Archive dans 2021

« La polarisation sur le temps court alimente les radicalités et favorise parfois le populisme »

Tribune. La rapidité de l’information permet une plus grande transparence de la vie politique et une plus grande réactivité. En même temps, elle bouscule la démocratie, qui a besoin de temps long. Cette confrontation entre ces deux temps est vitale pour irriguer la démocratie. Le temps long est celui de la prospective, du débat sur les projets ; le temps court, celui de la vie quotidienne des gens, qui ne se programme pas et nécessite des réponses précises et souvent immédiates. Appréhender la complexité de la réalité est encore plus difficile dans une période où le temps court a tendance à ostraciser le temps long.

Le temps court, celui de l’émotion, paraît plus empathique alors que le temps long, plus prospectif, apparaît souvent comme froid et distant. Le temps court permet de se focaliser sur un événement, un sujet d’actualité, d’en décrire la substance, et de créer des dynamiques collectives plus ou moins radicales sur des sujets spécifiques.

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Le temps long permet d’identifier les contradictions entre les différents sujets qui ont un impact sur la vie en société, et de les appréhender dans toute leur complexité. Les conclusions qui en sont tirées peuvent sembler éloignées des préoccupations immédiates. Elles sont très souvent moins radicales et peuvent sembler un peu molles.

Une polarisation sur le temps court génère une concurrence des causes, alimente des radicalités, et favorise parfois le populisme. A l’inverse, une polarisation sur le temps long peut aussi éloigner du réel et favoriser une autre radicalité, celle d’un monde meilleur fantasmé, dans lequel les contradictions auraient disparu derrière la pureté de l’analyse et un projet bien construit. Toutes les questions qui se posent à nos sociétés – sécurité, santé, retraite, emploi, transition écologique… – sont percutées par ce conflit entre temps court et temps long.

Jusqu’à la caricature

Les politiques dans leur ensemble, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, n’accordent que très peu d’intérêt aux travaux que peuvent réaliser des institutions sur un certain nombre de ces questions, et notamment celles qui réunissent en leur sein la société civile organisée : le Conseil économique, social et environnemental (CESE), le Haut Conseil pour le financement de la protection sociale, ou le Conseil d’orientation des retraites.

A la différence de certains rapports émanant de spécialistes, les travaux de ces institutions sont des constructions collectives. Malgré leurs défauts, ils permettent d’appréhender et de penser l’articulation entre temps court et temps long. Ils peuvent être des supports pour associer une plus grande partie de la société aux transformations nécessaires. Pourtant, le réflexe des responsables politiques au pouvoir n’est pas de s’appuyer sur ces travaux et encore moins sur les acteurs qui y ont contribué. Le dossier retraites en a été un bon exemple, jusqu’à la caricature.

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Voyage en utopies économiques

Le livre« C’est lorsque la mer se retire qu’on découvre ceux qui se baignent nus », selon la célèbre formule attribuée à Warren Buffet. Le Covid-19 a enclenché une des pires crises de l’histoire moderne, désarçonnant les grands avocats d’une mondialisation économique permettant une croissance sans fin.

Ce virus n’est « finalement pas grand-chose à côté d’autres virus qui expliquent l’ampleur de la contagion et surtout ses conséquences terribles », estime Jean-Joseph Boillot, qualifiant de virus la mondialisation outrancière dans son modèle de production et de consommation ainsi que le prélèvement excessif sur les ressources de la planète.

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Alors que la civilisation industrielle est en crise et que la mondialisation est devenue chaotique, quels modèles économiques peuvent nous aider à penser et pratiquer une nouvelle sagesse pour le XXIe siècle ? s’interroge l’économiste dans Utopies made in monde.

