le clivage vertical d’une unité nationale entre ouvriers et patrons français, liés par la nécessité de défendre la nation dont la survie serait en jeu, en proie à un supposé dévoiement des mœurs, à une prétendue décadence morale, à l’avidité des puissances étrangères et celle de ses fantasmatiques alliés de l’intérieur.

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Salaire incomplet, versé avec un délai, voire pas du tout… Pour les enseignants, la galère des retards de paiement

Trois cent trente euros. C’est ce qu’Emma (tous les enseignants interrogés ont souhaité rester anonymes), enseignante contractuelle dans le sud de la France, a touché depuis qu’elle a signé son contrat avec l’éducation nationale, le 12 septembre. Un maigre « acompte » le premier mois, rien fin octobre, et rien fin novembre. Le rectorat de Toulouse lui a annoncé le versement, début décembre, d’une « avance » de 1 700 euros pour la période de septembre à novembre, avant que sa situation soit régularisée. « J’ai un loyer à payer, le carburant pour me rendre dans mon établissement à une heure de route de chez moi… Je ne sais pas comment je ferais pour travailler si je n’avais pas d’argent de côté », se désole-t-elle.

Les cas comme le sien sont la manifestation la plus extrême d’une problématique plus large et bien connue des enseignants : les retards de paiement, particulièrement fréquents en début d’année scolaire. « Le versement des premières rémunérations occasionne des problèmes récurrents », constate Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-UNSA.

Les messages qui remplissent les boîtes électroniques des syndicats les lendemains de paie donnent un aperçu des difficultés auxquelles sont confrontés certains enseignants dont la situation change au 1er septembre. On y trouve de jeunes titulaires qui s’étonnent de ne toucher encore qu’un salaire de stagiaire ; des professeurs contractuels ou stagiaires qui ne comprennent pas pourquoi rien ne leur a été versé ; ou encore des enseignants mutés dont la paie n’a pas suivi.

Lire aussi les témoignages : Article réservé à nos abonnés De nouveaux enseignants contractuels racontent leurs premières semaines « difficiles »

Ces situations sont loin de se cantonner à l’Ile-de-France, mais c’est cependant là qu’elles sont les plus criantes en raison des effectifs des académies franciliennes et de leurs cohortes de contractuels et de néotitulaires, les plus importantes du pays. Le rectorat de Créteil gère, par exemple, à lui seul 80 000 personnels et doit, à chaque rentrée, mettre en place 8 000 nouvelles paies.

Des comptes dans le rouge

Ces délais riment vite avec précarité pour les personnels concernés. Elie, muté de l’académie de Grenoble vers celle de Créteil à la rentrée, pensait percevoir les 1 900 euros net correspondant à son nouveau statut de titulaire. Il n’a été payé que 1 400 euros en septembre, puis 1 500 euros en octobre, car son changement de grade n’a pas été pris en compte, pas plus que celui des milliers d’autres néotitulaires de l’académie. « Les délais sont variables selon les académies, précise Aurélien Billod, de la section académique de Créteil du SNES-FSU. En 2021, chez nous, il a fallu attendre le mois de mars. »

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Les faillites subites des stars de la tech

Entreprises. La faillite, le 11 novembre, de la plate-forme de cryptomonnaies FTX devrait entraîner de lourdes pertes chez ses nombreux clients et partenaires. Plusieurs plaintes sont déposées et le dirigeant chargé du redressement a dénoncé publiquement « les systèmes de contrôle et l’information financière de l’entreprise ». Or, Il y a deux ans, l’Allemagne aussi était secouée par l’effondrement de Wirecard, le leader du paiement en ligne.

Elizabeth Holmes, la dirigeante de Theranos, entreprise vedette de la Silicon Valley et des biotechnologies, a été condamnée il y a quelques jours pour fraude, après sa faillite en 2015.

Enfin, le XXIe siècle avait débuté avec le scandale Enron, en 2002. Or, on retrouve de nombreux traits communs dans l’histoire et la gouvernance de ces entreprises.

