Vers une nouvelle négociation sur le bonus-malus pour les contrats courts

De nouvelles discussions vont s’ouvrir sur les contrats courts en 2025. C’est le principal enseignement de l’accord que les partenaires sociaux ont trouvé, mardi 27 mai, à l’issue de la troisième séance de négociations sur le bonus-malus. Les organisations d’employeurs et de salariés, qui ont jusqu’au 19 juin pour approuver le texte, vont désormais consulter leurs instances.

Dans le patronat, il est acquis que le Medef, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) et l’Union des entreprises de proximité (U2P) apposeront leur signature. Côté syndical, la CFDT et la CFTC ont annoncé donner un avis favorable, FO rendra sa décision après son bureau confédéral, tandis que la CGT et la CFE-CGC devraient refuser de parapher le compromis.

Le texte signé mardi, qui est un avenant à l’accord sur l’assurance-chômage de novembre 2023 et ne s’appliquera qu’à partir d’avril 2026, réduit quelque peu le périmètre du bonus-malus sectoriel. Entré en application en 2022 dans sept secteurs d’activité, ce dispositif « module » le taux de cotisation chômage des entreprises en fonction du nombre de salariés dont elles se sont séparées. Le mécanisme, promesse de campagne faite par Emmanuel Macron en 2017, avait pour objectif de lutter contre le recours abusif aux contrats courts en incitant les patrons à recruter des collaborateurs sur de longues durées.

Le patronat s’est montré opposé à la mesure dès sa naissance, en 2019, et n’a cessé depuis de vouloir la torpiller. Elle n’obtenait pas non plus la satisfaction des organisations syndicales, qui regrettaient qu’elle ne réponde pas à l’objectif. Les partenaires sociaux se sont donc entendus, mardi, sur le fait d’ouvrir une nouvelle négociation, d’ici au 31 décembre 2025, « afin d’identifier des leviers d’action permettant de mieux réguler, de manière équilibrée et adaptée aux réalités des secteurs, le recours aux contrats courts ».

« Paritarisme efficace »

Outre cette mesure, le projet d’avenant réduit à six le nombre de secteurs touchés par le bonus-malus – le bois n’est plus concerné – et exclut les fins de contrats saisonniers, les licenciements pour inaptitude d’origine non professionnelle, et ceux pour faute grave ou lourde, des motifs de rupture pris en compte. Seules les fins des autres types de contrats d’une durée supérieure à trois mois, dans les entreprises d’au moins onze salariés, sont comptabilisées.

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Volvo Cars supprime 3 000 emplois, dont une majorité en Suède

Le Volvo EX90, le nouveau SUV électrique de la marque, est dévoilé lors d’un événement de lancement à Stockholm, le 9 novembre 2022.

Même si elle était attendue, l’annonce a secoué la Suède. Racheté par le groupe chinois Geely en 2010, le constructeur automobile Volvo Cars – un des principaux employeurs du pays avec plus de 21 640 salariés (sur 43 500 au niveau mondial) – a annoncé, lundi 26 mai, qu’il allait supprimer 3 000 postes, soit environ 15 % de ses employés de bureau. Mille deux cents emplois vont disparaître en Suède, ainsi qu’une majorité des 1 000 postes de consultants concernés dans le monde.

« Les mesures annoncées aujourd’hui ont été des décisions difficiles, mais elles constituent des étapes importantes dans la construction d’un Volvo Cars plus fort et encore plus résistant », a déclaré Hakan Samuelsson. Patron de l’entreprise entre 2012 et 2022, il a été rappelé d’urgence mardi 1er avril, pour remplacer le Britannique Jim Rowan, licencié deux jours plus tôt, après un début d’année difficile. Le 29 avril, M. Samuelsson a présenté un plan d’économie de 18 milliards de couronnes (1,7 milliard d’euros).

2024 a pourtant été une année record pour le constructeur, qui a enregistré les meilleurs résultats de son histoire, avec plus de 763 000 voitures vendues dans le monde, dont 175 000 véhicules électriques, en hausse de 54 %. Mais 2025 a mal commencé : sur les trois premiers mois de l’année, le bénéfice d’exploitation de l’entreprise (1,9 milliard de couronnes) a chuté de près de 60 % par rapport à 2024, tandis que ses ventes (172 000 voitures) reculaient de 6 % et son chiffre d’affaires (82,9 milliards de couronnes) s’est rétracté de 12 %.

