Le secteur de la construction est un moteur de l’emploi en Espagne

Construction d’un imeuble d’habiation à Barcelone, en novembre 2017.
Construction d’un imeuble d’habiation à Barcelone, en novembre 2017. ALBERT GEA / REUTERS

En 2018, 566 000 emplois nets ont été créés en Espagne en 2018(+ 3 %), dont 136 000 dans le secteur de la construction. Le taux de chômage redescend à 14,45 %, mais les emplois restent précaires.

Les forêts de grues sont revenues dans le paysage espagnol. Tout autour de Madrid, la vigueur du secteur de la construction saute aux yeux et se traduit aussi dans les chiffres de l’emploi. En 2018, 566 000 emplois net ont été créés en Espagne (+ 3 %), principalement dans le secteur des services (428 000), mais aussi dans la construction (136 000), selon l’institut national de statistique. Le taux de chômage est ainsi redescendu à 14,45 % des actifs, alors qu’il frôlait les 27 % en 2013.

La banlieue nord de Madrid, la plus cotée, ne compte plus les chantiers résidentiels, comme à Majadahonda, à 16 kilomètres de la capitale, où s’affaire José Luis Gutierrez. « Je coordonne la construction de cinquante pavillons par cent vingt ouvriers », montionne ce chef de chantier quinquagénaire, dans le bruit des bétonneuses et des camions. Alors que, derrière lui, d’autres grues travaillent à l’édification de pavillons individuels et d’immeubles, il assure avoir des difficultés pour recruter car, « durant dix ans, plus personne n’a appris les métiers, et nous manquons de personnel expérimenté ».

« Après une traversée du désert très difficile pour le secteur, cela fait maintenant trois ans que la construction récupère le terrain perdu, explique Daniel Cuervo, secrétaire général de l’Association des promoteurs et constructeurs d’Espagne. En 2018, près de 100 000 permis de construire ont été accordés, contre 50 000 en 2015. La demande interne est repartie, et les acheteurs internationaux représentent près de 20 % des transactions d’achat-vente. » Il témoigne que les constructeurs peinent à trouver des travailleurs qualifiés. « Beaucoup d’étrangers ont quitté le pays durant la crise, et les plus âgés de la main-d’œuvre locale sont partis à la retraite. Et, malheureusement, la construction n’est pas un secteur attractif pour les jeunes. Nous devons nous réinventer et introduire plus de technologie pour qu’elle le devienne… », déclare-t-il.

Les conditions de travail se sont dégradées

L’Espagne reste loin des niveaux d’activité de 2008, lorsque le pays vivait un boom économique appuyé par une bulle immobilière. Si près de 1,4 million de personnes travaillent maintenant dans le secteur de la construction, ce qui correspond à 8,7 % des emplois, ils étaient 3 millions en 2008. Surtout, les conditions de travail se sont dégradées, comme l’assure, Alejandro Beas, ouvrier sidérurgiste de 54 ans : « Avant la crise, pour neuf heures de travail par jour, je gagnais 1 800 euros mensuels. Aujourd’hui, pour dix heures, on me paie 1 300 euros. » Hassan, 39 ans, lui, se réjouit d’être embauché « depuis un an, sans pause », ce qui ne lui était pas arrivé ces huit dernières années.

« Le grand débat peut instruire un modèle de négociation sociale pionnier »

  Dans sa nouvelle version, le grand débat est adapté à une phase d’écoute. Il doit aller plus loin, avec de nouvelles discussions et l’émergence de nouveaux idéaux, estime le professeur Armand Hatchuel dans sa chronique.

Devant cette crise, les pouvoirs publics ont commencé un grand débat national. L’urgence imposait d’agir vite et de fixer aux organisateurs des règles simples d’animation des réunions et de restitution des propositions. Pour plusieurs citoyens, c’est une opportunité sans précédent de s’exprimer sur ce qu’ils subissent et ce qu’ils attendent. Ils témoignent d’ailleurs volontiers de leur satisfaction à partager publiquement leurs points de vue.

