Archive dans décembre 2019

A Fessenheim, quelques reconversions et beaucoup de craintes pour l’avenir

Manifestation contre la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, en janvier 2018.
Manifestation contre la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, en janvier 2018. FREDERICK FLORIN/AFP

A bord de sa camionnette grise où les clés à molette côtoient les jouets de ses enfants, Clément Satori sillonne l’Alsace tous les jours pour offrir ses services de frigoriste. Les appels s’enchaînent sur son téléphone fixé au tableau de bord. Aussitôt un chantier terminé à Colmar, il reprend la route pour Strasbourg, où un climatiseur en panne l’attend. « C’est moins routinier qu’à Fessenheim, même si j’aimais ça », confie-t-il, toujours un sourire aux lèvres.

Il y a trois ans, cet électricien de formation a troqué son uniforme d’agent EDF à la centrale nucléaire de Fessenheim pour se mettre à son compte. « Je suis content de m’être épargné les angoisses autour de la fermeture », raconte-t-il. Laisser partir ce bon élément n’a pas été simple pour ses responsables, tant la perte de compétences est criante dans le secteur. Aujourd’hui, il met à contribution l’expérience acquise en centrale pour réparer et poser des systèmes de climatisation. Grandes surfaces, petites et grosses entreprises de la région, la liste de ses clients n’a cessé de s’allonger : « On peut dire que j’ai réussi ma reconversion. »

Rien ne laissait présager qu’il changerait de voie. Un poste à la centrale de Fessenheim était une aubaine pour rejoindre sa famille, déjà installée en Alsace. Les dix ans passés à écumer la France pour son premier employeur, RTE ( Réseau de transport d’électricité), pesaient sur son entourage. « Quand j’ai commencé à Fessenheim, tout le monde savait que la centrale fermerait un jour, mais ça nous paraissait loin et on nourrissait l’espoir de garder nos postes, se souvient-il. Ça nous semblait fou que les politiques décident de fermer une entreprise avec autant d’emplois. Je ne voulais pas y croire. »

« L’avenir est incertain »

La sentence est tombée en septembre 2019. La doyenne des centrales fermera définitivement en 2020. La décision plonge tout un territoire dans l’inquiétude. Nichée à 30 kilomètres de Mulhouse (Haut-Rhin) et de Colmar, la centrale nucléaire de Fessenheim emploie près de 700 salariés EDF, auxquels s’ajoutent 280 salariés d’entreprises prestataires. EDF est l’acteur économique majeur du bassin rhénan. Qu’adviendra-t-il des employés ?

« Je suis parti car, petit à petit, nos conversations entre collègues ne tournaient plus qu’autour de la fermeture »

« Je suis parti car, petit à petit, nos conversations entre collègues ne tournaient plus qu’autour de la fermeture. J’étais rongé par la peur de devoir une fois de plus quitter la région », confie Clément. L’artisan – comme il aime se qualifier – côtoie toujours son ancienne équipe de Fessenheim. « Beaucoup ont peur de partir et de tout reconstruire. Seuls certains songent à quitter le nucléaire pour travailler dans le privé », indique-t-il.

La dernière chance pour la dentelle de Calais

Dans l’atelier du dentellier Codentel, à Calais, le 4 avril 2016.
Dans l’atelier du dentellier Codentel, à Calais, le 4 avril 2016. JEAN-PIERRE BRUNET / PHOTOPQR / VOIX DU NORD / MAXPPP

« Les salariés, les proches, les amis ont la grande douleur de vous faire part du décès des Dentelles Desseilles survenu volontairement à Boulogne-sur-Mer le 23 septembre à l’âge de 72 ans. » C’est à travers ce faire-part de décès que Renato Fragoli, le secrétaire CFTC du comité d’entreprise de Desseilles, a annoncé, amer, la liquidation de l’un des derniers dentelliers de Calais.

Loin des podiums de la haute couture parisienne, le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer a validé il y a deux mois l’unique offre de reprise proposée par le groupe Cochez pour sauver les dentelliers Desseilles, maison fondée en 1947, et Noyon, qui vient de célébrer ses 100 ans. Cinquante-huit des soixante-treize salariés de Desseilles ont été licenciés. Pascal Cochez, un industriel de Valenciennes qui s’est spécialisé dans le sauvetage du patrimoine industriel régional en péril, a regroupé Noyon, Desseilles et Darquer, la plus ancienne marque de dentelle calaisienne, créée en 1840, en une seule entité composée des trois noms pour relancer la filière. « Quand j’ai réuni le personnel, je leur ai dit que l’on était comme une arche de Noé, explique l’entrepreneur de 42 ans. On est les derniers dentelliers de Calais. Je leur ai demandé de l’enthousiasme pour lancer une reconquête commerciale. »

Voilà une dizaine d’années que la filière dentelle, représentée par les villes nordistes de Calais et Caudry, souffre d’une baisse d’activité liée au contexte concurrentiel. La fin des quotas d’importation sur le textile chinois, décidée en 2005, a fait plonger les industriels du secteur. Comment lutter face à des écarts de prix allant de un à sept entre les fabricants français et les concurrents asiatiques ? Surtout, l’évolution des techniques a permis de fabriquer des dentelles à bas coût, de moindre qualité mais utilisée avec abondance dans l’industrie textile.