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« Les anciens ont connu un management similaire à leur époque, donc ils te font endurer la même chose » : chez les jeunes avocats, la robe pèse plus lourd

Début avril, Oriane (tous les prénoms ont été modifiés), 28 ans, a claqué la porte de son stage final. Trois mois avant la fin. « Ça risque d’entacher ma carrière, mais je ne tenais plus », dit-elle la voix encore tremblante. En deuxième année à l’école d’avocats, elle avait pourtant le profil rêvé : brillante et investie, cumulant les expériences dans des structures prestigieuses. En janvier, Oriane avait choisi un stage dans un cabinet de droit des affaires réputé, majoritairement féminin. Un critère important pour elle. « Lors d’un stage précédent, j’étais constamment jugée sur mon physique. J’avais fini par changer ma façon de m’habiller pour passer inaperçue. »

Mais, cette fois, on la traite comme une collaboratrice, sans la formation ni le salaire. Elle croule sous les dossiers hors de son champ de compétences et devient la cible de critiques incessantes : « On pointait ma façon de m’habiller, de me tenir, de parler… La moindre de mes interactions laissait place à des reformulations. S’il y avait une tâche ingrate, c’était pour moi, J’étais leur larbin ! » Très vite, son corps lâche : plus d’appétit, plus de sommeil. Soutenue par son compagnon et une amie, elle craque : « Ce sont eux qui m’ont dit : “Arrête là, ça suffit.” » Un matin, Oriane annonce son départ et affronte ses supérieures. « Elles m’ont répondu qu’il fallait que je m’estime heureuse d’avoir des fenêtres à mon bureau. Elles m’ont averti qu’il y aurait des conséquences… »

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Les pratiques sociales douteuses de Telus, un des principaux sous-traitants de Google, Meta et TikTok

Pendant douze ans, Alexandre Manet a contribué à améliorer les services de Google, en remplissant des microtâches : noter des images, évaluer la pertinence d’une recherche effectuée par un internaute, écouter des sons pour vérifier leur sens… Le tout sans jamais parler à personne chez Google : il était « travailleur du clic », à domicile, à temps partiel et en sous-traitance. Sans jamais parler à personne tout court, d’ailleurs. La seule fois en douze ans où il a eu quelqu’un au téléphone, c’était pour son licenciement.

Alexandre Manet a été recruté, avec le statut d’autoentrepreneur, par la société Lionbridge. A partir de 2021, cette dernière transfère son activité chez une autre société, Telus International. A l’été 2023, Telus le prévient, par e-mail et sans lui fournir d’explication détaillée, que ses services ne sont plus requis. Comme travailleur indépendant, Alexandre Manet n’a droit à aucune indemnité de licenciement, ni au chômage, et ne comprend pas pourquoi on met fin à son contrat. Il attaque Telus aux prud’hommes.

En janvier, le tribunal lui donne raison : dans une décision que Le Monde a pu consulter, les prud’hommes dressent une longue liste d’éléments montrant qu’il était de fait salarié, et pas travailleur indépendant. Il n’avait « pas le choix des tâches à effectuer » ; Telus était « son seul client et il ne pouvait travailler pour un autre » ; ses tâches étaient « chronométrées et tout dépassement du temps imparti ne pouvait donner lieu à rémunération »… Telus fixe les règles de son cadre de travail, a un pouvoir de sanction et est donc son employeur. L’entreprise, qui n’était pas présente à l’audience, est condamnée à verser 20 000 euros d’indemnités de licenciement et de paiement du préavis.

80 000 employés dans le monde

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A Bagnères-de-Bigorre, une usine reprend vie en fabriquant des tramways

Dans l’usine CAF de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), le 20 mai 2025.

Dans la litanie des mauvaises nouvelles, des plans sociaux et des perspectives sombres pour l’économie, on en oublierait presque que certains secteurs ne se portent pas trop mal. Ainsi en est-il de l’industrie ferroviaire, qui profite à plein des nombreuses commandes publiques de trains, de tramways ou de métros.

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Les constructeurs ne sont pas légion en France, où deux entreprises se partagent l’essentiel du marché. Il y a le mastodonte Alstom, qui navigue toujours en eaux troubles depuis la difficile digestion de son concurrent Bombardier, racheté en 2021. Moins connu, l’espagnol Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles (CAF) pousse ses pions dans le tissu industriel tricolore. Lors du sommet Choose France, lundi 19 mai, il a ainsi annoncé un investissement de 50 millions d’euros dans ses usines françaises.