Malgré cela, l’histoire, déjà longue, de l’implication des citoyens dans la vie publique, comme de celle des travailleurs dans la gestion des entreprises, enseigne qu’un débat fructueux et constructif exige des méthodes adaptées aux objectifs fixés à cette participation. Pour recueillir des doléances et des revendications, la pratique ancienne des états généraux ou des « boîtes à idées » suffit. Mais il faut des enquêtes d’utilité publique précises pour évaluer les enjeux d’un nouvel équipement. Et s’il s’agit de choix technologiques complexes, les conférences de citoyens proposent à chacun de s’informer par l’audition d’experts avant de délibérer…

En 2012, l’entreprise Fives avait ainsi appelé un panel de citoyens représentatifs de la population française à réfléchir sur l’usine de demain. Un débat peut ainsi avoir pour but de s’écouter, de décider collectivement ou même d’inventer ensemble, comme l’ont tenté les expériences autogestionnaires, coopératives ou participatives. Dans chaque cas, ce sont des modalités de participation différentes auxquelles on doit appeler les citoyens.

Actuellement, le grand débat est surtout ajusté à une phase d’écoute. On privilégie la discussion entre citoyens et le recueil de propositions. L’argumentation des avis est souhaitée, mais elle peut rester sommaire. Les autorités les plus hautes de l’Etat s’engagent dans les discussions mais sans les trancher. A vrai dire, la valeur de la phase d’écoute actuelle tiendra aussi aux propositions émises et qui n’étaient pas encore exprimées dans la rue ! Car, tous ceux qui ont déjà exprimé des revendications précises seront enclins à attendre des réponses à celles-ci, quelle que soit l’issue du grand débat.

Un grand travail d’enquête et d’invention

Le gouvernement annonce une « synthèse » à partir de laquelle il va fixer ses choix. Mais il faudrait aussi apercevoir la manière dont cette synthèse peut faire intervenir les citoyens. Car, au-delà de mesures à prendre sans délai, comment penser que certaines des propositions n’exigeront pas une seconde phase de négociation collective ? C’est là que le grand débat peut initier un modèle de négociation sociale novateur qui impliquerait, aux côtés des acteurs traditionnels (syndicats, autorités…), des délégations de citoyens ayant collaboré aux « gilets jaunes » ou à la phase d’écoute.

La hausse des rémunérations est attendue à 1 % dans le monde et 0,5 % en France en 2019

« Avec des prévisions comprises entre 2 % et 5 %, les secteurs qui prévoient les plus fortes augmentations pour 2019 sont en France le BTP, l’immobilier,  l’énergie, la chimie et l’industrie automobile ; les plus prudents sont la distribution (1,5%), le tourisme (1,4 %). »
« Avec des prévisions comprises entre 2 % et 5 %, les secteurs qui prévoient les plus fortes augmentations pour 2019 sont en France le BTP, l’immobilier,  l’énergie, la chimie et l’industrie automobile ; les plus prudents sont la distribution (1,5%), le tourisme (1,4 %). » Spot / Photononstop

Les salariés devraient voir leur rétribution croître de 2 % en moyenne, estime le cabinet Korn Ferry. Mais cette augmentation sera rognée par la progression des prix à la consommation.

Vu que la question du pouvoir d’achat alimente la colère des « gilets jaunes », 2019 devrait apporter une légère embellie au niveau des salaires, selon le cabinet de conseil Korn Ferry. Se fondant sur les déclarations de plus de 25 000 organisations dans le monde, dont 385 entreprises françaises, le cabinet estime l’augmentation moyenne des salaires à 5,1 % au niveau mondial pour cette nouvelle année. Mais, en tenant compte de l’inflation, la hausse réelle des rémunérations serait seulement de 1 %.

En France, les salaires devraient augmenter de 2 % en moyenne. Là aussi, la progression des prix à la consommation freine ce coup de pouce. En retranchant l’inflation, estimée à 1,5 % pour 2019, Korn Ferry prédit que les Français devraient tout de même voir leur rémunération augmenter en moyenne de 0,5 %. « On est sur des paramètres économiques qui restent hypothétiques et qui dépendent de la maîtrise des prix de l’énergie, de l’alimentation… », Annonce Guillemette Gaullier, responsable du département rémunération de Korn Ferry.