« Les gens ne savent pas faire la différence entre la dentelle de Calais, un art unique, et ce qui ressemble à de la dentelle », juge la maire de Calais, Natacha Bouchart. Bien loin des 28 000 personnes qui travaillaient chez l’un des 546 fabricants calaisiens vers 1905, l’objectif de la conseillère régionale est aujourd’hui de préserver 150 à 200 emplois dans ce qui constitue selon elle « l’ADN de la ville ».

Un fleuron de Calais

Petites mains au savoir-faire unique – il faut environ huit ans pour former un dentellier –, les salariés repris dans le nouveau groupe de Pascal Cochez ont accepté un défi : reconquérir des parts du marché de la dentelle. Toute l’activité a été regroupée dans les anciens ateliers de Noyon, rue des Salines, à 3 kilomètres de la plage de Calais.

« Le mouvement des “gilets jaunes” apparaît comme l’expression de la classe ouvrière majoritaire dans le monde aujourd’hui »

Tribune. Les « gilets jaunes » ne sont pas un mouvement poujadiste : les artisans et les commerçants qu’avait mobilisés Pierre Poujade en 1956 représentaient 12 % de la population active. Laminés par la grande distribution et la réorganisation du capitalisme, ils ne sont plus que 3,4 % (5,9 % avec les retraités). Sont-ils alors les représentants des classes moyennes malmenées par la mondialisation ?

Rappelons qu’affirmer que la population française est constituée en majorité de classes moyennes, définie comme les déciles de revenu supérieurs à 30 et inférieurs à 80 (Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, Le Monde du 16 mai 2019), revient à dire que le seuil inférieur de cette appartenance est un revenu de 1 265 euros par mois par personne seule, soit 256 euros de moins que le smic… C’est incohérent !

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Les « gilets jaunes » sont en réalité une fraction des classes populaires, ouvriers et employés. Mais ne nous dit-on pas que, dans une société « postindustrielle » comme la nôtre, les ouvriers ont disparu ? Ils ont surtout disparu des statistiques : un chauffeur dans une entreprise, considéré comme ouvrier autrefois, est aujourd’hui compté comme un employé d’une société de services, puisque les transports, comme d’ailleurs la logistique, les communications, le bâtiment etc. sont exclus des statistiques de l’industrie.

L’externalisation de nombreuses fonctions dans les entreprises a gonflé le secteur des services, et partant le nombre d’employés, au détriment de celui des ouvriers. Les ouvriers gagnaient en France en 2018 en moyenne 1 720 euros par mois. C’est 80 euros de plus que les employés. Quatre ouvriers d’industrie sur cinq sont des hommes, quatre employées des services sur cinq sont des femmes : ils vivent en couple, c’est la même classe, la classe ouvrière.

Idées fausses

Des secteurs comme la sidérurgie ou le textile ont bien été laminés, mais on est passé, des années 1950 à aujourd’hui, de 20 millions à 30 millions d’emplois en France (+ 50 %). L’agroalimentaire, le luxe, l’aéronautique, le spatial, la biotechnologie, la robotique, le traitement des déchets etc., ont plus que compensé la destruction des emplois dans d’autres secteurs.

Le solde de création et destruction d’usines en France a été négatif jusqu’en 2016, année où il est redevenu positif. Le solde de création d’emplois officiels dans l’industrie, même avec la définition de l’industrie très restrictive vue plus haut, a été positif lors des trois dernières années. L’industrie de l’armement à elle seule a créé 35 000 emplois nouveaux sur la seule année 2018. La France est le 3e vendeur d’armes au monde, secteur majeur, mais pas unique, de la 5e puissance industrielle mondiale…

De 7 heures à 22 heures, le parcours du combattant pour rejoindre son poste

« Métro, bus, tramway, RER, voiture, moto, vélo, le trajet domicile-travail est devenu un véritable parcours du combattant pour de plus en plus de salariés, qui arrivent à leur poste « agacés », voire « épuisés » avant même d’avoir commencé à travailler »
« Métro, bus, tramway, RER, voiture, moto, vélo, le trajet domicile-travail est devenu un véritable parcours du combattant pour de plus en plus de salariés, qui arrivent à leur poste « agacés », voire « épuisés » avant même d’avoir commencé à travailler » Peter Kyprianou/Ikon Images / Photononstop

