Journée de colère chez Decathlon pour de meilleurs salaires et contre le milliard d’euros versé à la famille Mulliez

Journée de colère chez Decathlon pour de meilleurs salaires et contre le milliard d’euros versé à la famille Mulliez

Des consommateurs passent devant un magasin Decathlon de la zone commerciale de Plan-de-Campagne ouvert le dimanche, à Cabriès (Bouches-du-Rhône), le 27 avril 2008.

Plusieurs dizaines de salariés de l’enseigne Decathlon s’étaient rassemblés, samedi 7 décembre en début d’après-midi, devant l’entrée du magasin de la place de la Madeleine à Paris, comme un peu partout en France, à l’appel des syndicats. Avant une brève incursion dans l’allée centrale au milieu des clients, imperturbables dans leurs achats, au son d’un « on est là, même si Decathlon ne veut pas, on est là… », entonné au mégaphone. « J’ai toujours été dans la négociation, mais là, c’est trop », juge Guillaume Bera, encarté CFTC et vendeur du rayon cycle du magasin de Cergy (Val-d’Oise), pour qui c’est la « première grève en vingt-six ans de maison ».

Ce qui a mis le feu aux poudres dans cette enseigne spécialisée dans la vente d’articles sportifs, très peu habituée aux mouvements sociaux ? Une annonce de la direction glissée lors d’une réunion de comité de groupe, vendredi 29 novembre, qui a laissé les syndicats « sous le choc » : 1 milliard d’euros versés aux actionnaires de l’Association familiale Mulliez (AFM) au titre de l’année 2024. Après « un peu plus de 800 millions d’euros en 2023 », ajoute Sébastien Chauvin, délégué syndical central pour la CFDT, majoritaire chez les 12 000 employés des magasins en France.

Des montants indécents, selon les syndicats, au regard des évolutions salariales dans les magasins. « En général, un employé de dix ans d’ancienneté gagne à peine à 2 000 euros brut, s’agace M. Chauvin. Avec la revalorisation de 2 % du smic au premier novembre, les salariés se retrouvent rattrapés par le smic et la direction leur dit qu’on verra cela en janvier. Trois mois à attendre, et des fêtes à passer, alors, forcément, l’annonce passe mal, même très mal. »

D’autant que Decathlon, présent dans 78 territoires dans le monde (magasins et centres de distribution), reste l’un des plus rentables des 18 fleurons nordistes (parmi lesquels Auchan, Leroy-Merlin, Boulanger, Flunch, Kiabi…) de la galaxie Mulliez, dont le chiffre d’affaires cumulé avoisine les 100 milliards d’euros. « Après 935 millions d’euros en 2023, le bénéfice devrait être de l’ordre de 830 millions en 2024 », souligne M. Chauvin. En France, où elle exerce un quart de son activité dans le monde, l’enseigne a vu son chiffre d’affaires progresser de 1,24 % sur un an en 2023, et de 22,52 % depuis 2019, à 4,75 milliards d’euros.

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« Un trésor de guerre »

Samedi, les salariés s’étaient donc rassemblés pour appeler à « un partage de la valeur plus équilibré » entre actionnaires et salariés, dans un groupe qui, comme beaucoup d’autres, réduit les coûts pour améliorer la rentabilité au mètre carré de ses magasins, et notamment ceux de sa masse salariale qui a perdu « environ 1 000 équivalents temps plein en 2024 », selon M. Chauvin.

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