Immolation à Lyon : étudiants et enseignants sous le choc
Un jeune homme de 22 ans s’est immolé par le feu, vendredi, laissant un message qui dénonce sa situation de précarité.
Un jeune homme de 22 ans s’est immolé par le feu, vendredi, laissant un message qui dénonce sa situation de précarité.
Deux masters en biomimétisme ouvriront en 2020, s’inspirant de l’ingéniosité du vivant avec l’intention de mieux le préserver en retour.
L’entreprise américaine, dont le modèle combine vente directe et marketing multiniveau, connaît un succès discret mais fulgurant en France.
Où va le travail ? « Levez-vous si vous avez envie d’être libres ! » Ce 12 octobre, le palais des congrès de Strasbourg accueille des « modèles de réussite » venus dévoiler, moyennant 49 euros l’entrée, les clés de leur succès aux 1 800 spectateurs. Tous travaillent pour Modere, une entreprise américaine de vente à domicile de cosmétiques et de compléments alimentaires, implantée en Europe depuis 2015. En France, cet avatar 2.0 de ces réunions popularisées par Tupperware connaît un succès discret mais fulgurant, affichant un bénéfice d’exploitation de 47,1 millions d’euros en 2018 – contre 1,6 million en 2017.
Loin d’appartenir au passé, la vente à domicile a profité de l’instauration du statut d’autoentrepreneur, il y a dix ans. Dans ce secteur, la création annuelle d’entreprises a été multipliée par huit, passant de 3 500 en 2008 à 28 400 en 2018, selon la base Sirene éditée par l’Insee.
Depuis quelques mois, pourtant, le ciel de Modere s’assombrit. La société américaine a fait l’objet de plusieurs signalements auprès des antennes locales de la Répression des fraudes, d’après une source interne. Leurs auteurs s’interrogent sur son modèle économique, inspiré du marketing multiniveau (MLM). Un système dans lequel les distributeurs sont rémunérés sur leurs ventes, mais aussi sur celles des vendeurs qu’ils ont cooptés.
En période de croissance molle, créer son emploi, a fortiori à domicile, a de quoi séduire. D’autant que l’investissement est abordable : 49 euros sans produits. Ajoutez entre 143 et 578 euros pour recevoir les produits-phares de Modere, que l’entreprise incite fortement à tester.
Il y a neuf mois, Céline F. s’est lancée. Sur scène, cette « maman solo » de 32 ans raconte sa vie d’avant, à courir entre trois emplois à temps partiel. Son récit résonne avec l’expérience de la dizaine de vendeurs contactés par Le Monde, souvent mères, ex-employées précaires subissant au quotidien des horaires décalés.
Pour débuter, nul besoin d’être un ancien commercial. Modere fournit des phrases toutes faites, telles que : « Si je vous disais que vous pourriez récupérer [votre] investissement en très peu de temps ? » Pas besoin non plus de recevoir chez soi : vente et recrutement d’autres vendeurs se font par le biais des réseaux sociaux.
Dans une tribune au « Monde », l’économiste Manon Domingues Dos Santos souligne la contradiction entre une limitation de l’immigration et la volonté affichée de pallier les pénuries de main-d’œuvre.
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Emmanuel Macron l’a dit : « Je n’ai pas peur de réfléchir à l’idée de quotas » ; après réflexion, Edouard Philippe a tranché : « Il faut mettre en place des objectifs quantitatifs ou des quotas – les deux termes me vont – en matière d’immigration professionnelle. » En tant qu’économiste, je n’ai pas peur de dire que la mise en œuvre de quotas en matière d’immigration professionnelle est inefficace.
Trois principaux motifs légaux justifient l’immigration extracommunautaire : le motif familial, le motif humanitaire et le motif professionnel. Les deux premiers relèvent des droits et principes constitutionnels que sont le droit de vivre en famille, le droit d’asile et le principe de fraternité. Ils questionnent donc la citoyenne, mais pas l’économiste.
Le motif professionnel est quant à lui fondé sur l’argument que l’économie française a besoin de travailleurs immigrés. Ce motif, lui, interroge l’économiste : pourquoi l’économie française a-t-elle besoin de travailleurs immigrés ? A priori, pour au moins trois raisons.
En premier lieu, le vieillissement démographique met en péril la pérennité du financement des retraites par répartition. L’immigration de jeunes actifs serait un moyen de diminuer le ratio de dépendance. Mais de nombreux travaux de recherche, notamment ceux de l’Organisation des Nations unies (ONU), démontrent que pourvoir au financement des retraites par des migrations de remplacement nécessiterait des flux permanents d’une ampleur inapplicable socialement.