L’ouvrage explore des pistes de renouvellement de la discipline économique « dont il faut dire qu’elle a autant de mal à s’ouvrir à l’hétérodoxie qu’à reconnaître la diversité des trajectoires de développement suivies par chaque pays. » Le livre retient une dizaine d’économistes, « peut-être pas assez connus ou pas assez au centre des débats économiques », ayant proposé un cadre théorique, des concepts, des modèles, qui peuvent fonder une sagesse économique pour l’avenir. « Tous ont en commun de l’avoir expérimentée, d’avoir mouillé leurs chemises, critère ultime de la sagesse pratique. »

La force de l’utopie

Malgré le « caractère parfois un peu ardu des raisonnements », il peut être utile de mieux connaître leurs solutions et leurs modèles pour bâtir une économie de la sagesse. On redécouvre alors Keynes à travers Perspectives économiques pour nos petits-enfants. Dans cet ouvrage, l’économiste expose sa vision d’une économie prospère où les humains, débarrassés des soucis économiques du quotidien, pourraient enfin envisager un art de vivre dans une société de loisirs et d’abondance relative.

L’ouvrage pointe les paradoxes de la globalisation libérale avec l’universitaire turc Dani Rodrik ; on suit le parcours du mathématicien d’origine roumaine Nicholas Georgescu-Roegen, fondateur de la bioéconomie ; et on s’intéresse à l’indice de développement humain imaginé par le philosophe indien Amartya Sen.

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De l’agroécologie indienne à l’esprit coopératif africain en passant par les montagnes sacrées chinoises jusqu’à son petit village normand, Jean-Joseph Boillot nous entraîne dans sa traversée intellectuelle et géographique. A l’échelle mondiale, l’alternative n’est ni le capitalisme ni le socialisme, mais la réduction ou non des inégalités de développement. « Et cela nécessite clairement de diviser par quatre l’empreinte écologique des pays riches pour permettre un rattrapage des pays pauvres pendant leur transition vers une prospérité neutre au sens bio économique du terme. »

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L’éolien en mer commence à créer de nombreux emplois

Fécamp (Seine-Maritime), Le Havre, Cherbourg (Manche), Saint-Brieuc, Saint-Nazaire (Loire-Atlantique)… Les énergies marines renouvelables (éolien, hydrolien…) ont généré 4 859 emplois en France en 2020 et devraient poursuivre sur cette lancée, indique l’Observatoire des énergies de la mer dans son cinquième rapport, mis en ligne mardi 22 juin.

« En 2020, le démarrage des travaux pour la construction des parcs de Saint-Brieuc et de Fécamp s’est additionné à ceux entamés en 2019 pour le parc de Saint-Nazaire, explique l’Observatoire. (…) L’amplification des opérations en mer ainsi que le début des travaux pour le parc de Courseulles-sur-Mer (Calvados) confirmeront cette dynamique en 2021 », année durant laquelle 1 500 emplois devraient être créés.

La plupart de ces postes ont été ouverts chez les industriels fabriquant les équipements, notamment dans les Pays de la Loire, en Normandie et en Ile-de-France. La courbe des investissements est elle aussi ascendante : 1,5 milliard d’euros ont été investis (contre environ 500 millions en 2019) dans une filière qui assure avoir très peu souffert de la crise sanitaire.

« Changement d’échelle » en 2020

« La majorité de la valeur et des emplois issus des projets français sont bien ancrés dans notre pays », se félicite Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président du Cluster maritime français, à l’origine de la création de l’Observatoire, en 2016, avec le soutien de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Et 29 % de l’activité a été tournée vers l’exportation. Des responsables du secteur redoutaient, en effet, que l’industrie ne suive pas, et que le développement de l’éolien au large des côtes françaises ne profite d’abord à des entreprises produisant hors de l’Hexagone.

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L’année 2020 marque, selon M. Moncany de Saint-Aignan, « un changement d’échelle ». Cela demande à la filière, dit-il, de « recourir plus encore aux services maritimes et, au-delà, à l’ensemble des entreprises françaises ayant des compétences à proposer ». Aux grands électriciens (EDF, Engie, Iberdrola…) s’ajoutent de puissants industriels (General Electric, Siemens Gamesa…) et des géants des travaux publics, comme Bouygues, ou du naval (Chantiers de l’Atlantique). Mais aussi tout un tissu de PME.