Pas d’effet « gilets jaunes »

Le mouvement des « gilets jaunes » et ses conséquences sur la croissance ont-il eu des conséquences sur les prévisions des employeurs ? « Notre sondage a été effectué en septembre, prévient Guillemette Gaullier. Nous sommes en train de consulter à nouveau les entreprises, afin de savoir si elles sont restées sur les mêmes perspectives d’augmentation. Environ la moitié nous disent qu’elles sont restées sur les mêmes niveaux d’augmentation, voire plus élevés ; l’autre moitié a revu à la baisse ses perspectives. En ce moment, on ne regarde donc pas vraiment d’effet “gilets jaunes” ». La diminution des cotisations sociales et le prélèvement à la source n’ont pas non plus eu d’impact sur les prévisions des employeurs, affirme la responsable du département rémunération de Korn Ferry.

Le Medef réintègre la négociation sur l’assurance-chômage

Geoffroy Roux de Bézieux est le président du Medef depuis le 3 juillet 2018.
Geoffroy Roux de Bézieux est le président du Medef depuis le 3 juillet 2018. ERIC PIERMONT / AFP
Le Medef avait interrompu sa participation, navré par la « détermination » de Macron à mettre en place le « bonus-malus » sur les contrats courts.

Le Medef, qui avait claqué la porte lundi de la discussion sur l’assurance-chômage pour protester contre les déclarations d’Emmanuel Macron sur le « bonus-malus », va revenir à la table des discussions, a présenté jeudi 31 janvier son président Geoffroy Roux de Bézieux, dans une conversation au Parisien :

« Je vais proposer à nos instances – et je ne doute pas qu’elles acceptent – de revenir dans la négociation, même si elle est difficile. »

Les organisations patronales avaient arrêté lundi leur contribution à la négociation, fâchées par la « détermination » affichée par Emmanuel Macron, lors de sa rencontre jeudi avec des citoyens dans la Drôme, à mettre en place le « bonus-malus » sur les contrats courts réclamé par les syndicats pour lutter contre la précarité.

« Désinciter à la précarité des contrats »

Mais le premier ministre, Edouard Philippe, a assuré mercredi à l’Assemblée que c’était aux organisations patronales et syndicales de conduire la négociation, sans prononcer le mot « bonus-malus » honni par les organisations patronales :

« C’est à elles qu’il revient de définir les façons, les instruments, les moyens pour faire en sorte que notre système d’indemnisation du chômage puisse être à nouveau équilibré (…), favoriser le retour à l’emploi et, en tout état de cause, favoriser la pérennité des contrats et “désinciter” à la précarité des contrats. »

Le désaccord de lundi avait causé l’annulation d’une séance de négociations jeudi, au cours de laquelle le patronat devait présenter un texte global sur tous les points délicats, dont la lutte contre les contrats courts, la gouvernance du système et les règles d’indemnisation.

Lorsqu’une nouvelle séance sera programmée une autre fois, « nous allons faire des propositions alternatives [au bonus-malus] », a répété M. Roux de Bézieux. L’objectif est de conclure la négociation le 20 février. De sa part, le secrétaire général de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), Jean-Eudes Du Mesnil, a déclaré que son organisation considérait « positivement les déclarations du premier ministre » et allait « très rapidement consulter ses instances pour décider » d’un retour aux négociations.

 

Hop ! Passe sous le drapeau d’Air France

Aéroport de Lille-Esquin en 2017.
Aéroport de Lille-Esquin en 2017. PHILIPPE HUGUEN / AFP
Le nouveau directeur général d’Air France a décidé de faire un changement dans les marques de la compagnie aérienne.

Ben Smith fait le ménage. Après l’annonce de la fin à bas coûts Joon, le directeur général d’Air France a décidé de faire passer la marque Hop !, spécialisée dans les vols court-courriers en France et dans quelques grandes villes d’Europe, sous le pavillon d’Air France. Une opération imitée sur le modèle de KLM. Aux Pays-Bas, les vols court-courriers sont ainsi assurés par KLM Cityhopper comme il est inscrit sur la carlingue des avions. M. Smith souhaite une simplification de l’offre au sein du groupe Air France-KLM,

Contrairement à Joon, dont Air France a décidé la réinsertion pure et simple des avions et des personnels dans le giron de sa maison-mère, Hop ! Ne peut être passée par pertes et profits pour des raisons juridiques. En effet, la marque est issue de la réunion de trois compagnies du groupe Air France : Brit Air, Airliner et Regional.

