Meublés Airbnb : quand ubérisation du ménage et main-d’œuvre vulnérable font tourner la machine

C’est une recommandation qu’Airbnb formule sur son site Internet, à destination de sa communauté de loueurs de meublés touristiques. Sous la tête de chapitre « Tout ce que vous devez savoir sur les frais de ménage », afin de « garder un prix compétitif », la plateforme préconise : « Négociez avec la personne chargée du ménage. Envisagez de lui demander si elle peut accepter un tarif plus bas en échange de prestations plus régulières. »
Le nettoyage, rouage crucial dans l’activité des meublés de tourisme pour assurer une occupation à flux tendu, constitue, en effet, une dépense que les propriétaires, les plateformes et les grandes conciergeries – spécialisées dans la gestion de la location, de l’annonce au dépôt des clés – cherchent à réduire au maximum, pour préserver leurs marges. Derrière les portes closes des meublés touristiques, la massification des Airbnb et la rentabilité attendue de ce type de locations entraînent des cadences et des conditions de travail difficiles.
Retraitée, Maryvone (les personnes citées par un prénom ont requis l’anonymat) habite dans le Val-d’Oise et complète sa pension en faisant le ménage dans deux studios loués par Airbnb dans le quartier du Marais, à Paris. Elle gagne 30 euros pour un « passage » : soit une heure et demie de ménage (20 euros) et l’entretien du linge (10 euros). « Il y a un lit en mezzanine et un canapé convertible : je récupère les draps et les serviettes, je les trimballe avec une valise et je les lave chez moi – il faut faire deux machines —, je les fais sécher et je les rapporte. Donc ce n’est pas cher payé », témoigne-t-elle. D’autant que le coût des transports n’est pas remboursé.
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