Archive dans août 2021

Le passe sanitaire devient obligatoire pour les personnels des musées

Des visiteurs munis de passes sanitaires devant l’entrée du Musée du Louvre à Paris, le 21 juillet 2021.

Après les visiteurs, les employés. Alors que l’entrée au musée se fait uniquement sur présentation d’un passe sanitaire valide depuis le 21 juillet, c’est désormais au tour des personnels de devoir montrer patte blanche. Depuis le 30 août, les salariés, prestataires et concessionnaires des établissements accueillant du public sont également tenus de justifier de leur statut vaccinal ou virologique. La mesure concerne 1,8 million de personnes, tous secteurs confondus. A l’instar des cafés et restaurants, les lieux de culture, notamment les musées, doivent ainsi s’assurer que leurs employés en contact avec le public disposent d’un passe sanitaire valide. Comme pour les visiteurs, trois types de preuve sont admis : un certificat de vaccination, un test négatif ou un test positif d’au moins onze jours et de moins de six mois, servant de preuve de rétablissement.

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Au MuCEM, à Marseille, on récolte les fruits de l’anticipation. Selon Vanessa Hen, responsable du département des bâtiments et de l’exploitation, la configuration des lieux et la perméabilité entre les espaces ouverts au public et l’administration rendent « difficile voire impossible » la distinction entre les employés. Entre les salariés, les prestataires et les concessionnaires, 300 à 350 personnes se retrouvent ainsi concernées par la mesure. Cet été, la direction du musée a donc installé dans ses locaux un centre de vaccination éphémère pour son personnel. « On sent une bonne volonté de la part des employés, commente Vanessa Hen. Les rares personnes qui s’opposent à la vaccination jouent le jeu et acceptent de se faire tester régulièrement pour pouvoir accéder au site. »

« Une mesure de santé publique »

Pour faire respecter ce nouveau protocole, un référent doit être désigné dans chaque musée. En principe, si un salarié ne dispose pas de passe sanitaire à compter de ce lundi 30 août, un entretien devra être organisé entre celui-ci et son employeur pour trouver une solution. Il pourra notamment poser des jours de congés le temps d’obtenir le précieux sésame, voire se mettre en télétravail si son activité le permet ou être temporairement affecté à un poste ne nécessitant pas la présentation d’un passe, c’est-à-dire sans contact avec le public. Si aucun accord n’est trouvé et que le salarié refuse de s’y soumettre, il encourt la suspension immédiate de son contrat de travail et de sa rémunération.

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Du côté du gouvernement, on annonce néanmoins « une semaine de souplesse et de pédagogie avant les sanctions ». « C’est une mesure de santé publique, pas de gestion des ressources humaines, a justifié lundi 30 août Roselyne Bachelot sur Franceinfo. Elle est proportionnée, exceptionnelle et temporaire [et vise à] protéger les salariés et ceux qui fréquentent ces lieux. » Par ailleurs, s’il est désormais facultatif dans les lieux où le passe sanitaire est obligatoire, la ministre « conseille » toujours le port du masque.

Les bénéfices attendus du toilettage de la loi Pacte

« Il serait heureux que le toilettage de la loi Pacte qui s’annonce permette de redéfinir la place du comité de mission. Plutôt qu’une instance supplémentaire, il s’agirait d’en faire un comité du CA, au même titre que les comités d’audit ou de nomination. »

Gouvernance. La loi Pacte (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) de 2019 a institué un comité indépendant chargé d’évaluer les engagements pris par l’entreprise qui choisit le statut de société à mission. Le pouvoir de ce comité reste néanmoins flou, chaque entreprise pouvant le composer à sa guise en respectant la seule obligation d’intégrer au moins un membre de son personnel. Cette ambiguïté est assez typique de la manière dont les réformes de fond sont conçues en France en matière de gouvernance d’entreprise.

Il existe en effet deux voies pour faire évoluer celle-ci.