Source de désordre

Cette élimination de la marque Hop ! Confirme les propos prêtés à Ben Smith depuis sa nomination au poste de directeur général d’Air France-KLM en août 2018. Ce dernier n’avait pas fait mystère de son opposition à la multiplication des enseignes au sein de la compagnie franco néerlandaise. Selon lui, cette profusion pouvait être source de confusion notamment pour les passagers long-courriers du groupe. De plus Hop !, depuis sa création il y a six ans, n’avait jamais dissipé un malentendu. Celui d’être née avec une image de compagnie low cost tout en proposant des prix très élevés.

Le passage de Hop ! sous le drapeau d’Air France sera sans doute aussi l’occasion d’une réaménagement de la compagnie en proie à des difficultés financières récurrentes. Comme l’a indiqué La Tribune du 30 janvier, cette opération pourrait s’accompagner d’un recentrage de l’ex-Hop ! sur deux bases à Orly et Paris-Charles-de-Gaulle pour alimenter les deux hubs d’Air France. A cette occasion, Air France procéderait à une simplification de la flotte de sa filiale. Orly serait ainsi desservi uniquement par les CRJ100 de Bombardier tandis que les appareils Embraer seraient dirigés vers Roissy. In fine, le reliquat des activités de la défunte Hop !, particulièrement les lignes qui relient entre-elles des métropoles de province, pourrait passer sous pavillon de Transavia, la filiale à bas coûts d’Air France.

 

Les galères des jeunes diplômés en psychologie : « On savait que ça ne serait pas simple »

10 % des étudiants en psychologie montent une activité libérale dans les deux ou trois ans qui suivent leur diplôme.
10 % des étudiants en psychologie montent une activité libérale dans les deux ou trois ans qui suivent leur diplôme. AGE / Photononstop / AGE / Photononstop

Depuis près de quatre mois, Sophie, titulaire d’un master de psychologie du travail à l’université de Grenoble-Alpes, cherche un emploi : sans succès. Son diplôme devrait pourtant lui ouvrir des débouchés variés : ressources humaines, santé au travail, insertion professionnelle, orientation ou encore ergonomie. La jeune femme de 23 ans cherche « partout » mais les offres d’emploi, peu nombreuses, sont prises d’assaut très rapidement.

« Je savais que ça ne serait pas simple, mais ça commence à me peser », confie Sophie, qui est retournée vivre chez ses parents en Haute-Savoie, puis chez sa sœur aînée dans le Nord. Elle envisage à présent de trouver un poste alimentaire, dans la logistique, la garde d’enfant ou en tant que caissière, le temps de trouver un emploi de psychologue qui lui conviendrait.

Nombreux sont les jeunes diplômés en psychologie à connaître une insertion difficile. Seuls 63 % des diplômés en master occupent un emploi stable trente mois après la sortie de l’université, selon des chiffres de 2017 du ministère de l’enseignement supérieur. Beaucoup doivent s’accommoder, malgré leur niveau bac +5, d’un statut précaire.

« Cette situation est précaire »

Comme Julie, diplômée en juillet 2017, qui officie en tant qu’autoentrepreneuse. Cinq mois après être sortie de l’université de Caen, où elle a suivi sa deuxième année de master, la jeune femme avait pourtant trouvé un emploi à mi-temps dans une association d’orientation scolaire, intervenant dans les établissements privés de la région lyonnaise. Mais en septembre 2018, le centre dépose le bilan. Elle est licenciée. La jeune femme se heurte alors à une pénurie d’offres dans son secteur – la psychologie du développement de l’enfant et de l’adolescent – à Lyon, où elle souhaite rester.