Le secteur mise aussi sur le développement, à partir de 2023, des éoliennes flottantes, notamment en Méditerranée. L’horizon est pourtant loin d’être dégagé. L’éolien terrestre et maritime ne recueille pas l’unanimité, le Rassemblement national ayant même fait du combat contre cette source d’énergie un thème de sa campagne aux dernières régionales. Les responsables de la filière s’en sont inquiétés, mardi, lors des 7es Assises nationales des énergies marines renouvelables.

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Assurance-chômage : le Conseil d’Etat suspend la réforme du gouvernement

La réforme de l’assurance-chômage tourne au chemin de croix pour le gouvernement et Emmanuel Macron. Mardi 22 juin, le Conseil d’Etat a suspendu les modalités de calcul de l’allocation qui devaient entrer en vigueur le 1er juillet. L’ordonnance rendue par la plus haute juridiction administrative est consécutive à un recours en référé de sept syndicats – dont la CFDT, la CFE-CGC, la CGT et FO – et de plusieurs organisations de guides-conférenciers, qui contestaient un décret du 30 mars relatif à l’indemnisation des demandeurs d’emploi.

Cette décision ne semble toutefois pas ébranler les ardeurs transformatrices du pouvoir en place. Mardi soir, le ministère du travail a fait savoir, par le biais d’un communiqué, que des « réponses » seront apportées pour parvenir à « une mise en œuvre rapide » des mesures incriminées, sans préciser comment ni dans quel délai.

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La juge des référés, Anne Egerszegi, a invoqué une seule raison pour motiver la suspension des dispositions attaquées : les incertitudes qui prévalent en matière d’emploi. En l’état actuel, il n’y a pas « d’éléments suffisants permettant de considérer que les conditions du marché du travail sont (…) réunies pour atteindre l’objectif d’intérêt général poursuivi », écrit-elle dans son ordonnance. Une allusion aux principes fondamentaux de la réforme, tels qu’ils sont énoncés depuis la mi-2019.

Le gouvernement dit vouloir combattre la précarité en jouant sur deux registres. Le premier consiste à modifier le calcul du salaire journalier de référence (SJR), qui sert à déterminer le montant de l’allocation, car le mécanisme jusqu’alors utilisé favoriserait les salariés alternant contrats courts et périodes d’inactivité et contribuerait ainsi à les enfermer dans cette situation dite de « permittence ». Second levier actionné par l’exécutif : l’instauration d’un bonus-malus qui allège les cotisations des entreprises dont la main-d’œuvre est stable et majore celles des employeurs qui se séparent fréquemment de leurs collaborateurs. Un tel système entend inciter les patrons à proposer des postes de longue durée à leurs personnels.

« Erreur d’appréciation »

Pour la juge des référés, le dispositif se heurte à une difficulté majeure : rien ne garantit que notre économie sera en capacité d’offrir, dès cet été, des emplois durables, notamment dans les secteurs de l’hôtellerie-restauration ou du commerce, frappés de plein fouet par la crise et où le recours aux contrats courts est très largement répandu. En outre, les travailleurs sont susceptibles d’être touchés par les nouvelles règles bien avant les entreprises puisque les cotisations ne seront modulées, en vertu du bonus-malus, qu’à partir de septembre 2022.

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Le secteur bancaire a perdu plus de 6 000 emplois en 2020

Devant une agence Société générale, à Ouistreham Calvados), en octobre 2019.

Année après année, depuis 2011, les effectifs des banques implantées en France ne cessent de reculer, et cette tendance s’est encore accentuée en 2020. Selon les chiffres publiés, mardi 22 juin, par la Fédération bancaire française (FBF), 354 000 salariés travaillaient dans le secteur bancaire fin 2020, contre 360 000 personnes en 2019, soit une baisse de 1,7 %. A titre de comparaison, les effectifs avaient diminué de 0,3 % en 2016.