« Je prends toujours 10, 15 à 20 minutes d’avance. J’arrive souvent avant tout le monde pour avoir une place assise. Si tout va bien sans difficulté avec les bus et le train, on vit juste les une heure, une heure trente de trajet. Mais c’est pas souvent que ça se passe bien. Comme c’est la galère, on est déjà habitué, on patiente. La seule chose qui me dérange, c’est quand il y a la grève et des trucs comme ça. En fait c’est fatiguant psychologiquement. Quand on rentre, on se fait secouer, coincer. Tout le monde se monte un peu dessus, ça j’aime pas trop », raconte Josy, 51 ans, secrétaire médicale.

Selon une étude de l’APHP, la moitié des personnels soignants, très majoritairement des femmes, habitent à plus de 45 minutes de leur lieu de travail. Métro, bus, tramway, RER, voiture, moto, vélo, le trajet domicile-travail est devenu un véritable parcours du combattant pour de plus en plus de salariés, qui arrivent à leur poste « agacés », voire « épuisés » avant même d’avoir commencé à travailler. C’est le sujet du quatrième épisode d’« Au Turbin ! », diffusé jeudi 5 décembre. Le podcast de la réalisatrice et d’abord sociologue Amandine Mathivet donne la parole aux salariés.

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Leurs témoignages mis en perspective par la chercheuse et spécialiste de la mobilité Hélène Nessi, mesurent le poids que représente aujourd’hui le trajet domicile-travail au quotidien pour les salariés : fatigue, stress, problèmes d’organisation avec les collègues, suspicion des manageurs, équilibre de vie familiale. Lors des interviews, certains salariés s’effondrent en prenant conscience du temps perdu, confie Hélène Nessi. « C’est le 1er investissement pour toute personne qui se rend chez son employeur », affirme la sociologue Amandine Mathivet.

Les distances parcourues pour se rendre au travail s’allongent

« L’amélioration des infrastructures de transports n’a pas provoqué de diminution de la durée des trajets », rappelait un récent rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) signé Michèle Chay et Laurent Clévenot. Les distances parcourues pour se rendre au travail s’allongent. Le CESE confirmait les chiffres cités dans les témoignages d’« Au Turbin ! » : « les trajets quotidiens d’une durée supérieure à 1 heure 30 ne sont pas rares en Ile-de-France ».

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L’activité en continu et les horaires décalés courants dans les professions de santé, l’hôtellerie-restauration ou le bâtiment, par exemple, compliquent le recours aux transports en communs, et imposent souvent l’usage d’un véhicule personnel. C’est le cas de Gilles, 41 ans, chef de chantier. Il combine voiture, moto et RER. « Le stress du transport est toujours présent », dit-il. Avec sa nouvelle compagne, Gilles habite désormais à 55 kilomètres de son travail. Il met 1 heure à 1 h 15 en moto ou 1 h 45 en transport en commun. « En prenant mes précautions, j’arrive souvent beaucoup trop tôt, s’il n’y a pas d’imprévu sur le trajet. Ce temps qui n’est pas réellement alloué au travail est perdu, c’est cruel. J’arrive à être frais en arrivant sur mon lieu de travail, mais à la longue, avec 3 heures minimum par jour c’est complexe de concilier vie de famille et emploi ».

Un fonctionnaire qui fait grève le vendredi et le lundi peut-il perdre quatre jours de salaire ?

De nombreux fonctionnaires sont mobilisés, jeudi 5 décembre, contre la réforme des retraites. Or, les agents publics sont soumis à des règles spécifiques concernant les jours de grève, et une inquiétude est apparue sur les réseaux sociaux concernant les retenues sur salaire liées à l’application d’un arrêt datant de 1978.

Ce qu’on peut lire

Selon ces messages, si un fonctionnaire fait grève le vendredi et le lundi, il se fait prélever quatre jours de paie, en incluant donc le samedi et le dimanche.