Depuis, elle intervient en libéral dans plusieurs écoles. « Cette situation est précaire car ma paie dépend de la demande des écoles, explique-t-elle. Certains mois, je travaille très bien, d’autres très peu, voire pas du tout. » Elle gagne désormais entre 1 000 et 1 500 euros net par mois. Avec un tel salaire, impossible de louer son propre appartement dans une ville comme Lyon alors, comme Sophie, elle est retournée vivre chez ses parents.

Pour ces jeunes sortis d’un master de psychologie, le salaire brut annuel s’élève en moyenne à 25 000 euros par an, dix-huit mois après le diplôme, et à 26 500 euros, trente mois après le diplôme, indique le ministère de l’enseignement supérieur. « C’est très bas pour un emploi de cadre ou en profession libérale », observe Jacques Borgy, psychologue clinicien et secrétaire général du Syndicat national des psychologues.

Une activité libérale en hausse

Pour s’en sortir, Sophie envisage de trouver un cabinet au sein duquel se lancer en libéral. De plus en plus de jeunes diplômés en psychologie font ce choix. « On observe une augmentation de l’insertion en exercice libéral depuis un peu plus de cinq ans, note Jacques Borgy. Aujourd’hui, 10 % des étudiants montent une activité libérale dans les deux ou trois ans qui suivent leur diplôme. Il y a dix ans, ils étaient seulement une poignée. » Pour lui, la profession pâtit d’un climat général qui tend externaliser les compétences, avec des établissements qui préfèrent faire appel ponctuellement à des psychologues libéraux plutôt que les embaucher.

Par ailleurs, la part de temps partiels dans la profession atteint un tiers des emplois plus de deux ans après le diplôme. Sortie de l’université de Caen en 2017, Charline, 25 ans, jongle entre un emploi en CDI à mi-temps dans un centre de formation à distance petite enfance à Argentan (Orne) et un CDD à 20 % dans un autre centre à une heure de route du premier. « Cela demande une vraie organisation, et, dans l’un ou l’autre des centres, je rate un certain nombre d’événements ou de problèmes », explique-t-elle.

Lire aussi Sans masters en France, les étudiants en psychologie se ruent dans les universités belges

« Les jeunes diplômés en psychologie gagnent aussi à se montrer mobiles. Un tiers d’entre eux doivent trouver un emploi en dehors de la région de leur université », ajoute Jacques Borgy. C’est le cas de Marjorie qui, diplômée d’un master de psychologie et justice à Lille, a préféré accepter une proposition d’embauche à Charleville-Mézières (Ardennes). Loin de sa Normandie natale, elle avoue se sentir très seule.

« Parfois je me dis que j’ai peut-être pris la mauvaise décision, mais je ne me voyais pas attendre des mois sans emploi. Au niveau financier, il fallait que je commence à travailler. »  Et même si son travail à la Protection judiciaire de la jeunesse la passionne, la jeune femme de 24 ans garde un œil, chaque semaine, sur les offres d’emploi en Normandie. Avec un constat, encore une fois : très peu d’offres. Et presque exclusivement pour des temps partiels.

Alice Raybaud

En Suède, Pôle emploi écarte 4 500 de ses salariés

Le premier ministre suédois, Stefan Lofven, au Parlement, à Stockholm, le 2& janvier.
Le premier ministre suédois, Stefan Lofven, au Parlement, à Stockholm, le 2& janvier. TT News Agency / REUTERS

L’agence suédoise pour l’emploi, Arbetsförmedlingen, va voir ses activités limitées au profit de sous-traitants privés.

Annoncé par la droite avant les législatives du 9 septembre dernier, la cure d’amincissement d’Arbetsförmedlingen, le Pôle emploi suédois, s’annonce sévère. Mercredi 30 janvier, son patron, Mikael Sjöberg, a fait savoir que 4 500 postes seraient retirés d’ici à la fin de l’année. Soit plus d’un tiers des 13 500 salariés. Ce plan de licenciements intervient à la suite d’une réduction drastique du budget d’Arbetsförmedlingen, destinée à être partiellement remplacée par des acteurs privés.

Ce service public a vu son apport de fonctionnement amputée de 386 millions de couronnes en 2019, et elle le sera de 800 millions additionnels en 2020. Par ailleurs, Arbetsförmedlingen perd 4,5 milliards de couronnes de financements destinés à divers programmes de retour à l’emploi.