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Les banques restent toutefois l’un des gros employeurs du pays, pesant 1,8 % de l’emploi salarié privé en France. L’an dernier, le secteur n’a toutefois recruté que 35 300 personnes (en CDI ou en CDD), contre 44 400 en 2019. Une baisse qui s’explique par « le ralentissement des mobilités et les trois ou quatre mois correspondant au confinement où l’activité ressources humaines a été fortement ralentie », explique Maya Atig, directrice générale de l’Association française des banques (AFB). Si les embauches ont été moindres par rapport aux années précédentes, « sept sur dix se font en CDI, contre 17 % pour l’ensemble du secteur privé », se félicite-t-elle.

En quête de rentabilité

Autre enseignement, alors que les démissions étaient, ces dernières années, en progression constante dans les réseaux bancaires, leur nombre a chuté en 2020, en raison de la pandémie de Covid-19 et de l’incertitude sur le marché de l’emploi. Elles restent toutefois la première cause de départ, loin devant la retraite. Depuis la crise financière de 2008, les banques françaises, en quête de rentabilité, ont enchaîné les plans de réduction de coûts, en fermant des agences, en ne remplaçant plus tous les départs et, pour certaines, en proposant des plans de départs. En novembre 2020, la Société générale a annoncé la suppression nette d’environ 640 postes dans l’Hexagone et HSBC France, dans la foulée, un projet de rupture conventionnelle collective pour supprimer plus de 550 postes.

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Ce mouvement devrait se poursuivre, dans un contexte de taux d’intérêt bas, de chute de la fréquentation des agences et d’automatisation des métiers. L’établissement néerlandais ING, pionnier de la banque en ligne en France, a fait savoir, le 17 juin, qu’il préparait sa sortie, en lançant « une revue stratégique de ses activités de banque de détail en France ».

Les entreprises américaines confrontées à la difficulté de retrouver le collectif en présentiel

« Un an après, les employés sont encore traumatisés, ils ne se sentent pas bien à côté des autres », assure David Rock, le dirigeant du NeuroLeadership Institute, aux Etats-Unis. « Il y a beaucoup d’inquiétude, renchérit Helio Fred Garcia, professeur de leadership et d’éthique à l’université Columbia. Vous ne savez pas qui est vacciné. Le port du masque est un sujet politique. Certains pourraient être agressifs, insulter leurs collègues, voire devenir violents. »

Isabel, New-Yorkaise de 70 ans, appartient au service comptable d’une entreprise de distribution de petits articles ménagers. Toute sa vie, elle s’est rendue au bureau de 9 heures à 17 heures. Et puis le Covid-19 est arrivé et elle s’est réfugiée chez elle. Un changement subi qu’elle apprécie énormément. « Je suis beaucoup plus productive, dit-elle. Personne ne m’interrompt. Je ne suis plus sous pression, je n’ai plus cette obligation de tout arrêter à 17 heures. En fait, je finis quand je finis et je dîne plus tard. »

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Comment gère-t-elle les relations avec les autres employés ? « J’ai un accord avec mes subordonnés. Quand je les appelle, ils doivent me rappeler dans l’heure. Fini la vieille routine, ajoute-t-elle. Je ne pense plus aux apparences. » Isabel ne sait pas encore ce que va décider la direction de son entreprise de 1 400 employés en septembre. Elle espère une solution hybride, trois jours chez elle, le reste au bureau.

