« La gouvernance de nos entreprises reste coupée des analyses de risques à plus d’un an »

« La gouvernance de nos entreprises reste coupée des analyses de risques à plus d’un an »

Tribune. Les économistes ne cessent de nous alerter : si on veut retrouver les rendements d’avant pour compenser rapidement les pertes accumulées par le capital pendant la crise, les tensions sociales, mais aussi le retour de la demande et la capacité d’investissement des entreprises poseront problème.

Le monde n’a cessé de désinvestir sur les biens communs depuis trente ans, dans la santé, l’éducation, l’environnement ; on a préféré des choix en faveur de besoins superficiels, de gaspillages et d’une surrémunération de quelques-uns. Exemple : l’industrie du tabac réalise une performance de 25 % avant impôt, sur le dos des assurances sociales.

Incurie

Ces transferts excessifs ont laissé croire à beaucoup de manageurs et de rentiers que leur revenu était légitime, alors qu’ils n’ont jamais procédé d’un débat ni d’une clarification aux bons niveaux ; ils reflètent l’étroitesse des modes de gouvernance de nos entreprises, très coupées des analyses de risques systémiques à plus d’un an.

Comme on vient de le vivre de façon prémonitoire, on sait pourtant que c’est la gestion plus ou moins réussie de ces risques systémiques – climat, biodiversité, ressources, déchets, inégalités, infrastructures, etc., c’est-à-dire les… dix-sept cibles des objectifs du développement durable des Nations unies – qui va dicter notre capacité à répondre aux besoins des générations qui viennent dans le contexte planétaire chaotique.

C’est la gestion plus ou moins réussie de ces risques systémiques – climat, biodiversité, ressources, déchets, inégalités, etc. – qui va dicter notre capacité à répondre aux besoins des générations qui viennent dans le contexte planétaire chaotique

Si nous ne finançons ni ne régulons pas mieux ces enjeux au sein même du processus économique, et non en le réparant a posteriori, la planète sera à nouveau piégée par son incurie.

Mieux vaut dire la vérité : non seulement, les fonds et les actionnaires devront attendre longtemps un retour à bonne fortune, mais encore celui-ci n’est pas souhaitable. Nous ferions donc mieux de tirer parti de cette situation pour passer d’une rémunération du capital imposée par les investisseurs à une rémunération négociée avec eux.

Certes, personne ne peut décréter les bons ratios. C’est tout l’enjeu de la fameuse « valeur partagée » proposée par Michael Porter [professeur d’économie de l’université d’Harvard] il y a dix ans pour recommander aux entreprises de s’adresser aux besoins non satisfaits de la société civile. Mais le concept a plus conforté des oligopoles qu’il n’a organisé des péréquations entre le Nord et le Sud, les nantis et les autres.

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LJD

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