La privatisation des services de l’aide à l’emploi a été établie par un accord signé début janvier entre les sociaux-démocrates, les Verts et deux partis de centre-droit. Cet accord a permis la reconduction du gouvernement minoritaire de centre-gauche de Stefan Löfven, avec le soutien au Parlement du centre et des libéraux qui l’ont conditionnée particulièrement à plusieurs réformes de dérégulation.

Des prestations décriées

Selon l’accord, le gouvernement se promet à « réformer en profondeur » Arbetsfömedligen d’ici à 2021 et à transférer la quasi-totalité de ses activités à des sociétés privées. Dès lors, M. Löfven, le premier ministre social-démocrate, élu le 18 janvier, a eu beau jeu de fustiger une réforme « dessinée sur une serviette en papier » par les conservateurs et chrétiens-démocrates.

Depuis plusieurs années déjà, les quatre partis de l’Alliance de centre-droit, composée des conservateurs, centristes, libéraux et chrétiens-démocrates, dans l’opposition depuis 2014, défendaient en faveur d’une réforme en profondeur de ce Pôle emploi. En cause : ses prestations décriées. En 2017, à peine un demandeur d’emploi sur dix a retrouvé un travail en passant par Arbestförmedligen. Dans 1,4 % des cas seulement, après l’aide d’un de ses agents.

Aussitôt, la plupart des recrutements ont lieu directement, via des contacts personnels, des sites Internet tels que LinkedIn, ou par le biais d’agences de placement. Arbetsförmedligen, pour sa part, sous-traite déjà certains de ses services à des acteurs privés, membres de l’organisation professionnelle Almega, qui pousse pour une privatisation du secteur et dont les arguments sont repris par la droite.

Les accidents du travail engagent de plus en plus de fonds

«En 2019, le coût d’une incapacité permanente de 40 % et plus est en hausse de 12,45 %, contre 0,12 % pour les incapacités permanentes de moins de 10 %.»
«En 2019, le coût d’une incapacité permanente de 40 % et plus est en hausse de 12,45 %, contre 0,12 % pour les incapacités permanentes de moins de 10 %.» Philippe Turpin / Photononstop

Dans le même temps, étrangement, le nombre et la fréquence des accidents ne cessent de baisser. Le recul de la sinistralité se poursuit depuis plus de quinze ans.

Le coût moyen forfaitaire des accidents du travail est en forte augmentation, relevait à la mi-janvier le cabinet d’audit et d’expertise comptable BDO. Selon le barème des coûts moyens diffusé au Journal officiel fin décembre, ils augmentent de 3,7 % en 2019, soit quasiment le double de 2018 (2 %). Et depuis 2012, la progression atteint presque 18 % en évolution des coûts moyens consolidés. Jusqu’à la réforme de tarification de 2010, les taux de cotisation « accidents du travail-maladie professionnelle » étaient ajustés en fonction des dépenses réelles liées aux accidents du travail de l’entreprise. Ils sont depuis fixés à partir des coûts moyens forfaitaires du secteur.

Le coût moyen forfaitaire des accidents du travail est en forte augmentation, relevait à la mi-janvier le cabinet d’audit et d’expertise comptable BDO. Selon le barème des coûts moyens diffusé au Journal officiel fin décembre, ils augmentent de 3,7 % en 2019, soit quasiment le double de 2018 (2 %). Et depuis 2012, la progression atteint presque 18 % en évolution des coûts moyens consolidés. Jusqu’à la réforme de tarification de 2010, les taux de cotisation « accidents du travail-maladie professionnelle » étaient ajustés en fonction des dépenses réelles liées aux accidents du travail de l’entreprise. Ils sont depuis fixés à partir des coûts moyens forfaitaires du secteur.

Le coût moyen forfaitaire est établi chaque année pour chaque domaine d’activité et catégorie de sinistre par l’Assurance-maladie et les organismes paritaires des secteurs (comité technique national) à partir des dépenses moyennes annuelles provoquées par les accidents du travail et maladies professionnelles (soins, indemnités journalières, rentes) du secteur concerné. Le barème des coûts, ainsi constitué, a pour but de permettre aux employeurs d’évaluer l’impact financier des accidents du travail dans leur entreprise.