C’EST PLUS COMPLIQUÉ

En principe, dans la fonction publique d’Etat, à chaque fois qu’un agent se met en grève, un trentième de salaire est déduit sur la fiche de paie, y compris les jours où il n’est pas censé travailler (dimanche, jour férié, temps partiel…). Et ce, en vertu de deux dispositions :

  • la règle du trentième indivisible : une grève d’une heure ou d’une minute « coûte » une journée au fonctionnaire. Un trentième étant égal à une journée, c’est un seuil de retenue sous lequel il est impossible de descendre. La retenue est calculée sur l’ensemble des rémunérations : le traitement de base, mais aussi l’indemnité de résidence et les primes ;
  • l’arrêt du Conseil d’Etat du 7 juillet 1978, dit arrêt Omont :

« En cas d’absence de service fait pendant plusieurs jours consécutifs, le décompte des retenues à opérer sur le traitement mensuel d’un agent public s’élève à autant de trentièmes qu’il y a de journées comprises du premier jour inclus au dernier jour inclus où cette absence de service fait a été constatée, même si, durant certaines de ces journées, cet agent n’avait, pour quelque cause que ce soit, aucun service à accomplir. »

Ainsi, un enseignant qui déciderait de ne faire grève que jeudi 5 décembre et le lundi suivant, car il ne travaille pas le vendredi, pourrait être tout de même considéré comme gréviste de jeudi à lundi, week-end inclus. Soit cinq trentièmes de salaire.

Cet arrêt a été étendu en 2003 à l’ensemble des fonctionnaires par une circulaire qui précise : « Le calcul de la retenue peut donc porter sur des jours au cours desquels l’agent n’était pas soumis à des obligations de service (jours fériés, congés, week-end). Cela s’applique, par exemple, dans le cas d’un week-end, lorsque l’agent a fait grève le vendredi et le lundi, auquel cas la jurisprudence conduit à procéder à la retenue de deux trentièmes à raison du samedi et du dimanche. »

Une règle pas toujours appliquée

Ces dispositions pourraient décourager nombre de grévistes… Sauf que le principe de l’arrêt Omont est rarement appliqué de façon aussi rigide dans la réalité. En 2003, par exemple, lorsque les enseignants s’étaient mobilisés, déjà contre une réforme des retraites, le gouvernement avait affiché sa fermeté sur le non-paiement des jours de grève, avant d’accepter de lâcher du lest, en annonçant qu’il ne comptabiliserait pas les dimanches et les jours fériés dans le décompte des jours de grèves non rémunérés.

A l’époque, à cause de consignes peu claires, les rectorats avaient adopté des politiques différentes, attisant encore davantage la colère des enseignants. Résultat : un cafouillage au niveau national et l’impossibilité de vérifier si toutes les retenues indues avaient bien été corrigées.

Cette même attitude conciliante a été adoptée par le gouvernement lors de la grève des corrections du bac, en juin 2019 : les enseignants qui avaient fait de la rétention de notes, mais avaient finalement rendu les copies, ont eu une retenue sur salaire correspondant seulement au nombre de jours de retard (quatre ou cinq) sans inclure les week-ends, selon Jean-Michel Harvier, responsable juridique au Syndicat national des enseignements de second degré (SNES). Interrogé, le ministère de l’éducation ne nous a pas répondu.

Des stratégies de contournement

Si toutefois le gouvernement décidait de faire appliquer l’arrêt Omont, les syndicats pourraient ruser en posant des préavis de grève de vingt-quatre heures et en les renouvelant si besoin. Ce procédé permet, en effet, de contourner les effets de l’arrêt Omont en « partitionnant » la période de grève, explique Pascal Caillaud, chargé de recherche au CNRS en droit social à l’université de Nantes et membre du collectif d’enseignants-chercheurs en droit Les Surligneurs.

« Pour que la retenue sur traitement de l’agent public cesse, il faut qu’il reprenne son service avant le jour de congé ou le week-end concerné », explique-t-il : passer dans l’établissement et remplir le cahier de textes devant témoins, envoyer un mail professionnel à leur administration, entrer des notes dans les logiciels de l’établissement… Ce procédé est conseillé par certaines organisations syndicales pour le mouvement de décembre mais son efficacité n’est pas garantie, avertit M. Caillaud. En effet, il n’y a pas (encore) de jurisprudence sur ce point. Seule certitude : si un agent a posé des congés au milieu du mouvement de grève et qu’ils ont été validés, ils ne peuvent faire l’objet de retenue.

Cagnottes et caisses de grève

Dans le privé, certains mouvements sociaux se terminent par un accord de fin de conflit qui donne parfois l’occasion de négocier le paiement, l’étalement ou la compensation des jours de grève, par exemple en posant des jours de RTT. Mais ce n’est pas le cas dans le secteur public, où les consignes de non-paiement sont strictes, surtout depuis la loi sur le service garanti de 2007.

Autre subtilité : la règle du « trentième indivisible » ne concerne que les agents de la fonction publique d’Etat. Dans la fonction publique territoriale et hospitalière, les retenues sont proportionnelles à la durée de la grève : la loi de 1982 fixait ces seuils à 1/160e du traitement mensuel pour une grève inférieure à une heure ; 1/50e en cas de grève inférieure à une demi-journée et supérieure à une heure ; 1/30e en cas de grève supérieure à une demi-journée.