La première consiste à renforcer la responsabilité des structures existantes, et en premier lieu celle du conseil d’administration (CA).

La seconde conduit à multiplier les instances de gouvernance pour confier à chacune d’elles une partie des responsabilités de l’entreprise à l’égard de son écosystème.

La première voie a été utilisée par les lois successives sur la parité hommes-femmes qui ont défini un quota minimal de 40 % de membres de l’un ou de l’autre sexe dans les CA des entreprises de plus de 250 salariés.

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La seconde voie a été privilégiée par la loi Pacte, qui a donc créé un comité distinct du CA et consacré exclusivement au suivi de la mission de l’entreprise.

Cette manière de procéder par empilement de lieux de pouvoir avait déjà été adoptée par les lois Auroux de 1983. Celles-ci avaient cherché à réévaluer le pouvoir du comité d’entreprise pour en faire un lieu de décision attentif au travail, contrebalançant le CA supposé orienter les stratégies au nom des intérêts du capital. Sur la même question, les Allemands ont choisi, eux, la première voie en instaurant, depuis 1976, la parité entre les travailleurs et les actionnaires au cœur de leurs conseils.

Petite modification, grande portée

Or le doublement des instances n’a jamais vraiment fonctionné pour deux raisons : d’une part, le CA reste ultimement responsable des choix stratégiques de l’entreprise, ce qui réduit le poids des instances alternatives ; d’autre part, tout étant lié, le CA se doit d’intégrer l’ensemble des contraintes et des responsabilités de l’entreprise s’il prétend assumer sérieusement sa stratégie. La multiplication des instances complexifie donc la gouvernance des entreprises sans remettre en cause le pouvoir prépondérant du CA.

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La même logique risque de jouer avec le « comité de mission ». Comment distinguer son apport propre de celui du CA dont le rôle est aussi d’intégrer la mission de l’entreprise dans sa stratégie et, mieux encore, d’en faire un facteur de différenciation concurrentielle ? Le dédoublement des instances peut laisser entendre qu’il existe deux rôles, encourager la mission d’une part, conduire la stratégie d’autre part, alors que cela ne constitue qu’une seule réalité.

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Laurent Berger : « Les salariés n’ont pas à payer ce qui vient de se passer »

Laurent Berger au siège de la CFDT, à Paris, le 31 août 2020.

Les partenaires sociaux doivent être reçus à Matignon par le premier ministre, Jean Castex, du mercredi 1er au vendredi 3 septembre, pour discuter de la réforme des retraites, au point mort, et de celle de l’assurance-chômage.

Pour le secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Laurent Berger, la priorité du gouvernement doit être d’apporter des réponses aux préoccupations concrètes des salariés, notamment en matière de télétravail, de formation et d’accompagnement des chômeurs de longue durée.

Depuis ce lundi, des centaines de milliers de salariés sont tenus d’avoir un passe sanitaire pour pouvoir exercer leur activité. Craignez-vous des tensions entre des travailleurs qui ne respectent pas cette obligation et leurs patrons ?

Il faut que ce dispositif soit instauré en bonne intelligence avec les salariés concernés, par le dialogue et avec une procédure qui garantisse de ne pas conserver de données personnelles sur leur état de santé. Si des employeurs commettent des abus, ils devront être sanctionnés. Nous serons vigilants.

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Quel regard portez-vous sur le mouvement anti-passe sanitaire, qui a suscité, en plein été, une mobilisation significative ?

La CFDT ne va pas faire d’agitprop sur ce sujet. Nous sommes pour la vaccination, car c’est le seul moyen de sortir de cette pandémie.

Une partie des manifestants anti-passe sanitaire se recrute dans les rangs de l’extrême droite la plus nauséabonde, associée à quelques réseaux sectaires et à des « gilets jaunes » radicalisés. Pour nous, il est hors de question de marcher aux côtés de ces gens-là.