Elles ont toutes incarné un nouveau modèle d’affaires ou une innovation qui avait su capturer les évolutions technologiques de leur temps. Ainsi, FTX, Wirecard et Enron inventaient la digitalisation et la dérégulation de la finance et de l’énergie. Theranos promettait de révolutionner les analyses biologiques médicales et leur coût.

A la tête de ces pionniers, on trouvait des dirigeants loués pour leur charisme et leur créativité. Elizabeth Holmes pour Theranos et Samuel Bankman-Fried pour FTX ont moins de 30 ans quand leur entreprise atteint le sommet de sa renommée. Leur succès est si foudroyant qu’en quelques années ces firmes ont attiré des milliards de dollars, enrichi de façon extravagante leurs dirigeants et été encensées par experts et médias.

Dirigeant mythifié

Le mécanisme qui va conduire à leur chute subite et ruineuse se met en place aussi vite que leur ascension. Les causes en sont toujours multiples, mais la principale réside dans la formation d’un management entourant un dirigeant mythifié… qui le plus souvent décide seul. Avec le succès, l’habitude est prise d’afficher des résultats et des rémunérations exceptionnelles. Les autres personnels sont tenus dans l’ignorance des véritables données et leur travail est encadré dans des services et des filiales étanches.

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De l’extérieur, tout semble aller pour le mieux. Mais en interne, la capacité collective à corriger les erreurs, à structurer la croissance des activités et à innover s’étiole. Et comme la remise en question du dirigeant-héros semble impossible, l’entreprise s’enfonce dans une série d’échecs qu’il faut masquer ou compenser par des stratégies de plus en plus risquées jusqu’à… la fraude et l’escroquerie.

Enron et Wirecard masquent des pertes abyssales en jouant sur leurs multiples filiales. Theranos falsifie les résultats de ses technologies. FTX est accusé de comptes opaques et de conflits d’intérêts. Dans tous les cas, les auditeurs officiels ne lancent l’alerte que trop tard pour les parties prenantes de l’entreprise.

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L’argot de bureau : le « quiet quitting » ou la flemme d’avoir la flemme

Illustration récurrente (ne pas mettre de droits d’expiration svp !) à utiliser pour la chronique L’Argot de Bureau, saison 2022-2023.

Non, on ne peut pas licencier un salarié pour insuffisance professionnelle car il a refusé de s’alcooliser lors de pots de fin de semaine et d’intégrer ainsi la valeur « fun et pro » de son entreprise – comprendre l’incitation à divers excès. Cet arrêt ubuesque a été rendu par la Cour de cassation, le 9 novembre 2022, à l’encontre de la société de conseil Cubik Partners, pour des faits remontant à 2015.

Au-delà de l’anecdote cocasse, ce jugement semble dans l’air du temps : comme chez ce salarié, une épidémie de distance vis-à-vis du travail sévirait dans les entreprises françaises. « C’est un changement de paradigme qui n’en finit pas d’inquiéter », « une révolution qui ne dit pas son nom », « phénomène de la rentrée »… Voici, pêle-mêle, les formules médiatiques qui ont qualifié le « quiet quitting », en français « démission silencieuse ».

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Longtemps après cette rentrée, par mimétisme, il est difficile de citer un consultant RH « LinkedIn-compatible » qui n’ait pas encore donné son avis sur le sujet. Le « quiet quitting », c’est le pendant automne-hiver 2022-2023 de la « grande démission », élu meilleure expression fourre-tout de la saison printemps-été 2021 : tandis que ceux qui le peuvent sont partis en claquant la porte, le reste des salariés n’en pense pas moins.

La flemme pour un travail sans flamme

L’application TikTok a fait naître cette expression outre-Atlantique : en juillet 2022, un jeune Américain y expliquait en dix-sept secondes de vidéo son intention de ne plus faire que ce pour quoi il avait été embauché, ni plus ni moins. Le minimum syndical, car « le travail n’est pas notre vie ».