L’essentiel de la somme ira au site de Reichshoffen (Bas-Rhin), qu’Alstom a dû céder en 2021, en contrepartie de l’acceptation, par la Commission européenne, de la fusion avec Bombardier. Avant cela, CAF avait fait une entrée discrète en France en rachetant une usine moribonde de la Compagnie de chemins de fer départementaux à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), qui était, jusqu’en 1992, le siège de l’entreprise Soulé. Cette usine, qui a employé jusqu’à 1 000 personnes pendant les « trente glorieuses », a une longue histoire dans le transport de passagers, puisqu’elle a fabriqué des caisses en bois pour les tramways dès les années qui ont précédé la première guerre mondiale.

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Naf Naf va basculer en redressement judiciaire, le troisième en cinq ans

A Dunkerque (Nord), le 25 janvier 2017.

Les salariés de Naf Naf plongent à nouveau dans l’inconnu. La direction de l’enseigne de mode féminine a annoncé aux représentants du personnel demander son placement en redressement judiciaire auprès du tribunal de commerce de Bobigny, a appris Le Monde auprès de sources syndicales. Réunis en comité social et économique (CSE) extraordinaire, mercredi 21 mai, les représentants du personnel ont été informés « du scénario catastrophe qu’ils redoutaient » depuis la reprise de Naf Naf en juin 2024 par le fabricant turc Migiboy Tekstil. « De nouveau, les salariés sont placés dans une situation d’incertitude extrême et voient leur emploi menacé », déplore la CFDT, par communiqué.

Fondée en 1973 par deux frères, Patrick et Gérard Pariente, Naf Naf emploie « un peu moins de 700 salariés », surtout dans une centaine de magasins, selon le syndicat. Interrogée par Le Monde, Murat Akdemir, représentant de la société Migiboy Tekstil, n’a pas souhaité s’exprimer.

Le fabricant turc avait repris Naf Naf et ses 99 magasins, à la barre du tribunal de commerce de Bobigny. Il succédait alors à un autre fournisseur turc, SY International, qui, en 2020, avait également repris l’enseigne à la suite d’une procédure de redressement judiciaire. Dirigée par Selçuk Yilmaz, cette offre avait été préférée par les juges de Bobigny à celle du Groupe Beaumanoir. SY International promettait alors la sauvegarde de 944 de ses 1 170 emplois et le maintien de 200 de ses 235 magasins. Mais le fabricant avait été contraint de déclarer l’entreprise en cessation de paiements en septembre 2023. La procédure avait débouché sur un redressement judiciaire et la suppression de 88 emplois, après la fermeture de magasins.

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Les pigistes de « Madmoizelle » réclament toujours leur licenciement

Cela va faire un an qu’ils espèrent leur licenciement. Alors qu’en juin 2024, l’essentiel de la rédaction mensualisée du site féminin et féministe d’information Madmoizelle a été licenciée, les journalistes rémunérés à la pige sont, eux, restés en plan. « Nous sommes les oublié.e.s », résume Marie Albert, porte-parole improvisée des pigistes de Madmoizelle.com. Déterminé à faire respecter leurs droits, le collectif compterait encore une petite dizaine de journalistes, contre une trentaine à sa formation.

La loi Cressard de 1974, qui s’applique dans leur cas, stipule que « toute convention par laquelle une entreprise de presse s’assure, moyennant rémunération, le concours d’un journaliste professionnel, est présumée être un contrat de travail ». Qu’importent le nombre d’articles produits par le journaliste, le montant de la rémunération ou encore, « la qualification donnée à la convention », précise encore la loi : la fin de la collaboration doit s’accompagner d’un licenciement et des indemnités afférentes. Malgré une promesse de maintien d’un certain volume de piges, une seule journaliste aurait réussi à travailler, modestement, pour un autre titre du groupe Humanoid (Numerama, Frandoid), acquéreur de Madmoizelle.com en 2020.

« [Le groupe] Ebra ferme le robinet, prive ses journalistes de leur gagne-pain ! », condamnent les représentants des syndicats SNJ et SNJ-CGT, dans un communiqué paru mardi 20 mai. Propriétaire d’Humanoid depuis 2022, le groupe de presse quotidienne régionale Ebra (L’Alsace, L’Est républicain, Le Progrès, Le Dauphiné libéré, etc.) s’est séparé des journalistes permanents du média en ligne en deux étapes : à l’été 2024, d’abord, quand Madmoizelle est devenu un média de vidéos pour les réseaux sociaux, puis cet hiver, lorsqu’il a cessé de l’alimenter, faute de rentabilité suffisante. « Entre 2021 et 2023, le site a cumulé 2 millions d’euros de perte, rappelle-t-on à la direction du groupe Ebra. Il a alors été mis en pause pour ne pas faire tanguer le bateau un peu plus. » La recherche d’un « modèle stratégique viable » serait toujours en cours.