Les syndicats peuvent limiter financièrement les pertes de salaire par des caisses de grève, alimentées par les cotisations. Ainsi, lors de la grande grève de la SNCF du printemps 2018, la CFDT a versé à ses adhérents une indemnité de 7 euros de l’heure (soit un peu moins du smic) à partir du deuxième jour de grève. La CGT et SUD-Rail ont lancé des appels aux dons. Cela n’a toutefois pas suffi à compenser le manque à gagner des cheminots grévistes.

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Le dilemme des précaires qui veulent faire grève

Les travailleurs précaires descendront-ils dans la rue le 5 décembre ? La question taraude les organisations syndicales, qui ont appelé l’ensemble des salariés à se mettre en grève ce jeudi pour protester contre la réforme du régime des retraites. Les salariés en contrat court représentent une part de la masse salariale qui n’a cessé de s’étoffer au cours des dernières années. Une base potentielle de sympathisants difficile à mobiliser par les syndicats, encore perçus comme les défenseurs des « privilégiés » du service public et des CDI bien installés. Selon la Dares, seul 1,2 % des intérimaires sont syndiqués, contre 9,9 % des salariés en CDI.

« Ce n’est pas que ces travailleurs ne se sentent pas concernés par nos revendications, mais beaucoup ont peur de perdre leur emploi s’ils participent », avance André Fadda, membre du bureau national de la CGT intérim. Ce syndicaliste regrette le manque d’informations des salariés en contrat court sur leurs droits : « beaucoup nous appellent pour savoir s’ils peuvent faire grève ».

Tentatives de pression

Mais le responsable syndical évoque également des tentatives de pression sur des salariés en contrat temporaire pour les dissuader d’arrêter le travail le 5 décembre. « J’ai eu le cas d’une intérimaire à la SNCF, qui nous a affirmé que son chef avait contesté son droit de faire grève », affirme-t-il. Contacté par Le Monde, le service de presse de la SNCF n’a pas réagi. Selon le syndicaliste, des agences d’intérim exercent aussi des pressions sur leurs salariés pour les dissuader de faire grève.

C’est ce qui est arrivé à Terry (il s’agit d’un pseudonyme, la personne ayant souhaité conserver l’anonymat). Ce préparateur de commande enchaîne les contrats à la semaine en intérim au sein d’une grande entreprise de logistique. « Je suis parti voir mon chef d’équipe pour lui dire que je serai en grève jeudi, raconte-t-il. Celui-ci m’a dit que cela dépendait de ma boîte d’intérim ». Les travailleurs intérimaires sont en effet des employés de la société de travail temporaire. « La boîte d’intérim m’a alors dit qu’elle avait eu des retours de la société de logistique, comme quoi les travailleurs intérimaires qui feront grève ne seront pas repris », déplore Terry.

Stanislas Favre, délégué syndical CGT, affirme également avoir eu vent de pressions exercées sur les salariés, allant jusqu’à des non-renouvellements de contrats : « dans une usine de pièces automobiles de Clermont-Ferrand, des salariés intérimaires avaient prévenu leur chef qu’ils assisteraient à une assemblée générale organisée dans l’optique de la grève : deux jours plus tard, vingt-quatre d’entre eux, en mission à la semaine, ont appris qu’ils ne seraient pas repris », raconte Stanislas Favre. Le délégué syndical contacte alors l’agence d’intérim qui les emploie : « ils m’ont dit texto : “quand on est précaire, il y a des choses qu’on doit accepter et d’autres qu’on ne doit pas accepter”. J’ai émis l’idée de les envoyer devant un tribunal ». Finalement, l’usine a repris une quinzaine de salariés.

Réforme des retraites : la CGT recense 2 000 appels à la grève dans le privé

Une affiche « Tous en grève le 5 décembre » à la Bourse du travail lors des préparatifs de la grève nationale contre les projets de réforme des retraites du gouvernement, à Nice, le 3 décembre.
Une affiche « Tous en grève le 5 décembre » à la Bourse du travail lors des préparatifs de la grève nationale contre les projets de réforme des retraites du gouvernement, à Nice, le 3 décembre. ERIC GAILLARD / REUTERS

Les appels à la grève pour le 5 décembre se sont multipliés, et pas seulement dans le secteur public. Le secteur privé va bouger aussi, et fortement, à en croire David Gistau, secrétaire confédéral CGT. Selon lui, on recense aujourd’hui « « 2 000 appels à la grève ». « Ce qui est nouveau, c’est d’en avoir un nombre aussi important », observe-t-il.

