À l’occasion de la journée internationale des développeurs, une étude revient sur l’attirance des métiers du numérique dans la génération des 18-34 ans.
Très demandé, bien rémunéré et porteur de plusieurs poste d’emploi, le métier d’informaticien peine pourtant à attiré l’intérêt des jeunes générations. C’est ce que démontre une étude réalisée conjointement par l’institut britannique YouGov et le fournisseur de logiciel CA Technologies, à l’occasion de la journée internationale des développeurs informatiques. Mené auprès d’un échantillon représentatif de millennials français (de 18 à 34 ans), le sondage s’est intéressé à la perception du métier dans cette catégorie de la population.
En premier lieu, et contre toute attente, la profession reste mal connue. Si 84% des sondés en ont «déjà entendu parler», ils ne sont que 26% à déclarer la «connaître parfaitement». 16% des millennials en revanche n’en ont «jamais entendu parler», avec une différence en fonction du sexe, du niveau d’étude et du lieu d’habitation. Plus le niveau d’études est élevé, plus la connaissance du métier et des filières de formation est importante. «Les jeunes franciliens titulaires d’un diplôme d’études supérieures paraissent les mieux sensibilisés aujourd’hui à la formation à la profession de développeur informatique», précise l’étude.
Une grande différence entre les hommes et les femmes
Mais c’est surtout chez les femmes que ce métier est le moins connu. 23% d’entre elles n’en ont jamais entendu parler, contre 8% pour les hommes. 19% de la population globale des millennials pensent même que ce job est «réservé aux hommes», et particulièrement les femmes elles-mêmes. Influence sociale ou prédisposition biologique? Pour les sondés, cette différence est principalement fruit de l’imaginaire collectif, à savoir «la représentation de ces métiers» (25%) et leur «mauvaise image» (23%). Mais aussi, de façon plus factuelle, par le parcours scolaire qui oriente «naturellement les filles vers d’autres cursus» (15%). Et le temps n’arrange rien à l’affaire. «Depuis les années 80, le nombre de femmes engagées dans l’informatique ne cesse de décroître», assurent les auteurs de l’étude, sans donner des explications cette tendance paradoxale, à une époque où le monde professionnel se féminise.
Devenu indispensable dans l’économie moderne, et particulièrement dans les start-up qui font du numérique leur moteur de travail, le métier de développeur informatique fait pourtant toujours peu rêver. 8% des millennials, et deux fois plus d’hommes que de femmes, y aspirent vraiment, tandis que 21% considèrent que cette profession les faits «un peu rêver». Plus importante est donc la proportion de ceux qui n’ont aucune attirance pour ce métier (58%), victime de certains clichés tenaces comme la solitude ou le manque de variété. «Cette profession suscite au fond peu d’appétence, surtout auprès des jeunes les plus diplômés, explique Antoni Minniti, co-auteur de l’étude chez YouGov. Les jeunes doivent pourtant comprendre que les codeurs des années 90 ne sont pas les développeurs d’aujourd’hui».
Apprendre le code informatique à l’école, mieux que le latin
La formation est le dernier point de cette étude. Près de la moitié de la population des millennials (49%) ne sait toujours pas quelles formations peuvent conduire à ce métier. Ce pourcentage atteint 60% chez les femmes, contre 57% chez les hommes. Cause ou conséquence, la bonne connaissance de cette filière accroît les vocations. 26% des connaisseurs envisagent ainsi de s’orienter ou de se réorienter vers ce métier. Pour le reste, la curiosité ne manque pas. Une large majorité de 73% pensent que les cours de programmation informatique devraient être privilégiés à l’école, à la place du latin (le questionnaire proposant uniquement l’un ou l’autre comme matière à privilégier).
Les résultats de cette étude renforcent une situation déjà alarmante pour la filière professionnelle. 85% des entreprises éprouvent des difficultés pour recruter des profils techniques dans le secteur numérique selon une étude de «Tech in France» dévoilée courant 2018, qui précise encore que 13.000 postes d’informaticien doivent encore être pourvus en France d’ici la fin de l’année. Outre le déficit d’image du métier, et donc de personnes formées, la chasse aux talents enclenchée dans l’économie mondialisée joue en défaveur de la France. Un développeur à Paris gagne actuellement dix fois moins en revenu net (coût de la vie versus salaire), qu’un développeur à Seattle. La «start-up nation» a donc encore bien des progrès à faire avant de pouvoir former et conserver ce type de profils.