« L’assurance-chômage n’est pas le seul levier pour augmenter l’emploi »

« L’assurance-chômage n’est pas le seul levier pour augmenter l’emploi »

La réforme de l’assurance-chômage récemment annoncée vient à la fois durcir les conditions d’accès à l’indemnisation et réduire la durée d’indemnisation. Chacun de ces deux paramètres a déjà été modifié lors d’une précédente réforme. Que penser de ce nouveau tour de vis ?

Concernant les conditions d’éligibilité, les durcir peut pousser les employeurs à proposer des contrats plus longs. En 2009, lorsque la durée de travail minimum pour être indemnisé était passée, à l’inverse des réformes actuelles, de six à quatre mois, cela avait induit une augmentation significative de la part des contrats de quatre mois parmi les CDD. Cet argument est à mettre en balance avec le fait que certains demandeurs d’emploi vont se voir privés d’indemnisation à cause de la réforme, principalement des personnes aux trajectoires hachées et des jeunes, dont la situation sera d’autant plus difficile qu’ils ne sont pas éligibles au RSA.

Qu’en est-il pour la durée d’indemnisation ? Nos travaux, comme beaucoup d’autres conduits en France ou à l’étranger, montrent qu’avoir droit à une période d’indemnisation plus longue induit des périodes de chômage un peu plus longues. Deux exemples parmi d’autres. Avant 2009, on peut comparer les demandeurs d’emploi ayant travaillé sept mois dans les deux dernières années et ceux qui avaient travaillé huit mois. Il s’agit de personnes au parcours assez similaire et pourtant, du fait des règles de l’époque, les premières étaient éligibles à sept mois d’indemnisation tandis que les secondes avaient le droit à quinze mois.

Nous avons montré que les premières, qui étaient donc éligibles à huit mois d’assurance-chômage de moins que les secondes, restaient au chômage en moyenne environ deux mois de moins. Toujours avant 2009, on a pu également comparer les personnes qui s’inscrivaient au chômage à 49 ans et celles qui le faisaient à 50 ans. A l’époque, c’est à 50 ans que commençait la « filière seniors », qui donne droit à une indemnisation plus longue. Toutes choses égales par ailleurs, les personnes qui ouvraient un droit à 50 ans étaient éligibles à une durée d’indemnisation en moyenne 30 % plus longue que celles qui ouvraient leur droit à 49 ans et avaient une durée de chômage 6 % plus longue.

Agir de manière oblique

Autre résultat frappant des travaux de recherche : réduire la durée d’indemnisation ne fait pas baisser le salaire de l’emploi retrouvé. En théorie, une durée d’indemnisation plus courte pourrait pousser les demandeurs d’emploi à chercher des emplois de moins bonne qualité. D’un autre côté, rester au chômage plus longtemps exerce un effet à la baisse sur les salaires retrouvés ; une baisse de la durée d’indemnisation peut donc augmenter les salaires du nouvel emploi en raccourcissant le temps passé au chômage. Empiriquement, ces deux effets semblent donc s’annuler.

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LJD

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