Les appels sont remontés à la confédération par les unions départementales de la CGT, ses fédérations professionnelles (métallurgie, etc.) et prennent différentes formes : grève de quatre heures, d’une journée, illimitée, etc. « Cela montre qu’il existe une effervescence », estime M. Gistau. Egalement secrétaire CGT de l’Aveyron, il observe que dans son département, « quasiment tous les syndicats CGT lancent un appel, les gros comme les petits. Il y a des syndicats de maisons de retraite, de commerces, de blanchisseries… »

« Une réelle inquiétude »

Différents secteurs sont concernés, dit-il, dans l’automobile, par exemple, chez Renault Cléon et Renault Douai, mais aussi dans l’agroalimentaire, comme chez Perrier, Haribo, ou encore dans la pétrochimie. Selon RTL, le 27 novembre, la CGT avait déjà relevé des appels à des arrêts de travail dans plus de 350 entreprises de l’agroalimentaire (Panzani en région parisienne, Bonduelle dans le Rhône, Bigard en Bretagne, Volvic en Auvergne…) et du forestier.

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Autre élément notable, selon M. Gistau : « La CGT reçoit un nombre record d’appels de salariés du privé, employés dans des PME-TPE sans syndicats, qui nous demandent comment faire grève : des personnels de bureaux d’études, des salariés d’artisans peintres, des aides à domicile… En fait, il suffit qu’un appel à la grève soit lancé par sa branche professionnelle pour que le salarié soit couvert légalement. A la CGT, toutes nos branches appellent à la grève. Il y a longtemps que la CGT n’avait pas été aussi impliquée dans un mouvement. »

Pour M. Gistau, c’est la « démonstration que les citoyens ont une réelle inquiétude au regard de la réforme des retraites. Et que vouloir cantonner le 5 décembre aux craintes pour les régimes spéciaux et le secteur public est une erreur. Le projet de réforme est fédérateur… contre lui ».

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L’économie du deux-roues dopée par le mouvement social

Des vélos devant la pyramide du Louvre, à Paris, le 9 juillet 2018.
Des vélos devant la pyramide du Louvre, à Paris, le 9 juillet 2018. FRANCOIS GUILLOT / AFP

« C’est pour les vélos, cette file d’attente ? » Dans le centre de Paris, samedi 30 novembre, au milieu des passants déjà affairés à leurs courses pour les fêtes, un homme affiche une mine dépitée. Des dizaines de personnes patientent, sagement alignées, le long de la halle des Blancs-Manteaux, où se tient une « bourse aux vélos ». Dans cet ancien marché couvert, chacun peut tester et acquérir un vélo d’occasion pour une somme raisonnable, de 50 à 200 euros environ.

L’association Mieux se déplacer à bicyclette (MDB) a organisé cet événement en une quinzaine de jours à peine, dans la perspective de la grève à la RATP et à la SNCF, susceptible de se prolonger au-delà du jeudi 5 décembre. « Nous avons reçu davantage de monde que lors d’autres bourses aux vélos, pourtant organisées plus longtemps à l’avance. Une centaine de bicyclettes ont été vendues, pour un prix moyen de 100 euros », témoigne Alexis Frémeaux, le président de MDB.

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D’autres acheteurs préfèrent le neuf à l’occasion. A la boutique Cyclable du 15arrondissement de Paris, le 27 novembre, quinze clients se sont vu remettre leur bicyclette toute neuve, dont six qui l’ont expressément réservée en prévision des grèves, détaille Baptiste Pic, gérant de l’enseigne. Ce mouvement social va-t-il contribuer à convertir massivement la France au vélo, et accessoirement faire le bonheur des vélocistes ? A Lille, on se souvient qu’en mai 2013, une grève de quelques jours du transporteur public avait poussé les usagers à monter en selle.

« Maturation lente »

L’Union sport et cycle (USC), qui réunit les entreprises du secteur, pourra dans quelques mois chiffrer les retombées de la paralysie annoncée des transports d’Ile-de-France et des réseaux urbains. On sait déjà que le volume des ventes pour 2019 devrait rester « stable », assure Virgile Caillet, directeur général de l’organisation professionnelle.

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Un segment se distingue toutefois, celui des vélos à assistance électrique (VAE), qui devrait à nouveau enregistrer « une progression à deux chiffres », après avoir gagné 20 % de croissance entre 2017 et 2018. L’USC espère atteindre, dans quelques années, 1,2 million de ventes annuelles, soit quatre fois plus que les 338 000 exemplaires écoulés en 2018. Pour l’industrie, l’enjeu est de taille, car les vélos munis d’une assistance électrique se vendent à un prix moyen de 1 585 euros, contre 350 euros pour un deux-roues classique.