« Un changement de culture »

Bruce Ennis, responsable des ressources humaines de la société d’investissements privés Heartwood Partners, préfère quant à lui la « camaraderie du bureau ». Chez lui, explique-t-il, « il y a des distractions ». Il a deux enfants et trop souvent l’envie de regarder le sport à la télé. Il n’empêche, M. Ennis prône lui aussi la solution hybride. Car les nouvelles recrues le demandent et les personnels en place pourraient quitter le navire si l’on ne leur offrait pas une certaine flexibilité. « Il n’y a pas de nouvelle normalité après-Covid, lâche-t-il. On apprend en le faisant. »

Le retour progressif dans l’entreprise n’est pas aisé. Un sondage réalisé par la Harvard Business School auprès des travailleurs à distance montre ainsi que 81 % d’entre eux préfèrent un emploi du temps hybride. Et 61 % sont en faveur de deux à trois jours par semaine au bureau. Quand les directions pensent à l’après-épidémie, elles savent qu’elles ne reprendront pas simplement comme avant.

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Des recruteurs tentés par le « renseignement offensif »

Carnet de bureau. Après avoir dirigé un cabinet de recrutement pendant quinze ans (1990-2005), puis un bureau de détective privé spécialisé dans la recherche de personnes disparues jusqu’en 2010, Philippe Dylewski est arrivé aujourd’hui sur la table de chevet de recruteurs sous forme de manuel sur les outils et techniques du renseignement, intitulé Le Renseignement offensif (Agakure Editions). « Ça fait deux mois qu’il est numéro un des ventes dans son secteur sur Amazon. Et je ne sais toujours pas pourquoi. La majorité des acheteurs sont des dirigeants ou des manageurs », confie l’auteur.

Avec une moyenne de 225 ventes par mois depuis mars, Le Renseignement offensif, commercialisé uniquement sur Internet, reçoit un bon accueil du public. A titre de comparaison, « sur les livres d’entreprises, 1 000 exemplaires, c’est en moyenne ce qu’on espère vendre dans l’année », explique un responsable d’Eyrolles, spécialiste de ce segment de l’édition.

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Le Renseignement offensif n’est pas le best-seller de l’année, ni un ouvrage grand public, mais un manuel qui s’adresse aux professionnels de l’investigation : les responsables de veille stratégique, les journalistes, les dirigeants de PME, les responsables de marketing. « Organiser planques et filatures », « Détecter les micros dans mon bureau », « Outils de cryptographie » sont des têtes de chapitres somme toute éloignés du cœur d’activité des responsables des ressources humaines.

« Les candidats idéaux »

En revanche, « Traduire vos documents parfaitement grâce à l’intelligence artificielle » ou « Débusquer les mensonges d’un CV » rejoint leurs préoccupations quotidiennes. De même que le parti pris de l’auteur qui est de donner aux professionnels « des armes pour attaquer ».

L’heure pourrait être à l’offensive dans le recrutement. « Le marché subit un effet de ciseau, avec plus d’annonces d’emploi, en hausse de 20 % sur un an, et, dans le même temps, des candidats attentistes. La bataille pour les talents est vive », explique Matthieu Eloy, le directeur général France d’Indeed, un site d’emploi qui représente 19 % du marché du recrutement en France.

Malgré les branches sinistrées par le Covid, comme l’aéronautique, qui maintiennent leurs plans de départ (8 800 salariés de moins dans le grand Sud-Ouest en 2020), tous secteurs confondus, les entreprises envisagent 30 000 recrutements de plus qu’en 2019 et s’attendent à des difficultés. L’Unédic, convaincu du rebond économique, anticipe même 126 000 créations d’emplois en 2021 et plus de 360 000 sur trois ans. L’hôtellerie-restauration est déjà à la peine. Dans les services à la personne, O2 recherche 3 000 candidats pour signer des CDI, dernier exemple pour le tourisme, Center Parcs recrute 250 saisonniers.

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Dans le Jura, la fonderie MBF Aluminium placée en liquidation judiciaire

Des salariées de la fonderie MBF Aluminium, en grève de la faim devant le ministère de l’économie, le 21 mai.