En deuxième lieu, l’économie française, dont la croissance repose sur le travail qualifié, a besoin de compétences. L’immigration de travailleurs disposant d’une compétence – et dont le coût de formation a donc été assumé par d’autres – est économiquement efficace : c’est précisément l’objet de la carte de séjour dite « compétences et talents » qui permet de disposer d’un titre de séjour pour motif économique sans contrat de travail préalable.
En troisième lieu, les entreprises françaises rencontrent, dans certains secteurs d’activité, des difficultés récurrentes à pourvoir certains postes. Pallier ces besoins par un recours à l’immigration est l’objet de la proposition gouvernementale.
Cette proposition interroge l’économiste à trois niveaux : pourquoi certaines entreprises rencontrent-elles des difficultés de recrutement, pourquoi les pallier par l’immigration et pourquoi recourir dans ce cas aux quotas ?
Spécialiste de l’entrepreneuriat académique, Philippe Mustar décrit une tendance des jeunes scientifiques à chercher un « impact » plus direct de leurs travaux à travers la création de start-up.
Selon la BBC, le gouvernement britannique devrait contribuer au sauvetage par l’intermédiaire de garanties de prêts et d’autres soutiens financiers, afin de sauver les quelque 5 000 emplois du sidérurgiste.
Le sidérurgiste en faillite British Steel a été racheté par le groupe chinois Jingye, a annoncé l’organisme public en charge de la faillite du sidérurgiste britannique. « Un contrat de vente a été passé avec Jingye Steel (…) pour racheter les activités et actifs de British Steel Limited (BSL), y compris les aciéries de Scunthorpe (nord de l’Angleterre), les fonderies britanniques, des parts de FN Steel BV (filiale aux Pays-Bas) et British Steel France Rail », l’usine d’Hayange en Moselle, d’après le communiqué d’Insolvency Service.
Le montant du rachat n’a pas été communiqué, mais d’après la BBC et Reuters, il serait de 70 millions de livres (81,2 millions d’euros) et le gouvernement britannique devrait contribuer au sauvetage par l’intermédiaire de garanties de prêts et d’autres soutiens financiers. Le 10 Downing Street souhaite ainsi protéger les 5 000 emplois du sidérurgiste, en grande partie dans le complexe géant de Scunthorpe, dans le nord-est de l’Angleterre.
Selon le Financial Times, Jingye prévoit d’augmenter la production à plus de 3 millions de tonnes par an, contre 2,5 millions auparavant, et d’améliorer les équipements pour les rendre plus économes en énergie notamment. Selon le quotidien britannique, le groupe chinois a fait savoir que pour que British Steel redevienne bénéficiaire, il faudrait « baisser les coûts », ce qui pourrait augurer de suppressions de postes.
British Steel, numéro deux du secteur au Royaume-Uni derrière Tata Steel, a été contraint à la faillite en mai, faute de liquidités suffisantes et après l’échec de discussions avec le gouvernement sur une nouvelle injection d’argent frais. Il avait mis ses difficultés financières sur le compte du Brexit, dont les incertitudes plombent la demande en acier de ses clients européens.
Jingye produit du fer et de l’acier mais a aussi investi dans l’immobilier et le tourisme. Selon son site Internet, le groupe privé possède des actifs évalués à 39 milliards de yuans (5,05 milliards d’euros) et compte 23 500 employés.
La recherche d’un sauveur pour British Steel dure depuis des mois et a fait l’objet de rebondissements : un projet de reprise par le fonds de pension de l’armée turque Oyak ne s’est pas concrétisé à l’expiration d’une période d’exclusivité il y a quelques jours.
Les aciéristes européens ont récemment pointé du doigt la concurrence chinoise pour expliquer leurs difficultés, en plus du ralentissement économique mondial, des incertitudes liées au conflit commercial sino-américain et au Brexit. En mai, l’Association européenne de l’acier (Eurofer) a appelé l’Union européenne à venir au secours du secteur, expliquant que le marché européen était envahi par de l’acier chinois à bas prix à la suite de l’imposition de droits de douane punitifs l’an dernier par les Etats-Unis.
La part de l’Union européenne dans la production mondiale d’acier a chuté en dix ans, entre 2008 et 2018, d’environ 15 % à moins de 10 %, tandis que la Chine produit plus de la moitié de l’acier mondial, d’après l’association mondiale du secteur (WSA).
Au Royaume-Uni, les réactions à la perspective de voir British Steel passer sous pavillon chinois étaient mitigées.
Andrew Adonis, travailliste et ancien ministre des transports, a fustigé sur Twitter la « Chine qui détruit British Steel en inondant le marché d’acier à bas prix » et « rachète maintenant les restes » du géant de l’acier « pour des clopinettes ».
