Travail et réchauffement climatique : les recommandations du Conseil économique, social et environnemental
Si les entreprises n’anticipent pas les effets du réchauffement climatique sur leurs salariés, elles doivent être privées d’aides publiques. C’est l’une des recommandations frappantes formulées par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans un avis qu’il a adopté, mardi 25 avril, « à l’unanimité » avec 125 voix pour – 50 membres n’ayant pas pris part au vote. L’assemblée du palais d’Iéna, à Paris, juge « nécessaire » de sonner la « mobilisation » générale pour relever les « défis écologiques » dans le monde du travail.
Coordonné par Jean-François Naton, membre du groupe CGT au CESE, l’avis rendu mardi se concentre « sur l’exposition aux vagues de forte chaleur ». Sont, bien sûr, concernées les personnes exerçant leur activité « à l’extérieur », soit « environ 3,6 millions » de femmes et d’hommes. Un tiers des ouvriers qualifiés et un quart des agents employés dans des collectivités territoriales se trouvent dans cette situation.
La « répétition des canicules », depuis plusieurs années, se traduit par « l’apparition de nouveaux risques professionnels » et par « l’aggravation » de ceux qui existaient déjà : « hyperthermie majeure » couplée à des « troubles cardiaques » et à une « détresse neurologique », probabilité accrue d’accidents liés à des « pertes de vigilance », plus grande fréquence des cas « d’intoxication chimique » et « de réaction allergique » imputables à des températures élevées… Si les « données épidémiologiques » sur cette thématique manquent en France, des recherches internationales montrent un accroissement « de la mortalité et surtout de la morbidité globale des populations de travailleurs (…) en période estivale ».
Sortir le bâton
De tels problèmes se posent avec une acuité plus ou moins marquée selon les secteurs. La construction et l’agriculture sont, évidemment, en première ligne, mais il y a aussi les sociétés de transport (chauffeurs-routiers, déménageurs…), ainsi que les équipes chargées « des travaux d’infrastructure en extérieur ». Le CESE relève que « les catégories professionnelles qui ont à subir le plus fortement les canicules sont aussi celles pour lesquelles le risque d’accident (…) est identifié depuis longtemps comme important ». Autrement dit, c’est la double peine pour elles. L’avis souligne d’ailleurs « le risque de voir les inégalités dans le travail (…) se creuser davantage dans le contexte du dérèglement climatique et de la dégradation des écosystèmes ».
En préparant son avis, l’assemblée du palais d’Iéna a réalisé une enquête qui cible les représentants des salariés et des employeurs (privés et publics). De cette consultation qui a recueilli presque 2 000 « contributions », il ressort un « décalage considérable » entre l’inquiétude croissante suscitée par le réchauffement de la planète et « le sentiment que des réponses concrètes à la hauteur de cet enjeu ne sont pas apportées ». « Si 80 % des répondants font de ce sujet une préoccupation personnelle, ils sont seulement un peu plus d’un tiers à indiquer [qu’il] est à l’ordre du jour sur leur lieu de travail », constate le CESE.
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