De rage et de désespoir, ils ont retourné et incendié devant la cité judiciaire une voiture au logo de leur usine « MBF Aluminium ». Sur la carrosserie, tagué en rouge : « Renault assassin », « Etat assassin ». Les 270 salariés de la fonderie de Saint-Claude (Jura) venaient d’apprendre la décision du tribunal de commerce de Dijon, mardi 22 juin, de mettre leur entreprise, sous-traitant principalement de Renault, en liquidation.

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Douloureuse conclusion de mois de combats, depuis le placement en redressement judiciaire le 4 novembre 2020. Tout aurait pu s’arrêter dès janvier, mais le tribunal a accordé, à deux reprises, des délais supplémentaires pour trouver un repreneur. Entre-temps, les salariés se sont mis en grève, le 31 mars. Mi-mai, à la veille d’une audience devant le tribunal de commerce, la tension était montée d’un cran quand quatre d’entre eux avaient entamé une grève de la faim à Paris devant le ministère de l’économie et des finances, alors que leurs collègues menaçaient de faire sauter l’usine si l’unique offre de reprise n’était pas acceptée. La sentence avait été repoussée. Jusqu’à ce 22 juin.

« Le dossier, il avait juste besoin d’un coup de pouce de l’Etat. Mais c’est un Etat corbillard ! Le gouvernement a fait le choix de liquider les fonderies » , Nail Yalcin, délégué CGT

« Ça fait 83 jours qu’on est en grève, qu’on se bat… réagit Nail Yalcin, délégué CGT, sous le choc. Le dossier, il avait juste besoin d’un coup de pouce de l’Etat. Mais c’est un Etat corbillard ! Le gouvernement a fait le choix de liquider les fonderies : FVM, fonderie du Poitou Fonte, maintenant MBF, à qui le tour ? » s’emporte-t-il, en allusion à deux autres fonderies en liquidation, l’une en Meurthe-et-Moselle, l’autre dans la Vienne.

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La filière est confrontée à une crise de ces débouchés à moyen terme alors que la France a voté l’interdiction des moteurs diesel et thermiques pour 2040. Une étude commandée par le gouvernement et la plateforme de l’automobile au cabinet Roland Berger et remise en mai 2020 suggérait de reconsolider toute la filière fonderie en trois ans, avec l’aide de l’Etat, autour de « deux champions » nationaux. Mais non sans casse sociale : il faut « accepter qu’on ne pourra pas sauver tout le monde », disait le rapport sans détour en annonçant que « 40 % des emplois de la fonderie automobile devraient disparaître d’ici à dix ans », soit plus de 5 000 emplois.

« Saint-Claude est en deuil ! »

Fin avril, le gouvernement et les constructeurs se sont accordés sur un plan de 50 millions d’euros pour aider à la reconversion des salariés. Mais ces derniers espéraient des investissements pour maintenir l’outil industriel. Ils désignent en outre un autre mal : la délocalisation, par Renault et Stellantis, leurs principaux clients, de volumes de production de plus en plus importants vers d’autres sites en Europe.

A Saint-Claude, la seule offre de reprise avait été formulée par un entrepreneur français Mickael Azoulay. Il aurait notamment manqué de financements. La présidente socialiste de la région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay, en lisse pour sa réélection, avait évoqué dernièrement un projet d’entrée de la région au capital, dans le cadre d’un consortium public-privé. Mais le calendrier électoral a placé la décision du tribunal entre les deux tours des élections régionales.

Sur France Bleu Besançon mardi soir, elle a dénoncé « une catastrophe sociale sans précédent ». « Saint-Claude est en deuil ! », a réagi le maire divers droite de Saint-Claude Jean-Louis Millet dans Le Progrès. Depuis des mois, les salariés n’ont eu de cesse de rappeler le poids de cette fermeture pour la ville qui a déjà perdu plus de 2 000 habitants en dix ans.