M. Caillet reste toutefois prudent. « Des grèves des transports, surtout si elles durent une semaine, peuvent certes constituer un élément déclencheur. Mais le choix du vélo comme moyen de transport nécessite une maturation lente », observe-t-il. La matérialisation de larges itinéraires cyclables à Paris, Rennes ou Grenoble, l’annonce de « plans vélo » par différentes collectivités ou la prime de 500 euros pour tout achat d’un VAE en Ile-de-France, qui s’applique depuis le 1er décembre, constituent autant d’encouragements.

Monter en selle

M. Pic, chez Cyclable, confirme que le choix des nouveaux acheteurs est réfléchi. « Ils s’inquiètent du vol, de la pluie, de leur sécurité sur les axes routiers, de leur capacité à pédaler jusqu’à destination. Il faut sans cesse les rassurer. » Le responsable a chargé ses équipes d’« accompagner l’achat de conseils et de récits d’expériences, afin de transformer cet usage ponctuel en pratique régulière et maîtrisée », explique-t-il.

La préparation de la grève ne nourrit pas seulement les marchands de cycles, mais aussi les réparateurs. « Ces derniers jours, le volume des prestations a progressé de 30 % à 50 % », évalue Nathanaël Benaym, fondateur de Repair and Run, une société qui intervient à domicile, en particulier sur des vélos à assistance électrique. « Une partie de ces nouveaux clients nous disent qu’ils souhaitent anticiper la grève », explique-t-il. Même constat pour son concurrent Cyclofix : « Le 2 décembre, nous avons battu notre record pour un jour d’hiver », signale Alexis Zerbib, fondateur de la marque.

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D’autres saisissent cette occasion pour apprendre à monter en selle. Bénévole pour une « vélo-école » dans le 20e arrondissement de Paris, où l’on enseigne aux adultes la pratique de la bicyclette, Anne-Lise Millan-Brun raconte que des personnes se sont inscrites début novembre. « Un mois, pour savoir rouler, c’est très court, mais deux ou trois d’entre eux s’en sont sortis, et ils prendront un Vélib’ jeudi », dit-elle. Là-bas, on se prépare sérieusement. Le 13 septembre, lors de la dernière journée de grève à la RATP, le service avait connu un stress test avec 174 000 courses, un record depuis le changement de délégataire en 2018. Le 5 décembre, « des équipes supplémentaires » seront déployées à proximité des stations les plus sollicitées, afin de les recharger le cas échéant.

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Mais encore faut-il que tous ces néocyclistes aient envie de poursuivre l’expérience. Les jours de grève, les pistes cyclables sont encombrées, y compris par des véhicules motorisés qui n’ont rien à y faire… Quelques associations ont pris les devants. Place au vélo à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), Vélo Piéton Châtillon ou FAR à vélo à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) proposent à partir de jeudi un accompagnement, par des bénévoles, de ceux qui voudraient se rendre au travail à vélo.

SNCF : grève historique et déminage social

Aurel

La direction de la SNCF a beau fouiller dans ses archives, elle a du mal à trouver trace d’un conflit aussi dur que celui qui s’annonce jeudi 5 décembre sans remonter à la grande grève de 1995. Sur les presque 14 000 trains qui roulent en France les jours de semaine, seulement 10 % sillonneront les rails du pays au premier jour du mouvement contre la réforme des retraites, a annoncé le groupe public ferroviaire, mercredi 4 décembre.

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Sur des dizaines de lignes, le trafic sera quasiment nul ce jeudi : dans les TER d’Occitanie et de Bretagne, entre Paris et la Normandie, entre Bordeaux et Marseille, sur plusieurs lignes de banlieue parisienne… Là où les trains roulent encore à peu près, le trafic sera extrêmement perturbé, concentré en général sur les heures de pointe en Ile-de-France (qui représente 70 % de l’ensemble des circulations ferroviaires). Côté TGV, la SNCF fera rouler entre 1 train sur 6 et 1 train sur 10. Dans l’ensemble des TER, la circulation est un peu meilleure (1 sur 5 en moyenne), mais l’essentiel du service sera effectué par des autocars de substitution.

Contrat social

« Le taux de grévistes devrait atteindre 60 %, relève Florent Monteilhet, secrétaire général adjoint de l’UNSA Ferroviaire, deuxième syndicat de l’entreprise après la CGT. La mobilisation est exceptionnelle. On voit des choses qu’on n’avait jamais vues auparavant, comme la fermeture dès mercredi soir, faute de personnel, du principal poste d’aiguillage de Marseille-Saint-Charles. »

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« J’ai passé mes deux journées à croiser des collègues habituellement non grévistes, dont beaucoup de cadres, qui me disent qu’ils en seront le 5 », confirme Bruno Poncet, secrétaire fédéral de SUD Rail. L’ampleur inédite du mouvement chez les cadres a laissé peu de marges de manœuvre à la direction afin d’améliorer le plan de transport pour jeudi.