Mais d’autres ont défilé car ils sont las, fatigués de voir que leur vie est régie par le virus et par des mesures dictées de façon verticale, ce qui montre qu’un fossé démocratique s’est creusé. Il faut le prendre en compte : la manière dont les citoyens sont associés aux prises de décisions et à leur application est fondamentale.

Va-t-on assister à un « déconfinement des colères » ?

La fatigue démocratique dont je parle s’ancre dans l’inquiétude et l’incertitude. Certes, la reprise économique est là, mais le nombre de demandeurs d’emploi demeure supérieur à celui qui prévalait avant 2020.

De plus, la question du réchauffement climatique s’est encore posée avec acuité au cours des derniers mois, et l’actualité internationale nourrit l’anxiété.

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Dès lors, une des façons de lutter contre cette fatigue démocratique, c’est d’apporter des réponses aux préoccupations concrètes des citoyens : le retour sur le lieu de travail après de longues périodes d’activité à distance, la mise en place de lieux d’expression des salariés, l’avenir des jeunes, etc. La rentrée sociale doit se dérouler autour de ces thèmes, avec des mesures à hauteur de femmes et d’hommes, qui soient négociées et partagées. Si le gouvernement et les employeurs procèdent seuls, le débat va rester à l’état de brouhaha, en n’effleurant que l’écume des choses. Et la conflictualité va repartir, dans les entreprises comme au sein de la société.

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Plusieurs syndicats appellent à une journée de mobilisation le 5 octobre

La rentrée sociale aura lieu le 5 octobre. Une intersyndicale réunissant la Confédération générale du travail (CGT), FO (Force ouvrière), la FSU (Fédération syndicale unitaire), l’union syndicale Solidaires et les organisations de jeunesse telles que la FIDL (Fédération indépendante et démocratique lycéenne), l’UNEF (Union nationale des étudiants de France) et L’UNL (Union nationale lycéenne) a appelé, lundi 30 août, à une journée de mobilisation le mardi 5 octobre, pour la défense des salaires, des emplois, des conditions de travail et d’études.

Ces organisations « s’opposent à ce que la situation sanitaire soit utilisée par le gouvernement et le patronat pour accélérer la remise en cause des droits et des acquis des salariés et des jeunes », écrivent-elles dans un communiqué lu au cours d’un point presse au siège de la CGT à Montreuil, lundi soir. « L’élargissement et l’accélération indispensable de la vaccination demandent de renforcer l’accès à la santé, les moyens de l’hôpital public et de la médecine du travail. Cela nécessite de convaincre et de rassurer, et non de sanctionner les salariés », poursuivent-elles.

La CFE-CGC (Confédération française de l’encadrement-Confédération générale des cadres), qui a participé à la réunion organisée lundi à l’invitation de la CGT, n’a pas souhaité s’associer à cette journée de grève et de manifestations. La CFDT (Confédération française démocratique du travail), avait pour sa part décliné l’invitation de la centrale de Montreuil.

Réforme de l’assurance-chômage

Un sommet social est prévu pour le 2 septembre à Matignon, où Jean Castex recevra à tour de rôle les dirigeants des syndicats et du patronat. Au menu, la réforme des retraites, pour l’instant au point mort, et la réforme de l’assurance-chômage, qu’Emmanuel Macron veut faire appliquer dès le 1er octobre, les signaux étant, selon lui, au vert pour l’emploi.

Dans son communiqué, l’intersyndicale met en garde contre le « retour de la réforme des retraites » et contre « la réforme de l’assurance-chômage ».

De son côté, la ministre du travail, Elisabeth Borne, a promis la semaine dernière sur la chaîne BFM Business de revenir prochainement « vers le Conseil d’Etat avec un nouveau décret », de manière à « avoir un texte opérationnel au 1er octobre ». La plus haute juridiction administrative avait suspendu, le 22 juin, une partie de la réforme en raison des « incertitudes sur la situation économique ».