« Normalement ces coûts devraient être corrélés à la sinistralité [accident du travail/maladie professionnelle] mais, paradoxalement, la fréquence des accidents du travail et leur nombre baissent », déclare Nicolas Moretti, expert risques professionnels chez BDO. En effet, depuis une vingtaine d’années, la tendance générale est à la baisse pour la fréquence des accidents du travail (hormis l’intérim et les services à la personne, action sociale, santé, nettoyage), ainsi que pour leur nombre.

Hausse des coûts selon la nature des accidents

De 760 000 accidents du travail en 2002, ils sont passés à 632 918 en 2017. « Avec une moyenne de 33,4 accidents du travail pour 1 000 salariés en 2017, la sinistralité se fixe à un niveau historiquement bas », confirme la branche risques professionnels de la Sécurité sociale. Les accidents du travail coûtent donc globalement plus cher. La branche « risques professionnels » de l’Assurance maladie donne plusieurs explications à la hausse des coûts moyens, dont « l’évolution conjoncturelle des prestations (IJ)[indemnité journalière] et rentes indexées sur les salaires, l’augmentation du coût des soins, la revalorisation des indemnités en capital » (Rapport annuel 2017 publié le 28 janvier 2019)

L’augmentation des coûts varie fortement selon la nature des accidents. En 2019, le coût d’une incapacité permanente de 40 % et plus est en hausse de 12,45 %, contre 0,12 % pour les incapacités permanentes de moins de 10 %. « Les sinistres de moins de quatre jours représentent 29 % de l’ensemble des sinistres reconnus mais ne pèsent que 2 % dans l’ensemble de la dépense, alors que les arrêts de plus de 150 jours évoquent 7 % des sinistres mais coûtent très cher (62 % de la dépense) », précise le rapport annuel de l’Assurance maladie.

Enfin, cette augmentation du coût moyen « n’est pas sans incidence sur le calcul des cotisations AT/MP [accident du travail/maladie professionnelle] » versées par l’employeur, souligne Nicolas Moretti. En effet, le niveau de cotisation « accident du travail, maladie professionnelle » est réactualisé en fonction du coût moyen forfaitaire, du nombre d’accidents du travail au sein de leur entreprise et de leur masse salariale (coût moyen forfaitaire multiplié par le nombre d’accidents du travail et divisé par la masse salariale). « Le principe plus le risque de l’entreprise est élevé, plus sa cotisation est élevée, est appliqué. Mais les entreprises qui risquent moins peuvent être pénalisées par le coût moyen », regrette M. Moretti.

 

La conséquence improbable des métiers physiques

Selon des nouvelles données, l’activité physique professionnelle n’aurait pas des succès aussi francs sur la santé que celle adoptée en loisir.

« Dix mille pas et plus ». C’était à la fin des années 1940, le docteur ­Jeremy Morris découvrait grâce à un autobus à impériale ce qui allait dévoiler l’un des médicaments les plus universels − et le sujet ­obsessionnel de cette chronique : l’activité physique (AP). L’épidémiologiste britannique constatait en ­effet que les contrôleurs des bus à double étage, très mobiles, faisaient deux fois moins d’infarctus du myocarde que leurs collègues conducteurs, assis 90 % du temps. Pendant des décennies, ­Jeremy Morris a multiplié les études pour démontrer les bénéfices de l’AP, professionnelle ou de loisirs, et les conséquences délétères de la sédentarité.

En 2010, peu après la mort de ce pionnier − à 99 ans et demi −, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a émis des appuis mondiaux sur l’activité physique, pour tous les âges de la vie. Depuis les travaux de ­Jeremy Morris, de nombreuses publications ont confirmé et précisé les bienfaits de divers types d’AP, principalement dans le cadre des loisirs, sur le cœur et bien d’autres organes.