Les salariés de BFM-TV et RMC appelés à débrayer pour des revalorisations salariales

Une journaliste de la chaîne d’information française BFM-TV porte un micro dans sa poche, à Paris, France, le 27 juillet 2015.

Les salariés de NextRadioTV, maison mère de BFM-TV et RMC, sont appelés à débrayer jusqu’à mercredi 23 juin, dans la soirée, pour réclamer des revalorisations salariales, ont annoncé mardi des sources syndicales à l’Agence France-Presse (AFP). Une annonce qui intervient un an après une grève inédite de plusieurs jours contre des suppressions de postes.

L’appel à débrayage, lancé par une intersyndicale (CGT-CFDT-SNJ-UNSA-CFTC-FO), a été voté par quelque 150 salariés en assemblée générale, deux ayant voté contre, trois s’étant abstenus, a précisé Paulina Benavente, déléguée syndicale SNJ. Il a démarré mardi à 14 heures et doit se terminer mercredi à 23 h 59, les syndicats invitant les salariés à « cesser le travail pendant une heure ou deux » en se coordonnant « pour impacter les antennes », a-t-elle ajouté.

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A l’origine du mouvement, l’échec des négociations obligatoires annuelles (NAO), lors desquelles les syndicats ont réclamé une augmentation collective de 2 % pour les salariés de la filiale de médias du groupe Altice (BFM-TV, RMC, RMC Sport, BFM Business, RMC Découverte, RMC Story…).

« Avoir les moyens d’exercer nos métiers »

La direction, elle, propose notamment une augmentation collective de 1 % concernant 197 salariés (dont le salaire annuel fixe de base brut est inférieur à 35 000 euros), sur un total de 1 500 environ (dont 1 100 CDI), déplore la syndicaliste. Alors que la branche médias du groupe a engrangé « 37,1 millions d’euros de bénéfice net en 2020 », selon elle.

Les salariés s’inquiètent en outre « des conséquences du plan de départs volontaires » lancé l’année dernière pour supprimer notamment 245 postes en CDI, a insisté Paulina Benavente, pointant un défaut d’organisation. « On n’a pas d’assistance technique le week-end, des salariés se voient refuser leurs congés… », a-t-elle énuméré. « On veut avoir les moyens d’exercer nos métiers » après « une année un peu compliquée », a résumé Thomas Léonetti (CGT). Sollicitée par l’AFP, la direction n’a pas souhaité commenter.

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Dans un courrier envoyé aux salariés, consulté par l’AFP, le directeur général d’Altice Média, Arthur Dreyfuss, a souligné que la filiale était, à sa « connaissance », le « seul groupe média majeur à appliquer cette année une augmentation collective », parmi diverses mesures, tout en rappelant la prime de 1 000 euros versée à l’ensemble des salariés fin 2020.

En 2020, une grève de plusieurs jours contre le plan de départs volontaires avait entraîné l’annulation de la soirée électorale du second tour des municipales.

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Le Monde avec AFP

Le Conseil d’Etat suspend les nouvelles règles de calcul de l’assurance-chômage qui devaient entrer en vigueur le 1er juillet

La juge des référés du Conseil d’État a suspendu les règles de calcul du montant de l’allocation chômage qui devaient entrer en vigueur le 1er juillet dans le cadre de la réforme controversée de l’assurance chômage, selon une ordonnance rendue publique mardi 22 juin.

« De nombreuses incertitudes subsistent quant à l’évolution de la crise sanitaire et ses conséquences économiques sur la situation de celles des entreprises qui recourent largement aux contrats courts pour répondre à des besoins temporaires » précise un communiqué du Conseil d’Etat. « Or ces nouvelles règles de calcul des allocations chômage pénaliseront de manière significative les salariés de ces secteurs, qui subissent plus qu’ils ne choisissent l’alternance entre périodes de travail et périodes d’inactivité » ajoute-t-il.

« En revanche, la juge ne remet pas en cause le principe de la réforme elle-même », précise le communiqué.

Le Monde

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