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Le Monde avec AFP

Covid-19 : le fonds de solidarité pour les entreprises va être supprimé le 30 septembre, annonce Bruno Le Maire

Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, lors d’une conférence de presse le 30 août 2021.

Le fonds de solidarité mis en place par le gouvernement français en mars 2020 pour soutenir les entreprises pénalisées par la crise sanitaire sera supprimé le 30 septembre, a annoncé, lundi 30 août, le ministre de l’économie Bruno Le Maire.

Il sera en revanche maintenu, avec les autres dispositifs de soutien, pour les départements et territoires d’outre-mer, où la situation sanitaire impose encore des restrictions très strictes, a précisé le ministre lors d’un point de presse à l’issue d’un rendez-vous de plusieurs membres du gouvernement avec les représentants des secteurs encore pénalisés par la crise.

Devant la bonne forme de l’économie française, le ministre avait déjà sifflé la fin du « quoi qu’il en coûte » la semaine dernière, tout en promettant de continuer « à soutenir ceux qui en ont besoin ». Objectif : « Passer d’un dispositif général et forfaitaire, le fonds de solidarité, à un dispositif sur mesure (…) pour aider réellement chaque entreprise en difficulté », avait ainsi assuré M. Le Maire lundi matin sur France Inter, peu avant cette réunion à Bercy.

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Le fonds de solidarité sera remplacé à partir du 1er octobre par un dispositif permettant l’indemnisation de 70 à 90 % des coûts fixes non couverts par les recettes, dans les secteurs dont l’activité reste pénalisée par les restrictions sanitaires. Il a ajouté que le dispositif sera étendu à toutes les entreprises, alors qu’il était limité à celles réalisant plus d’un million d’euros de chiffre d’affaires.

Plusieurs réunions prévues

Une première réunion avec notamment les représentants du commerce, du tourisme et de l’événementiel s’est tenu à 9 h 30, tandis que le ministre avait promis aux entrepreneurs une clause de revoyure à la fin d’août. M. Le Maire était accompagné par ses homologues du travail, Elisabeth Borne, des PME, Alain Griset, et du tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne.

A 14 h 30, le monde de la culture, dont des représentants du cinéma et du spectacle vivant, seront ensuite reçus séparément par les ministres Le Maire et Griset et leur collègue de la culture, Roselyne Bachelot. Cette dernière a annoncé lundi sur Franceinfo une aide « sur mesure » au secteur, mentionnant, sans précision, le maintien de « certaines mesures transversales » d’aide aux entreprises, tout en notant que le secteur de la culture est dans une « période de reprise ».

A la question de savoir si l’aide serait attribuée selon la situation de chaque théâtre ou cinéma, la ministre a répondu : « Exactement. » Et pour cela les services de l’Etat vont « regarder le chiffre d’affaires et la fréquentation » des entreprises concernées, en utilisant comme périodes de référence « ce qui s’est passé avant l’instauration du passe sanitaire, et par rapport aux années sans crise sanitaire ».

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Evoquant le secteur de la presse, qui a « rencontré de grandes difficultés », elle a annoncé un effort « pour un certain nombre d’acteurs et en particulier pour les photojournalistes et photodocumentaristes ». Un programme de commande publique, doté de 5 millions d’euros et piloté par la Bibliothèque nationale de France (BnF), va en sélectionner 100 en novembre et 100 en mars 2022. Ils recevront une bourse de 22 000 euros pour réaliser une « radioscopie de la France de la crise sanitaire et après ». Leurs travaux seront exposés ensuite « à la BnF et dans toute la France ».

240 milliards d’euros depuis mars 2020

Les mesures de soutien pour aider les entreprises à surmonter la crise se sont élevées à 240 milliards d’euros depuis mars 2020, dont un tiers de subventions et deux tiers de prêts, a également précisé le ministre de l’économie. L’argent donné « aux entreprises ou aux salariés pour protéger le pouvoir d’achat, c’est 80 milliards d’euros », a-t-il détaillé. « A cela s’ajoutent des prêts, mais c’est des prêts, ça n’a rien à voir, économiquement, avec des subventions, de l’ordre de 160 milliards d’euros, les prêts garantis par l’Etat, plus d’autres formes de prêt », a ajouté Bruno Le Maire.