Mais quid des métiers physiquement actifs comme la construction, l’agriculture, la manutention, ou ­encore les soins aux personnes âgées ? Selon des données actuelles, l’activité physique professionnelle (APP) n’aurait pas des bénéfices aussi francs sur la santé que celle de loisirs. Ainsi, une revue de la littérature (23 études prospectives) montre que contrairement à l’AP récréative, qui protège de ­l’infarctus du myocarde avec un « effet dose », l’APP est associée à un risque ­accru d’accident cardiaque, d’autant plus grand qu’elle est intense (Current Opinion in Cardiology, 2013).

Une méta-analyse plus fraîche de 17 études (incluant193 000 participants) retrouve, elle, un risque de mortalité prématurée augmenté de 18 % chez les hommes exerçant une profession avec un niveau élevé d’AP, par rapport à ceux exerçant un métier moins physique. L’association n’est pas observée chez les femmes, décalrent Pieter Coenen (université d’Amsterdam, Pays-Bas) et ses collègues (British Journal of Sports Medicine, mai 2018).

Elévation prolongée de la fréquence cardiaque

Dans leur éditorial paru quelques mois plus tôt dans la même revue, ces auteurs offrent six ­hypothèses pour expliquer ce paradoxe de l’activité physique. De fait, à y regarder de près, les caractéristiques des efforts physiques fournis par des manutentionnaires ou des agriculteurs sont bien différentes de celles d’un entraînement sportif, de déplacements actifs ou de loisirs dynamiques.

Bpifrance désire simplifier le financement de la création de rupture en France

 

Actuellement, les start-up issues de la recherche trouvent beaucoup de difficultés à se financer du fait de la durée du développement de ces entreprises jugée trop longue par les investisseurs.

Bpifrance a annoncé, mercredi 30 janvier, son plan pour défendre l’émergence de pépites françaises dans le secteur de la « deep tech », qui se concentre sur l’innovation de rupture. Une démarche qui traduit une inflexion dans sa politique de financement de l’innovation. Acteur central dans le financement de l’écosystème des start-up françaises, aujourd’hui robuste, l’établissement français souhaite désormais porter une attention particulière à ces start-up singulières, issues de la recherche fondamentale.

Le constat de la banque publique d’investissement est que l’écosystème de financement des start-up classiques – qui ont bénéficié de l’essor d’Internet et du mobile – est aujourd’hui « adapté » à leurs besoins, alors que leurs homologues de la deep tech peinent encore à attirer les capitaux. Un handicap qui s’explique, selon elle, par « le risque technologique élevé » et la durée de développement particulièrement long des projets de ces entreprises.

L’organisme financier s’engage réellement à soutenir directement, et sur la durée, 2 000 start-up de la deep tech d’ici 2023 grâce à une enveloppe de 775 millions d’euros. Sur la même période, elle va également injecter un milliard dans des fonds deep tech afin de renforcer les capacités de financement du secteur. Enfin, elle entend mieux accompagner les acteurs du secteur, pour les aider dans leur passage de la recherche à l’entreprenariat, avec la difficulté notamment à traduire une découverte faite en laboratoire en un résultat à succès. L’établissement veut également inciter au rapprochement entre start-up et grands groupes pour accélérer le développement des premières.

Une opportunité économique pour le pays

Simultanément à l’annonce de ce plan, Bpifrance a également présenté un référentiel permettant de distinguer les entreprises éligibles à ces aides. Celui-ci précise notamment que les start-up intéressées devront avoir « la capacité à lever des verrous technologiques », à créer « un avantage fortement différenciateur », et conserver un lien fort avec le monde de la recherche.

Derrière l’effort consenti par l’établissement français, réside la conviction que la deep tech est une opportunité économique pour le pays : « Dans les prochaines années, l’innovation naîtra de la recherche », déclare Nicolas Dufourcq, le directeur général de Bpifrance, persuadé que la France peut « être aux avant-postes dans les technologies fondamentales ». Cette démarche s’inscrit surtout dans le droit fil de la politique du gouvernement, qui veut convertir l’excellence des filières scientifiques françaises en succès économique dans des domaines porteurs tels que l’intelligence artificielle, la blockchain, l’informatique quantique ou la e-santé. A cet effet, il a installé en juillet 2018 un conseil de l’innovation doté d’un budget de 4,5 milliards d’euros pour financer des actions sur la durée du quinquennat.