Jean-Luc, éboueur en Guyane cité en exemple par Macron, réclame la prime pour les travailleurs de première ligne

Jean-Luc, éboueur en Guyane cité en exemple par Macron, réclame la prime pour les travailleurs de première ligne

Quelle ne fût pas sa surprise lorsque son téléphone s’est mis à vibrer, submergé de messages et d’appels. Jean-Luc Samos, 49 ans, n’avait pas suivi les vœux présidentiels du 31 décembre et ignorait qu’il venait d’être cité en exemple, parmi quinze Français, comme l’un de ces « héros » du quotidien « qui ont tenu notre pays dans l’épreuve ».

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« Jean-Luc est chauffeur-éboueur en Guyane. Avec ses collègues Anthony et Maxime, ils n’ont jamais cessé de travailler depuis le début de la pandémie. Au plus fort du confinement, ils constituaient cette deuxième ligne qui a permis au pays de continuer à vivre et à la vie de continuer », a déclaré le chef de l’Etat ce soir-là, rendant également hommage à Gérard, patron d’une usine de masques, à Romain, gendarme à Tende, ou encore à Mehdi, professeur dans les quartiers nord de Marseille.

La chaîne d’outre-mer Guyane 1re a retrouvé Jean-Luc Samos, chauffeur-éboueur depuis dix-sept ans en Guyane, dans son quartier de Balata, à Matoury. « Etonné » de l’hommage, l’homme originaire de Guadeloupe en a profité pour répondre à Emmanuel Macron, affirmant que ses collègues et lui n’ont pas perçu la prime, défiscalisée et d’un montant maximal de 1 000 euros, promise au début de l’épidémie de Covid-19 pour certains travailleurs « en première ligne » :

« Les primes de 1 000 euros que vous avez mises en ligne et qu’on devait toucher, je n’ai jamais touché ça. J’ai toujours assuré le service minimum. J’estime que mon équipe et moi, on devrait avoir ces primes-là. Je ne pense pas que ce soit une montagne pour vous ! »

Lui qui a continué sa mission au plus fort de l’épidémie, pendant que les Français étaient confinés, précise que si les éboueurs s’étaient arrêtés de travailler pendant les sept mois de crise, la situation aurait été catastrophique en Guyane.

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« Il n’y a eu aucun changement significatif depuis le précédent confinement, déclarait au Monde à la fin de novembre Fabrice Michaud, secrétaire général de la fédération CGT-Transports, qui représente les salariés du privé, à l’occasion d’un article sur les métiers de première ligne. Les éboueurs ont été reconnus d’utilité publique, mais cette reconnaissance ne se fait ni en monnaie sonnante et trébuchante ni en revalorisation des carrières, et encore moins en prise en compte de la pénibilité, qui reste l’une des revendications-phares du secteur. »

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Autre profession en première ligne : les aides à domicile. Quatre mois après la promesse d’Emmanuel Macron qu’une prime soit versée « avant Noël » à celles ayant continué à travailler pendant le confinement, la ministre déléguée à l’autonomie, Brigitte Bourguignon, s’était réjouie jeudi 17 décembre que 101 départements et collectivités départementales (sur 103) se soient « engagés » à le faire. « C’est un effet de communication qui fait croire que quasiment toutes les professionnelles ont touché une prime. Mais ce n’est pas la réalité du terrain », réagissait auprès du Monde Anne, assistante de vie et fondatrice du collectif national La force invisible des aides à domicile, qui s’est créé sur Facebook au printemps.

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Le Monde

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