Autre parti d’opposition, le Parti libéral-démocrate (anti-Brexit) a estimé sur le même réseau social que « le rachat de British Steel par une société étrangère devrait faire office de signal d’alarme pour la place de la Grande-Bretagne dans l’économie mondiale ». Il raille les déclarations du parti conservateur au pouvoir sur une « Grande-Bretagne mondialisée » grâce au Brexit.
Côté syndicats, l’un des dirigeants d’Unite en Grande-Bretagne, Steve Turner, saluait l’annonce d’un accord imminent et « la fin de l’anxiété pour des milliers d’ouvriers, leurs familles et communautés », tout en rappelant qu’il y a eu « une série de faux départs » dans le sauvetage de British Steel.
Côté français, où British Steel possède une usine à Hayange en Moselle, Grégory Zabot, représentant CFDT, a indiqué que les employés n’avaient « n’a pas vu [le] projet industriel [de Jingye] ni son plan d’investissement ».
« Où va le travail ? » – Les entreprises font de plus en plus appel à des consultants pour protéger leurs secrets industriels et les données de leurs clients.
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Certaines choses sont trop belles pour être vraies. Comme ce courriel reçu par Marc en janvier 2018. A l’occasion de la nomination de Star Wars 8 aux Oscars, son comité d’entreprise lui annonce qu’est organisé un jeu concours pour les salariés. A la clé, des mugs, des sabres lasers et des costumes. Pour tenter sa chance, il faut seulement remplir le document Word joint. Les images représentant les lots ne se chargent pas. Le texte suggère d’« activer les macros » pour qu’elles apparaissent. Le salarié s’exécute et lance alors le téléchargement discret d’un logiciel malveillant qui permettra de prendre le contrôle de son ordinateur.
Cette fois, Marc a eu de la chance. Le courriel qu’il a reçu n’est pas issu de l’une des 1 869 attaques – pas forcément réussies – signalées en 2018 à l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi). Il a été envoyé par Sylvain Hajri, un consultant mandaté par son employeur pour tester la sécurité de son réseau informatique.
Un manquement grave à la sécurité des données de leurs clients peut coûter très cher aux entreprises depuis l’entrée en vigueur du RGPD
La démarche est de plus en plus courante au sein des grandes entreprises, conscientes que leurs secrets industriels sont l’objet de convoitises, mais aussi qu’un manquement grave à la sécurité des données de leurs clients peut coûter très cher depuis l’entrée en vigueur du règlement général sur la protection des données (RGPD), en mai 2018, – jusqu’à 20 millions d’euros ou 4 % de leur chiffre d’affaires mondial. Pour cartographier leur niveau d’exposition, certaines organisations font donc appel à des experts en intrusion, technique désignée par l’anglicisme « pentester » (contraction de penetration tester).
Avant de s’atteler au test, il faut établir les besoins du client. S’agit-il de trouver des failles ou de tester aussi la réactivité des systèmes de détection internes ? Quelles menaces pèsent sur l’entreprise ? Veut-elle se protéger d’un potentiel employé malveillant, d’un attaquant opportuniste qui chercherait à gagner rapidement de l’argent ou d’une organisation professionnelle qui dispose, elle, de temps et de moyens pour chercher une faille durant des mois ? Faut-il tester seulement un site Web ou aussi les services des sous-traitants et la sécurité du siège social ? L’entreprise et les pentesteurs décident des personnes au courant des tests. Moins les salariés sont informés, plus on s’approche des conditions réelles. Ils doivent aussi s’accorder sur les techniques autorisées. Un e-commerçant appréciera peu qu’un pentesteur paralyse son site pour montrer qu’il est en capacité de le faire.
Visant un impact immédiat, des thésards et doctorants sont tentés, partout dans le monde, par la création d’entreprise. En France, sur fond de crise de la recherche, les pouvoirs publics misent sur cette tendance à travers un plan ambitieux. Portraits de cinq jeunes gens pressés qui ont plongé dans la « deep tech ».
Les filières de création d’entreprise continuent d’attirer les étudiants. Mais les conditions de travail des start-up sont parfois difficiles pour les jeunes diplômés, qu’ils soient fondateurs ou salariés.
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Dans l’ancienne caserne militaire Mellinet, à Nantes, un « camp d’entraînement » est proposé chaque été depuis 2017 aux étudiants et jeunes diplômés. « Radical » et « intensif », le programme Maia Mater impose de vivre sur place pendant quatre mois et promet « de la sueur et des larmes, mais aussi du fun et de gros succès ». A la guerre comme à la guerre ? Les jeunes y sont nourris et logés aux frais de la princesse (en l’occurrence, les collectivités locales) et leur combat ne ressemble en rien à celui des poilus. Au programme des hostilités : se préparer à devenir un primo-entrepreneur, quitte à travailler jour et nuit dans la douleur. « Gratuit et garanti sans bullshit », Maia Mater s’adresse sans détour aux « acharnés, avec une problématique qui les obsède », la création de leur entreprise.
