« Pour les entreprises, le télétravail reste l’alternative providentielle à la gestion d’une situation complexe »

« Pour les entreprises, le télétravail reste l’alternative providentielle à la gestion d’une situation complexe »

Tribune. Une pandémie d’un nouveau genre semble embraser le monde du travail. Stimulé par des espaces de bureaux concentrationnaires accusés d’amplifier la circulation du virus, le télétravail tient de l’aubaine consensuelle. Et après deux mois plutôt concluants de mise à distance, le débat sur la nécessité du travail présentiel bat son plein.

L’entreprise incarnée par un conglomérat d’employés à distance préfigurerait-elle le nouveau contrat social ? Où ouvre-t-elle la boîte de Pandore ? Au-delà d’appréciables temps de transports économisés, d’économie foncière inhérente à la suppression d’espaces de bureaux, n’est-ce pas la dimension sociale du travail qui est affectée, et avec elle la part informelle d’échanges sur les lieux de travail, avec une déperdition économique à la clé ?

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Durant la période de confinement, de mars à avril, à peine 5 % des bureaux des grands groupes d’Ile-de-France ont été occupés. Ce taux atteint aujourd’hui moins de 30 %, seuil maximum possible du fait des contraintes sanitaires en vigueur et malgré toute l’ingéniosité de professionnels pour proposer des aménagements sécurisés (cloisons en Plexiglass, distanciation, marquage…).

Une alternative providentielle pour les entreprises

L’incitation à continuer en télétravail est forte, car ni les salariés ni les employeurs ne voient l’intérêt de retourner au bureau pour y porter un masque, se tenir à distance de collègues et ne participer à aucune réunion… Les professionnels notent d’ailleurs un afflux de demandes d’études pour des aménagements réversibles, afin d’anticiper divers scénarios de retour d’une crise de ce type, à court ou à long terme.

Pour les directions d’entreprise, le télétravail reste l’alternative providentielle à la gestion d’une situation complexe et anxiogène et à l’application des recommandations complexes du ministère du travail. Twitter, Facebook, et plus près de nous Peugeot, ont fait le choix de recourir massivement et durablement à un télétravail d’un nouveau genre, celui où le travail au bureau est l’exception et le télétravail la règle.

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Enfin, l’argument de la réduction de l’empreinte immobilière est important, il est même ouvertement avancé par Peugeot. Le télétravail apparaît comme un levier non négligeable pour « se refaire une santé financière », et les renégociations des baux immobiliers se préparent dans cette perspective. Les grandes entreprises se sont largement emparées du sujet.

Un risque d’isolement social

Mais ce recours apparemment consensuel au télétravail doit sérieusement interroger sur le risque d’isolement social des télétravailleurs. Si le « top management » est plutôt favorable à l’extension de cette mise à distance, le « middle management » est plus réticent par crainte de perdre son pouvoir de contrôle – en France, on manage davantage par la vue que par les indicateurs de performance, comme ce peut être le cas aux Etats-Unis.

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LJD

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