Il a rappelé que le Fonds de solidarité avait coûté environ 35 milliards d’euros, tout comme la prise en charge par l’Etat de l’activité partielle, tandis que les exonérations de charges se sont élevées à dix milliards d’euros.

Depuis le début de la crise sanitaire, plus de 685 000 de prêts garantis par l’Etat (PGE) ont été accordés pour un montant de 139,3 milliards d’euros, selon le ministère de l’économie. D’autres prêts, notamment participatifs, ont également été accordés par l’Etat, expliquant le chiffre de 160 milliards rapporté par Bruno Le Maire.

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Le ministre a mis en avant la bonne santé de l’économie française, qui « tourne à 99 % de ses capacités » et la reprise de la consommation pour justifier la fin des aides massives aux entreprises. Il a fait savoir que les demandes de PGE sont tombées de 500 000 au mois de mai, alors que toutes les entreprises y étaient encore éligibles, à 50 000 en juillet.

Le ministre a dit croire que l’embellie économique « va continuer », car « la consommation est bien orientée ». Le ministre a reconnu que le passe a eu un « effet temporaire » notamment sur les cinémas, sur les parcs à thèmes et les zoos… « et puis ça s’est rétabli plus ou moins rapidement selon les secteurs », d’après lui.

Le Monde avec AFP

Passe sanitaire : quels risques pour les salariés qui le refusent ?

Alors que près de 160 000 personnes ont défilé samedi pour le septième week-end de manifestations d’affilée, le passe sanitaire entre, lundi 30 août, dans une nouvelle étape de son déploiement. Les personnes travaillant en contact avec le public dans les bars, restaurants, cinémas, théâtres, musées ou encore dans les trains grandes lignes, doivent désormais aussi en disposer. Il n’était jusque-là obligatoire que pour les clients.

La loi relative à la gestion de la crise sanitaire, adoptée le 25 juillet, prévoit que les 1,8 million de salariés concernés doivent dès à présent, et jusqu’au 15 novembre, fournir une preuve de leur vaccination contre le Covid-19, un test de dépistage négatif – à renouveler tous les trois jours – ou un certificat de rétablissement de moins de six mois.

Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a promis, dimanche, « une semaine de souplesse, de pédagogie, de rodage, de tolérance », mais il a également prévenu qu’il y aurait « évidemment des sanctions ensuite ».

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  • Risques pour l’employeur refusant de contrôler

Ces sanctions s’appliqueront à l’employeur d’abord, s’il refuse de contrôler les passes sanitaires. « Si vous êtes le responsable d’un établissement et que manifestement vous ne voulez pas contrôler le passe sanitaire et l’appliquer, vous vous exposez d’abord à un avertissement, une mise en demeure, et potentiellement une fermeture administrative », a expliqué M. Attal.

  • Suspension du contrat de travail pour les salariés

Quant aux salariés qui ne seraient pas vaccinés ou refuseraient de réaliser des tests de dépistage réguliers, ils ne pourront « plus exercer [leur] activité », prévient le site du ministère du travail, de l’emploi et de l’insertion. La loi prévoit qu’à l’issue du troisième jour de la suspension du contrat, un entretien soit organisé avec le salarié pour examiner les moyens de régulariser la situation.

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  • Congés, télétravail ou réaffectation

La personne concernée pourrait alors, en accord avec son employeur et dans la mesure du possible, prendre des jours de congés payés, télétravailler ou encore être affecte à un poste ne nécessitant pas de passe sanitaire.