Mais alors, quoi de neuf ? Les analyses convergent pour rappeler que le moral des salariés − français en particulier − n’est pas au top : perte de sens, fatigue, santé mentale en berne, faible reconnaissance de ses supérieurs, salaires rattrapés par l’inflation… Si tout cela n’a aucun sens, pourquoi donc continuer de se tuer à la tâche et entretenir notre passion française pour le présentéisme ? Ainsi, 24 % des Français estiment que le travail est très important dans leur vie, selon une étude publiée le 11 novembre par la Fondation Jean-Jaurès en partenariat avec l’IFOP, contre 60 % en 1990.

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Le « fléau » toucherait surtout les jeunes, qui, c’est bien connu, « ne veulent plus travailler » –un peu comme chaque génération, selon celles qui la précèdent. Cette « génération désenchantée » a-t-elle un poil dans la main au travail ? Elle a surtout la flemme d’avoir la flemme, dans un monde du travail qui n’anime en elle aucune flamme : pour 37 % des 18-24 ans interrogés par l’institut BVA pour la Fondation Jean-Jaurès et la Macif à l’occasion de leur baromètre sur « les jeunes et l’entreprise », l’idée de s’ennuyer et de ne pas être intéressé par son travail provoque une angoisse.

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Emploi : les entreprises d’insertion réclament une rallonge budgétaire

L’effort est reconnu mais sa poursuite et son amplification sont espérées. La Fédération des entreprises d’insertion (FEI) appelle le gouvernement à revoir à la hausse le budget de l’insertion par l’activité économique (IAE) prévu dans le projet de loi de finances 2023. Cela tombe bien, un amendement sur la mission travail et emploi déposé par le groupe Les Républicains (LR) au Sénat, qui sera débattu, lundi 28 novembre, propose justement une hausse de 30 millions d’euros de ce budget.

« Tout est aspiré par la hausse très importante du smic » – Luc de Gardelle

« Nous avons une réelle inquiétude, non pas sur le soutien du gouvernement à l’insertion, mais sur notre capacité de continuer à nous développer dans un cadre budgétaire aussi restreint », explique Luc de Gardelle, président de la FEI. Pour rappel, l’IAE permet aux personnes les plus éloignées de l’emploi de bénéficier de contrats de travail spécifiques proposés par des structures adaptées. En 2019, la ministre du travail de l’époque, Muriel Pénicaud, avait lancé un « pacte d’ambition » pour l’IAE avec un budget porté à 1,3 milliard d’euros de 2019 à 2022. Un plan qui a permis la création de plus de 320 entreprises sociales inclusives en trois ans, pour un total de 2 070. Et le nombre de personnes accompagnées a augmenté de 40 %, passant de 71 000 en 2019 à 101 000 en 2022.

Signe que l’Etat n’abandonne pas l’IAE, le budget pour 2023 est revu à la hausse : il est prévu qu’il passe de 1,29 milliard d’euros à 1,33 milliard d’euros. Une fausse augmentation, regrette Luc de Gardelle : « Tout est aspiré par la hausse très importante du smic [indexé sur l’inflation], ça ne suffit donc pas. Mécaniquement, avec ce budget, ce sont des postes en moins dans le secteur. » Le groupe LR du Sénat partage cette idée puisque l’amendement déposé par Philippe Mouiller (LR, Deux-Sèvres) rappelle que le budget « est en réalité en diminution en nombre [d’équivalent temps plein] finançables compte tenu de la hausse du smic ». La mesure, également soutenue par les sénateurs écologistes, qui vise donc à abonder le budget de 30 millions d’euros, se décompose en « 20 millions d’euros pour assurer la croissance du nombre de postes dans les entreprises d’insertion » et 10 millions d’euros pour la formation.