Le niveau de mobilisation, supérieur à celui des premiers jours de grève contre la réforme de la SNCF en mars et avril 2018, est bien le signe que le régime spécial de retraite des cheminots demeure un élément majeur du contrat social de l’opérateur historique du ferroviaire. « C’est une entreprise où les conditions de sortie font partie des conditions d’entrée », résume Jean-Pierre Farandou, le nouveau président du groupe, nommé début novembre en remplacement de Guillaume Pepy.

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« L’entreprise était plus secouée sur le plan social que je ne le pensais »

Mais la défense des retraites n’est pas le seul vecteur du malaise à la SNCF. C’est en tout cas le diagnostic que pose M. Farandou. « Dans mon premier mois, j’ai passé beaucoup de temps sur le terrain. J’en retiens deux points. D’abord que, en dehors du fret, l’activité se porte bien. L’année 2019 sera bonne en termes de chiffre d’affaires, de marge, de maîtrise du cash et de la dette. D’un autre côté, j’ai ressenti beaucoup d’inquiétude des cheminots sur leur avenir, sur la concurrence, sur le contenu des emplois. Avec un dialogue direction-salariés difficile, compliqué, abîmé. L’entreprise était plus secouée sur le plan social que je ne le pensais. »

L’heure de gloire du télétravail n’a pas encore sonné

« Les télétravailleurs au moins deux jours par semaine sont deux fois plus nombreux que les non-télétravailleurs à faire plus de 50 heures hebdomadaires. »
« Les télétravailleurs au moins deux jours par semaine sont deux fois plus nombreux que les non-télétravailleurs à faire plus de 50 heures hebdomadaires. » Skopein/Ikon Images / Photononstop

Le baromètre sur la qualité de vie au travail Dynamic Workplace-Speak & Act publié jeudi 28 novembre présente une évolution sensible du management en 2019 : 70 % des salariés interrogés affirmant que leur entreprise a adopté les nouveaux modes de travail, les plus cités étant le télétravail et le flex-office. Pourtant, une vaste enquête consacrée au déploiement du télétravail en France réalisée par la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du travail révèle que cette forme d’organisation du travail serait loin d’être la panacée des cadres. Certes, « les télétravailleurs bénéficient d’un cadre de travail plus souple et de temps de trajets réduits », mais ils ne constatent pas de « réduction des sollicitations et de l’intensité du travail demandé ».

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Les télétravailleurs au moins deux jours par semaine sont deux fois plus nombreux que les non-télétravailleurs à faire plus de 50 heures hebdomadaires. Ils déclarent 1,6 fois plus souvent devoir interrompre une tâche pour en effectuer une autre non prévue. Finalement, les cadres en télétravail ne sont « ni plus ni moins satisfaits de leur travail que leurs collègues », conclut le service du ministère du travail.

Emmanuel Dion, responsable Grands comptes au sein de la société d’édition de logiciels de relation client Avaya, se considère comme un télétravailleur épanoui. Ce mode d’organisation lui permet de s’épargner du temps de trajet. Mais le télétravail n’est pas fait pour tout le monde. « Certains travaillent mieux lorsqu’ils sont entourés », affirme le commercial. Ce cadre francilien ressent toutefois le besoin de retourner dans son entreprise « au bout de deux jours, pour prendre la température ». Et il reconnaît une « tendance à en faire un peu plus » que s’il était tous les jours au bureau.

Culpabilité

« Il peut y avoir une forme de culpabilité chez les télétravailleurs », avance en guise d’explication Romée Dauptain, consultante et formatrice au sein du cabinet Médiargie-RH. Culpabilité qui les pousserait à se mettre davantage la pression que s’ils devaient simplement faire leurs heures. D’autant que les mentalités n’ont pas évolué aussi vite que la législation. « La culture du présentéisme domine encore largement en France », regrette Jérôme Chemin, secrétaire général adjoint au sein de la CFDT Cadres.

Devoir encadrer un projet ou des salariés complique-t-il la donne ? Pas aux yeux de la responsable des relations sociales chez Avaya, Hélène Pierrat, pour qui le cadre est avant tout jugé sur ses résultats : « 80 % de nos collaborateurs ont des manageurs qui ne sont pas en France, souligne-t-elle. Ce sont d’abord les méthodes et les outils de travail qui doivent être adaptés ». Selon Antoine Louiset, cofondateur de la société de logiciels de signature électronique Yousign, qui compte un quart de salariés en télétravail, les heures du cadre dépendent surtout de son poste : « Il peut y avoir de la flexibilité, mais ceux qui travaillent sur nos infrastructures, par exemple, doivent avoir des horaires connus », insiste-t-il.