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Pour réduire les inégalités mondiales, mieux vaut augmenter les salaires minimums que les impôts, selon une étude

Dans le quartier d’affaires de Canary Wharf, à Londres, le 26 septembre 2024.

Contrairement à l’idée reçue, les inégalités mondiales reculent depuis un quart de siècle. Depuis 2000, la part des revenus après impôts et redistribution des 1 % les plus riches de la planète s’est très légèrement tassée, passant de 17 % à un peu plus de 16 % ; celle des 50 % les plus pauvres est passée de 7 % à 10 %.

Mais ces moyennes masquent deux tendances radicalement différentes. Les inégalités entre les pays se sont fortement réduites, essentiellement grâce au rattrapage économique de la Chine et de l’Inde. C’est l’aspect positif de la mondialisation. En revanche, les inégalités à l’intérieur des pays se sont fortement accrues, annulant en large partie les effets de la convergence économique mondiale.

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Au journal « Le Parisien », le plan de départs volontaires pourrait concerner une cinquantaine de personnes

Le siège du Groupe Les Echos-Le Parisien, à Paris, le 20 décembre 2022.

Alors que depuis trois mois, les salariés du Parisien et du Parisien Week-end se mobilisent contre les modalités d’un plan d’économies, ce ne sont pas 29 journalistes qui s’apprêtent à quitter le quotidien, mais 46.

Selon nos informations, en effet, l’accord relatif à la gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP), sur lequel direction et organisations syndicales (FO-SNPEP, SNJ et SNJ-CGT, le SGJ-FO n’ayant pas signé) se sont entendues le 29 avril, a donné lieu à davantage de candidatures au départ que ce qui avait été anticipé. « Nous sentions qu’il risquait d’y avoir plus de gens intéressés par le plan que ce que la direction espérait, mais nous n’imaginions pas qu’il y en aurait autant », reconnaît Aymeric Renou, délégué syndical SNJ. Le journaliste y voit le signe que la réorganisation de la rédaction imaginée pour pallier les suppressions de postes « n’embarque pas grand monde ».

Deux minutes après l’ouverture du dépôt de candidatures, le 12 mai, 29 dossiers étaient déjà arrivés ; ils étaient 40 moins d’une demi-heure plus tard. Aussi, compte tenu de cet afflux (d’autres candidatures se seraient ajoutées au cours du week-end du 17-18 mai), les personnes intéressées devaient se manifester avant mardi 20 mai à 20 heures, et non plus le 2 juin – date butoir qui demeure cependant pour les neuf postes visés au sein des fonctions support (comptabilité, courrier, etc.). Si neuf candidats au départ ne se présentaient pas, le dispositif serait alors proposé aux salariés des Echos, l’autre quotidien du Groupe Les Echos-Le Parisien (propriété de LVMH).

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Saturnisme sur le chantier de l’Opéra royal de Versailles : « Même au XXIᵉ siècle, on dénie toujours la dangerosité des produits toxiques qui nous entourent, en particulier au travail »

Une « défaillance majeure », une « faillite collective qui n’exonère cependant aucun prévenu de ses responsabilités » : la procureure de la République avait demandé au tribunal judiciaire de Versailles de condamner tous les prévenus poursuivis pour blessures involontaires par violation délibérée d’obligations de sécurité, mise en danger d’autrui et, pour certains, subornation de témoins.

Le tribunal a rendu le 13 mai un jugement exemplaire, condamnant l’ensemble des prévenus à des peines de six mois à deux ans d’emprisonnement avec sursis, auxquelles s’ajoutent des amendes allant jusqu’à 150 000 euros.

Entrée du château de Versailles.

L’audience a eu lieu en février, à quelques pas seulement du lieu de l’infraction : le splendide Opéra royal, inauguré en 1770 sous Louis XV au sein du château de Versailles, l’un des monuments historiques les plus visités en France. Lors d’importants travaux de rénovation dont l’Opéra royal a fait l’objet en 2009, plusieurs ouvriers ont subi de sévères intoxications par le plomb contenu dans les anciennes peintures du prestigieux monument. Ce pourrait être une banale procédure liée au non-respect des conditions légales de travail sur un chantier. Ce fut au contraire un procès historique, et le jugement qui vient d’être rendu l’est tout autant.

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