« Il ne faut pas freiner maintenant »

Si la rapporteuse de la mission travail et emploi, la sénatrice (LR) de l’Isère Frédérique Puissat, estime qu’il faut « faire crédit au gouvernement de soutenir la démarche de l’insertion par l’activité économique », elle insiste sur la nécessité de « revoir l’enveloppe pour couvrir tous les coûts contrat ». « Il faut partir des réalités du terrain et ensuite adapter le budget en fonction des besoins », précise celle qui doit défendre l’amendement lundi. Ces 30 millions d’euros supplémentaires pourront permettre de créer 4 000 emplois, selon Luc de Gardelle. « Notre développement est lancé, il ne faut pas le freiner maintenant, d’autant que l’insertion par l’activité économique, ça fonctionne », assure-t-il.

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Dans les Hauts-de-France, une usine itinérante pour faire découvrir l’industrie

Au lieu d’attendre que des jeunes franchissent le seuil d’une industrie en manque de main-d’œuvre, aller à leur rencontre grâce à une mini-usine montée sur roues : c’est l’idée, un peu folle, lancée dans les Hauts-de-France afin de faire découvrir au grand public les métiers méconnus de ce secteur. Depuis le printemps dernier, une semi-remorque aménagée en atelier de fabrication sillonne les routes de la région pour aller à la rencontre des jeunes et des demandeurs d’emploi.

Le camion la Fabrique 4.O

A l’occasion des Trophées de l’industrie, le camion aménagé était stationné devant le centre des congrès de Marcq-en-Baroeul (Nord), le 24 novembre. Avec ses couleurs flashy, difficile de le rater. « Tout est fait pour susciter un effet “waouh ”, insiste Benoît Bartoux, le chef de projet de la « Fabrique 4.0 », du nom de cette initiative. Il y a des personnes qui ont une image assez négative de l’industrie, qui pensent que c’est un environnement de travail sale et difficile. L’idée, c’est de leur faire prendre conscience que le secteur englobe plus de 150 métiers différents. »

Concentré de technologies

A l’intérieur de cette usine mobile, le visiteur découvre un concentré de technologies : bras robotisé, palette qui se déplace sur un champ magnétique, imprimante 3D, casques de réalité virtuelle… Les élèves ont la possibilité de repartir avec un support de téléphone personnalisé : sous leurs yeux, la ligne de production assemble les différentes pièces de la couleur de leur choix. Une manière de leur faire littéralement toucher du doigt la conception d’un objet du quotidien.

Lire l’entretien : Article réservé à nos abonnés Enseignement professionnel : « Il nous faut réfléchir aux verrous budgétaires, réglementaires et d’orientation qui nous empêchent d’avancer »

« On voulait que ce soit visuel, montrer les dernières technologies, explique Olivier Hutin, président de l’union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) des Hauts-de-France. Aujourd’hui il n’y a pas une usine qui tourne sans numérique. » La fédération patronale s’est associée avec les institutions et les collectivités de la région pour faire naître ce projet. Sur le territoire, l’industrie représente plus de 250 000 salariés et 10 000 entreprises, de la conception à la commercialisation, en passant par la production et la logistique. Et comme ailleurs, le manque de main-d’œuvre se fait ressentir. « Beaucoup de métiers ont du mal à embaucher car on ne les connaît pas », souligne Olivier Hutin.

Susciter des vocations

Au dire de Benoît Bartoux, cette usine sur roues est déjà parvenue à susciter des vocations : « J’ai eu un jeune qui avait arrêté ses études et qui avait entendu parler de la présence de la fabrique à Hénin-Beaumont [Pas-de-Calais]. Il est venu nous voir, on a discuté et il s’est finalement tourné vers les métiers de la maintenance. »

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Amazon : appel à la grève dans plusieurs pays pour le Black Friday

Des salariés en grève manifestent devant le centre logistique d’Amazon à Brétigny-sur-Orge, dans l’Essonne, le 25 novembre 2022.

Les salariés d’Amazon sont appelés à la grève, ce vendredi 25 novembre, dans une trentaine de pays, dont les Etats-Unis, l’Allemagne et la France, à l’occasion du « Black Friday », qui constitue l’un des pics d’activité du géant du commerce en ligne.

