Les salariés neuroatypiques sont un vivier de talents pour l’entreprise
Stigmatisées pour leur manque de sociabilité ou leurs différences comportementales, les personnes neuroatypiques, haut potentiel intellectuel (HPI), Asperger, DYS et souffrant d’autres troubles déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) sont des candidats que les recruteurs accueillent avec une certaine frilosité. Elles constituent pourtant un vivier de talents pour les entreprises, à condition que ces dernières s’adaptent à elles et les emploient aux postes dans lesquels elles excellent.
Après des études d’ingénieur à l’Institut national des sciences appliquées de Rouen, Arnaud Khun a commencé à travailler sur la sécurité et l’environnement pour une entreprise du bâtiment. Cette première expérience professionnelle s’est terminée au bout d’un an. « J’avais beaucoup de difficultés de communication avec mes collègues, on m’a dit que je ne montrais pas assez mes émotions », explique-t-il.
Pendant qu’il recherche un nouvel emploi, il est diagnostiqué Asperger, un trouble du spectre de l’autisme. Il a également un handicap auditif depuis sa naissance, pour lequel il est appareillé. Sa vie prend un nouvel élan lorsque Pôle emploi lui parle d’une formation de développeur en intelligence artificielle (IA) un peu particulière. Un cursus développé dans le cadre des formations gratuites et professionnalisantes à l’IA organisées par les Ecoles IA Microsoft by Simplon en sept mois de cours et un an d’alternance en entreprise, destinées à des demandeurs d’emploi en formation initiale ou en reconversion. « En 2019, nous réfléchissions à comment engager des personnes Asperger dans l’entreprise après leurs études, dans le prolongement d’Aspie Friendly, le programme d’inclusion des autistes dans les universités », raconte Philippe Trotin, directeur de la mission Handicap et accessibilité numérique de Microsoft.
Complications avec le confinement
« Nous avons imaginé de faire une promotion pour les “intelligences atypiques”, incluant les Asperger, les HPI, les TDAH et les DYS, atteints de troubles de l’attention, de dyspraxie ou de dyslexie, etc. » De la promotion 2020, huit personnes ont finalement obtenu leur diplôme et travaillent aujourd’hui comme développeurs IA dans des entreprises du numérique. Un neuvième a abandonné.
Les candidats, identifiés par Pôle emploi et différents réseaux et associations, ont été sélectionnés à l’issue de deux tests, l’un de savoir-être (motivation, autonomie, etc.), l’autre de savoir-faire (niveau en maths, capacité d’abstraction…). « Le groupe était très hétérogène, tant dans la neurodiversité que dans les profils. Il était composé d’hommes et de femmes âgés de 21 à 39 ans, de niveau bac à master, et même un doctorat », détaille Frédéric Bardeau, président et cofondateur de Simplon.co.
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