  • Jusqu’à deux mois de suspension, pas de licenciement possible

Si le blocage persiste, le contrat peut être suspendu jusqu’à deux mois – le passe sanitaire est censé s’appliquer au moins jusqu’au 15 novembre. Dans sa décision du 5 août, le Conseil constitutionnel a exclu la possibilité de licencier un salarié pour absence de passe sanitaire.

Le Monde avec AFP

Télétravail : le « nombre de jours minimal » obligatoire prendra fin mardi soir, annonce Elisabeth Borne

Alors que sonne l’heure de la rentrée et du retour en entreprise, c’est aussi de la fin du « nombre de jours minimal » de télétravail fixé par l’Etat dans les entreprises : elle sera effective à partir de mardi 31 août au soir, a affirmé lundi la ministre du travail Elisabeth Borne sur BFM-TV.

Les organisations syndicales et patronales souhaitent « toutes qu’on redonne la main aux entreprises pour fixer les règles en matière de télétravail, qu’on n’ait plus un nombre de jours minimal, c’est ce qu’on va faire », a-t-elle expliqué. Un nouveau protocole sera publié « demain soir », mardi, qui permettra « à la direction de l’entreprise, en discussion avec les représentants des salariés, de définir les règles en matière de télétravail ».

Le 9 juin, les règles entourant le télétravail avaient été assouplies, un nouveau protocole permettant aux entreprises de faire revenir plusieurs jours par semaine leurs salariés au bureau, tout en préconisant qu’un « nombre minimal de jours » soit fixé « dans le dialogue social ».

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Le gouvernement avait sondé la semaine dernière les organisations patronales et syndicales. La CGT avait dit son souhait que le télétravail « rentre dans un cadre régulier, qu’il fasse l’objet d’accords ». « Il ne peut pas être géré par l’Etat au moyen du protocole sanitaire. Il faut qu’on passe d’une mesure de gestion de la pandémie à une mesure d’organisation du travail, par des accords négociés dans les branches et les entreprises », avait déclaré Fabrice Angei, membre du bureau confédéral de la CGT.

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Aides : du « quoi qu’il en coûte » au « cas par cas »

De son côté, le ministre de l’économie Bruno Le Maire, invité du grand entretien de France Inter lundi matin, a rappelé que le « quoi qu’il en coûte » – à savoir le soutien de l’ensemble des secteurs économiques par l’Etat –, mot d’ordre du gouvernement depuis le début de la crise, est désormais bel et bien « fini », face à la reprise de l’économie française et les perspectives de croissance à 6 %.

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« Nous garderons des dispositifs de soutien au cas par cas », a-t-il néanmoins rappelé, ainsi qu’il l’avait dit la semaine dernière à l’occasion de la Rencontre des entrepreneurs de France organisée par le Medef. « Nous sommes passés au sur-mesure, nous continuerons à soutenir ceux qui en ont besoin », avait-il alors annoncé.

Une réunion doit se tenir à Bercy ce lundi pour décider du maintien au-delà du 31 août de certaines aides à des secteurs spécifiques, notamment ceux touchés par la mise en place du passe sanitaire.

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Le Monde

Dans l’intérim, les incertitudes planent sur le passe sanitaire

« Comment garantir à l’entreprise utilisatrice que l’intérimaire aura bien un passe valide ? Qui devra prendre en charge l’éventuel reclassement du salarié ? Que se passera-t-il quand les tests deviendront payants ? Dans les agences d’intérim, ces questions taraudent l’esprit des recruteurs. »

« On peut demander aux candidats s’ils ont leur passe sanitaire, mais on n’a pas le droit de leur demander de nous le montrer, car il y aurait discrimination à l’embauche ! », se désole Gilles Cavallari, le président du réseau d’agences d’intérim Samsic Emploi. Dans les entreprises de travail temporaire (ETT), les esprits s’échauffent en voyant arriver l’échéance du 30 août. Sur les 2,7 millions d’intérimaires recensés annuellement par l’Observatoire de l’intérim et du recrutement, ce sont, à la louche, quelque 40 000 travailleurs dans l’hôtellerie, la restauration, la santé… qui doivent désormais être en possession d’un passe sanitaire pour exercer dans la plupart des établissements recevant du public.