Son fondateur, Quentin Adam, a lui-même créé sa start-up en 2010, Clever Cloud, et a failli y laisser sa santé. « Les premières années, on a fait n’importe quoi. J’ai pris 40 kg et j’ai arrêté de dormir », raconte-t-il au téléphone, le souffle court, en direct de la salle de sport qu’il fréquente désormais quotidiennement. Il a lancé sa première boîte à 18 ans, traversé moult tempêtes et un redressement judiciaire, et met aujourd’hui en garde ceux qui voudraient se risquer dans cet univers impitoyable : « Il faut être un guerrier prêt à travailler dur pour aller sur ce terrain. Ça fait rêver, mais ensuite on est confronté à la réalité. »
Sans filtre et rugueux, le discours du CEO (chief executive officer, « directeur général ») nantais dénote au sein d’un milieu, « l’écosystème », que beaucoup regardent avec des étoiles dans les yeux. Un débouché auquel rêvent bon nombre d’étudiants des écoles de commerce, qui continuent de s’inscrire dans les filières de création d’entreprise. Neoma Business School, par exemple, est passée, en à peine dix ans, de 33 étudiants dans la majeure « entrepreneuriat » à plus de 250. « De plus en plus de jeunes veulent travailler dans les start-up, c’est une tendance de fond, constate Denis Gallot, directeur du StartupLab de l’école, regroupant trois incubateurs et deux accélérateurs. On fait de la sensibilisation à l’entrepreneuriat auprès des élèves, en leur demandant de partir d’une idée pour la soutenir ensuite devant un jury professionnel, avec un business plan. On espère ensuite qu’ils basculent de l’autre côté de la force. »
Reprenant les déclarations de Gabriel Attal sur « les coûts évités par l’Etat grâce aux associations », la sociologue Maud Simonet dénonce, dans une tribune au « Monde », le recours croissant au bénévolat pour assurer à moindre frais les tâches de service public
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Tribune. Formulée la veille d’Halloween, la déclaration de Gabriel Attal, secrétaire d’Etat à l’éducation nationale, sur « les coûts évités par l’Etat grâce aux associations » en a, à juste titre, épouvanté plus d’un. « Si l’Etat gérait ce que font les 70 000 bénévoles des restos du cœur, si c’était des permanents payés au SMIC par l’Etat, cela coûterait 200 millions d’euros par an », a affirmé mercredi 30 octobre M. Attal lors de son audition par la commission culturelle de l’Assemblée Nationale. « Ce sont des bénévoles, c’est une économie », a-t-il ajouté, soulignant qu’à ce titre les associations étaient « une chance et pas seulement un coût pour l’Etat ».
Il y a, en soi, une certaine violence à mettre ainsi en équivalence les valeurs civiques (l’attention aux autres, le sentiment d’injustice, le militantisme) qui poussent certaines personnes à s’engager aux Restos du cœur (ou ailleurs), et la valeur monétaire des économies réalisées par l’Etat grâce à ces engagements. Mais cette violence symbolique ne prend-elle pas une signification bien particulière, finalement politique, quand cette équivalence est ainsi formulée depuis les sommets de l’Etat ? Car le problème principal posé par cette déclaration est sans doute, non pas ce qui est dit à proprement parler, mais qui dit cela…
Que le bénévolat ne soit pas seulement de l’engagement et de la citoyenneté mais aussi du travail, du travail invisible et gratuit qui fait bel et bien fonctionner nos associations mais aussi nos services publics (et, de façon croissante depuis le développement d’internet, nos entreprises également), ce n’est pas la sociologue du travail que je suis qui le contredirait. Que certaines associations ou certains statisticiens puissent vouloir valoriser monétairement le travail bénévole pour rendre visible son poids social et sa valeur économique, comme les féministes l’ont fait il y a plus de 40 ans avec le travail domestique, cela se comprend aussi aisément.
Mais qu’un représentant du gouvernement puisse, selon ses propres termes, « défendre assos et bénévoles » au moyen de cet argument est pour le moins perturbant. Car il manque un chaînon au raisonnement : l’Etat, en effet, ne fait pas qu’utiliser le travail des bénévoles des Restos du cœur comme de tant d’autres associations, il le suscite…
Depuis des années, les pouvoirs publics développent de véritables politiques du bénévolat en soutenant le développement de cette pratique dans tel ou tel secteur, en le valorisant par différents dispositifs (valorisation des acquis de l’expérience, compte d’engagement citoyen…), en l’intégrant dans la mise en œuvre des politiques publiques (dispositif réussite éducative, réforme des rythmes scolaires…), en créant de nouveaux statuts hybrides entre bénévolat et salariat comme les différents types de volontariats devenus en 2010 service civique, lui-même étendu en 2015 aux services publics.