Le collectif Make Amazon Pay, à l’origine de cet appel, réclame notamment que le groupe américain rémunère équitablement ses salariés et renonce à l’optimisation fiscale. « C’est la première fois qu’Amazon est confronté à un appel à la grève à l’international », a souligné Monika Di Silvestre, représentante du syndicat Verdi chez Amazon. « C’est très important, parce qu’on ne peut pas s’opposer à une grande multinationale comme Amazon seulement à l’échelle locale, régionale ou nationale », a-t-elle ajouté.

Verdi a fait savoir que des arrêts de travail étaient prévus dans dix centres logistiques du groupe en Allemagne, afin de réclamer l’application des conventions collectives de la distribution et de la vente par correspondance ainsi que la conclusion d’accords supplémentaires pour améliorer les conditions de travail.

Le groupe a annoncé vendredi que la grande majorité de ses salariés en Allemagne travaillaient normalement, seuls neuf de ses vingt centres logistiques dans le pays étant concernés par le mouvement. « En tant qu’employeur Amazon propose d’excellents salaires, des avantages et des perspectives de développement, le tout dans un environnement de travail attractif et sécurisé », a assuré un porte-parole de l’entreprise en Allemagne. En France, aucune perturbation de l’activité n’a été constatée à ce stade dans les huit centres de distribution d’Amazon du pays, selon un représentant local du groupe.

Le Monde avec Reuters

Une nouvelle impulsion coopérative pour tenter de sauver Scopelec

Un bâtiment de Scopelec à Saint-Orens-de-Gameville (Haute-Garonne), le 19 septembre 2022.

Qui pour sauver Scopelec ? Placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Lyon, le 26 septembre, le plus grand groupe coopératif de France jouera son avenir le 5 décembre. Cette société coopérative et participative (SCOP), spécialisée dans la fibre optique, comptait encore 3 600 salariés en 2021 et réalisait un chiffre d’affaires de 475 millions d’euros.

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Cependant, après la perte de marchés historiques avec l’opérateur Orange, soit près de 40 % de son activité, la société implantée dans le Tarn doit tenter de sauver les 2 250 emplois encore en jeu, après des licenciements, des départs volontaires et un plan social interne. Des acteurs du secteur (Alsatis, Circet, Kyntus, Solutions 30 et Foliateam) ont d’ores et déjà présenté leurs offres de reprise en plan de cession pour Scopelec SA et sa filiale indirecte Setelen.

La nouvelle direction de Scopelec, nommée à la hâte durant l’été, sera également sur les rangs. Avec un projet qui veut « mobiliser le monde coopératif, sauver 82 % des emplois soit 1 750 salariés, développer un nouveau projet moins dépendant d’Orange, plus diversifié », selon le nouveau président du directoire, Carlos Verkaeren.

Cet industriel d’origine belge de 58 ans n’est pas un inconnu dans le monde de l’entreprise. En 2001, il a repris la biscuiterie Poult, dans le Tarn-et-Garonne et, avec des méthodes de management et de « participation » innovantes, a fait de cette maison fondée en 1883 un modèle – autant qu’un succès – de l’entreprise dite « libérée ». « Je préfère agile et innovante, plutôt que libérée », nuance-t-il. Contacté dès 2021 par l’union régionale des SCOP d’Occitanie, M. Verkaeren va devoir faire preuve de beaucoup d’imagination, et d’agilité.

Mobiliser les collectivités

« Il a des valeurs. Il sait redresser une boîte. On a tout de suite pensé à lui pour gommer les erreurs et les postures de l’ancienne direction », précise Rémi Roux, président de l’Union régionale des SCOP d’Occitanie, également à la tête d’Ethiquable, une autre SCOP, établie dans le Gers. Le projet, soumis à la consultation des salariés et sociétaires (détenteurs de parts sociales) de l’entreprise, proposera la création d’une nouvelle société coopérative.