Comment garantir à l’entreprise utilisatrice que l’intérimaire aura bien un passe valide ? Qui devra prendre en charge l’éventuel reclassement du salarié ? Que se passera-t-il quand les tests deviendront payants ? Dans les agences d’intérim, ces questions taraudent l’esprit des recruteurs. Si l’intérimaire n’est pas en mesure de présenter un passe valide au cours de sa mission, l’ETT risque de se retrouver en porte-à-faux face à l’entreprise utilisatrice.

Le cadre juridique incertain qui entoure la situation des intérimaires concernés par cette obligation est une « source possible de contentieux, confirme Sahra Cheriti, avocate spécialisée en droit social, associée au sein du cabinet Aguera Avocats. L’entreprise de travail temporaire a le devoir d’informer l’intérimaire de cette obligation, mais ne peut demander au candidat de montrer son passe sanitaire lors du recrutement. C’est seulement au cours de sa mission que l’entreprise utilisatrice peut et doit s’assurer que l’intérimaire a bien son passe ».

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« Pour le moment, nous n’avons pas de difficultés particulières, d’arrêts de collaborateurs ou quoi que ce soit », tempère Roland Gomez, le directeur général de la société d’intérim Proman. Du côté des intérimaires, la nécessité d’avoir un passe sanitaire pour travailler dans des établissements recevant du public semble bien assimilée. « Dans la grande majorité, les gens ont conscience de cette nouvelle obligation, même si on a quelques réfractaires », confirme Alexandre Pham, cofondateur de la société d’intérim Mistertemp’group.

« Partie émergée de l’iceberg »

Ses équipes ont dû gérer quelques cas d’intérimaires « antivax », œuvrant dans le secteur du paramédical. Mais le caractère temporaire des contrats d’intérim a fait que cette situation s’est résolue d’elle-même. « Les contrats dans ce secteur se faisant généralement à la journée, ces intérimaires ont choisi de ne pas le renouveler », indique Alexandre Pham.

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L’argot de bureau : les « serious games », de Montaigne à Clark Abt

« Il s’agit de jeux sérieux pour former les salariés en les stimulant intelligemment. »

Pernille vient d’échouer sur une île déserte avec ses amis, après un accident d’avion. Pour survivre, elle doit motiver et gérer ses camarades, évaluer les performances, sans oublier de renforcer sa communication.

Ce scénario, digne d’une superproduction américaine, a été créé pour les futurs manageurs comme Pernille : c’est celui du « serious game » Pacific. De l’autre côté de l’écran de la joueuse, dans l’open space, Kévin entonne La Marseillaise : il vient de remporter la médaille d’or dans l’épreuve chronométrée de gestion de portefeuille clients. Ce sont les « manajeux » olympiques, encadrés par un « manajoueur », conscient de ce qu’il fait. Ces deux situations relèvent d’un concept singulier : les « serious games ».

Attention, ce ne sont pas des substituts à la table de ping-pong ou au billard ! Il s’agit de « jeux sérieux » pour former les salariés en les stimulant intelligemment. Le Centre de ressources et d’informations sur les multimédias pour l’enseignement supérieur (Cerimes) définit le serious game comme un « véritable outil de formation, communication, simulation, en quelque sorte une déclinaison utile du jeu vidéo au service des professionnels ».

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Cet oxymore serait né au XVe siècle, lorsque les humanistes cherchaient à désigner la manière ludique de traiter les sujets sérieux, serio ludere. Au XIXsiècle, les armées prussienne et britannique ont ainsi lancé des jeux de guerre enfantins pour former leurs officiers. Peut-être avaient-ils lu les Essais, de Montaigne : « Les jeux des enfants ne sont pas des jeux, mais leurs plus sérieuses actions. »

« Gamification » du travail

Le chercheur américain Clark Abt a conceptualisé la notion de serious games dans les années 1970, en considérant les jeux de société comme outil d’apprentissage à l’usage d’employés. Un jeu vidéo de l’armée américaine marque un tournant en 2002 : America’s Army est conçu pour donner envie aux jeunes de s’engager. Son succès est énorme, des entreprises sautent sur l’occasion et commencent à travailler avec de véritables studios de production.

