La profession des réalisateurs de documentaires est fragilisée par un financement déstabilisé par les chaînes.

La profession des réalisateurs de documentaires est fragilisée par un financement déstabilisé par les chaînes.

Au festival Sunny Side of the Doc, à La Rochelle, en 2016.
Au festival Sunny Side of the Doc, à La Rochelle, en 2016. XAVIER LEOTY / AFP

Le mouvement de réclamations des opérateurs de documentaires poussait depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux. Il s’interprétera bientôt par la création du premier syndicat professionnel, alors qu’il ne présentait jusqu’à actuellement qu’une multitude d’associations.

Cette « Guilde », dont la naissance à l’automne doit être proclamé le 25 juin au festival du documentaire Sunny Side of the Doc à La Rochelle, a montré fin mars sur Facebook, en réaction à la proposition par des syndicats de producteurs d’un salaire minimum – exigé de longue date par les documentaristes – de 120 euros par jour, un montant jugé « méprisant » par ces derniers. Le 20 mai, 500 réalisateurs ont voté pour la formation de ce syndicat.

« Notre rémunération, mais aussi le temps de tournage, baisse depuis plusieurs années, alors qu’on nous demande de faire des films toujours plus exigeants », regrette Elizabeth Drévillon, membre du comité provisoire de la Guilde et coréalisatrice de Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Eglise, dispensé sur Arte en mars.

« Réaffirmer les bonnes pratiques »

Ce futur syndicat entend peser dans les négociations avec les producteurs pour « réaffirmer les bonnes pratiques », déclare Mme Drévillon. Parmi les premiers griefs que la Guilde soutiendra : la rémunération systématique du travail d’écriture en amont, des forfaits moins déconnectés du temps de travail effectif du réalisateur ou encore une transparence sur la répartition du financement du documentaire.

« Le service juridique pourra aussi jouer un rôle de conseil en fournissant des contrats types et des grilles de salaires selon le programme, pour savoir quoi demander à certains producteurs qui fonctionnent parfois à la tête du client », déclare le journaliste Stéphane Bentura, en accentuant être « bien conscient que la production va mal elle aussi ».

La fragilisation du secteur s’est pressée avec le foisonnement des chaînes de télévision au budget modeste

De fait, le bouleversement du secteur s’est accéléré avec le foisonnement des chaînes de télévision au budget modeste. « Le volume de la production de documentaires a été démultiplié avec les chaînes thématiques ou de la TNT, qui ont des capacités financières moins grandes que les chaînes historiques », déclare Stéphane Le Bars, délégué général de l’Union syndicale de la production audiovisuelle (USPA). Pour un documentaire de 52 minutes, un réalisateur est ainsi rémunéré en moyenne 17 090 euros sur les grandes chaînes publiques, contre 9 805 euros sur la TNT, d’après une étude de la Société civile des auteurs multimédia (Scam) de 2018.

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LJD

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