« On repart de zéro, sans dette et sans passif, mais il faut trouver des fonds », avance Carlos Verkaeren, qui sera « le premier à investir dans la nouvelle SCOP ». Les salariés sont invités à prendre des parts sociales pour un montant allant de 1 000 à 6 000 euros. Le conseil régional d’Occitanie serait prêt à accorder des prêts d’honneur à taux zéro aux salariés vivant dans la région, et des discussions sont en cours avec d’autres collectivités locales pour qu’elles achètent des titres participatifs.

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De petits boulots en désillusions, la vie d’après des licenciés de la SAM, en Aveyron

Le 30 novembre 2021 , les portraits des salariés « sacrifiés » de la SAM étaient affichés à l’entrée du site.

« A 59 ans, et en étant une femme, on n’a pas grand choix », déplore Mauricette Carles, qui a effectué, en tant qu’agente de production, trente-quatre années de travail à la Société aveyronnaise de métallurgie (SAM), une fonderie automobile implantée au cœur de l’ancienne vallée sidérurgique de Decazeville (Aveyron). « Je me suis dirigée vers l’aide à la personne, dit-elle. Je n’avais pas besoin de formation puisque le ménage, je savais le faire chez moi. »

Lire aussi En Aveyron, Renault lâche la fonderie automobile SAM

Depuis le 8 août, Mimi, c’est son surnom, commence ses journées à 7 h 45, avale les kilomètres pour se rendre au domicile des personnes âgées dépendantes, et, à 19 heures, est enfin de retour chez elle, éreintée. « Je donne à manger à mes poules et à mes chiens, et je vais au lit, car je suis ratatinée, soupire-t-elle. Moralement, c’est difficile. Je pleurniche, et il y a des nuits où je ne dors pas bien. Je n’ai plus 20 ans, et la vieillesse me touche. Elle me fait peur. »

Le 26 novembre 2021, après moult rebondissements, le tribunal de commerce de Toulouse scellait définitivement le sort de cette entreprise fondée en 1973, en décidant l’arrêt immédiat de son activité. Comme les quelque 330 autres salariés, Mimi a été remerciée. Dans le cadre du fonds spécial pour la reconversion des salariés de l’automobile, décidé en 2021, elle aurait pu bénéficier du rachat des trimestres pour partir en retraite anticipée. Or, ce n’est pas le cas.

« Deux licenciements en un an »

« Même si je dispose de tous mes trimestres, il me manque 5 000 euros de cotisation, explique-t-elle. Je n’ai pas validé ma carrière longue. J’ai donc pris le taureau par les cornes en signant un contrat pour six mois. » Pour se donner du courage, elle relativise : « Je ne suis pas la plus à plaindre. J’ai un travail, je suis payée et je n’en ai pas pour longtemps. » Parmi les anciens salariés, ils sont 205 à avoir retrouvé le chemin de l’emploi ou de la formation. Mais seuls 57 d’entre eux ont signé un CDI.

« C’est insuffisant », regrette Ghislaine Gistau, ex-responsable de la qualité, et représentante de la CGT, entrée à la SAM il y a vingt-sept ans. « Pourtant, on nous avait dit et redit que ça n’allait pas être compliqué de retrouver un CDI », peste celle qui a déjà entamé sa phase d’après la SAM : depuis le 1er septembre, elle est employée dans une administration, pour une durée de trois ans.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Pour certains salariés, c’est un second licenciement » : l’unique projet de reprise de la Société aveyronnaise de métallurgie enterré

Le lien entre les anciens salariés de la fonderie n’est pas rompu. L’Amicale des fondeurs de la SAM, que Mme Gistau préside depuis sa création, en janvier, permet le maintien d’un contact fraternel. Samedi 12 novembre, l’association organisait un apéro-concert dans la salle des fêtes de Boisse-Penchot, un village de 500 habitants à huit minutes en voiture de Decazeville. « Mon Dieu, que ça fait du bien, se rappelle Mimi, qui retrouve le sourire. On s’est sauté dans les bras. On a rigolé. J’en ai bien profité. Ça fait un bien terrible, car mes collègues, je les aime. »

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