En entreprise, le but est de s’entraîner sans risque avec des cas pratiques, un peu comme un simulateur de conduite dans une auto-école. S’il existe pour les joueurs de jeu vidéo des simulateurs où l’on incarne une chèvre ou une tranche de pain volante, il est possible dans le monde des serious games de se voir remettre les clés d’une concession automobile – dans Renault : Ultimate Sales Managers (2011), l’apprenant doit aussi bien laver les voitures que les vendre et gérer ses équipes ; le salarié peut aussi apprendre à gérer un collaborateur difficile ou simuler un entretien annuel face à un patron pingre.

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« On crée des lieux de vie et de travail » : l’essor du « coliving », nouvel espace de cohabitation

A mi-chemin entre coworking et colocation, le concept de « coliving », arrivé en France il y a quelques années, propose à des particuliers de vivre dans un grand logement qui propose de nombreuses parties communes et activités (salle de sport, espace de coworking, restaurant…). Un opérateur extérieur gère et anime l’espace, les services se rapprochent de prestations hôtelières, et toutes les charges sont comprises dans le prix mensuel.

Les formes de coliving varient, de la petite maison accueillant des résidents triés sur le volet à de grandes résidences comptant des centaines de chambres. Selon une étude publiée fin 2019 par la filiale immobilière de la banque BNP Paribas, le marché ne proposerait que 5 000 places pour le moment, mais ce nombre augmente de manière exponentielle.

Cette nouvelle pratique se tourne d’abord vers les jeunes actifs, qui cherchent à éviter des loyers difficilement supportables en début de carrière et souhaitent rencontrer de nouvelles personnes. « Le coliving touche des urbains, jeunes, célibataires qui vivent entre eux et ont du mal à quitter l’atmosphère de leurs études », fait remarquer Monique Eleb, sociologue spécialiste de l’habitat.

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Proposé directement par une entreprise lorsqu’elle recrute un salarié ou l’envoie en mission, le coliving peut être un argument pour attirer ces jeunes exigeants, note Claire Flurin, cofondatrice et administratrice de l’association internationale Co-Liv. « Avant la crise due au Covid, on avait déjà des signaux forts notamment dans le secteur de la tech, avec des demandes soit pour des chambres dans des sites de coliving, soit des résidences de coliving entières dédiées à l’entreprise, à la manière du campus Google. »

Bureaux collectifs

Le concept facilite l’activité professionnelle à distance, dans le prolongement du coworking. Par exemple, des bureaux collectifs avec Wi-Fi et imprimantes peuvent faire partie des équipements. « Dans nos résidences, un grand espace de travail est inclus dans les espaces communs », décrit Maxime Armand, cofondateur d’Urban Campus. « Le concept, c’est à la fois du logement et des espaces de coworking, au rez-de-chaussée ou premier étage, avec des sièges confortables, un double écran… On veut créer des lieux de vie et de travail », explique, de son côté, Géraud Le Merrer, directeur digital et marketing de Sharies.

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Alors que le bureau connaît une profonde remise en question, le coliving souhaite offrir aux entreprises une flexibilité dans l’organisation du travail, avec un service à la carte pour chaque salarié. « Le bureau de demain devient un réseau de bureaux, observe Claire Flurin. Le travailleur a pris conscience qu’il pouvait travailler de n’importe où, et cette nouvelle donne amène à penser à un bureau qui aurait une capacité d’hébergement. » Lorsque la résidence se trouve non loin des bureaux de l’entreprise, un mode de travail hybride peut être privilégié.

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