« Il s’agit de juger les entreprises sur leurs actions et non sur leur prétendue bonne volonté »

« Il s’agit de juger les entreprises sur leurs actions et non sur leur prétendue bonne volonté »

Face à l’atonie des pouvoirs publics, la société civile a raison de demander des comptes aux entreprises sur le « greenwashing », estime le journaliste Olivier Petitjean, dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 06h00, mis à jour à 11h45 Temps de Lecture 3 min.

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« Il est temps de ne plus se payer de mots, ni de belles intentions. »
« Il est temps de ne plus se payer de mots, ni de belles intentions. » Wavebreak Media / Photononstop

Tribune. Dans une tribune datée du 4 octobre, Jérôme Courcier s’en prend aux ONG – et notamment à Oxfam – qui « stigmatis[e]nt systématiquement les acteurs économiques qui prennent des engagements pour la planète ou le bien commun » (« Le “greenwashing” est devenu un lieu commun trop facile »). Il suggère que leurs accusations de greenwashing à l’encontre des grandes entreprises sont trop faciles, dès lors que la « transition écologique et sociale » ne peut être que « progressive ».

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Il donne ensuite quelques exemples de phénomènes qui ne peuvent pas s’arrêter « du jour au lendemain » : l’ouverture de nouveaux gisements de pétrole et de gaz, l’envahissement de nos villes par les 4×4, les rémunérations patronales exorbitantes. Mais il ne faut pas se voiler la face. Dans aucun de ces trois domaines, malgré les grands discours sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre, sur les nuisances de l’automobile en ville ou sur le partage des richesses, on ne voit de signe tangible d’un début de changement de direction. On n’est pas ici dans la « progressivité » ; on est encore dans la régression.

Réalité des chiffres

Avant, pendant et après la signature de l’accord de Paris, les grandes entreprises françaises ont multiplié les déclarations et les engagements sur leur rôle dans la sauvegarde du climat. Mais si l’on regarde la réalité des chiffres, moins d’un tiers du CAC40 a effectivement réduit ses émissions de gaz à effet de serre depuis la COP21. Certains « champions » français de l’automobile (PSA, Valeo) ou de la mode (LVMH, Hermès, Kering) les ont même augmentées de manière significative. La seule firme française à avoir sensiblement réduit son bilan carbone, Engie, ne l’a fait qu’en revendant ses actifs dans le charbon à des investisseurs, sans bénéfice pour le climat.

Ce que les ONG comme Oxfam et bien d’autres pointent à travers la dénonciation du greenwashing, c’est cette dissociation de plus en plus marquée entre les discours publics des grandes entreprises et de leurs dirigeants, et la réalité de leurs pratiques. Disons-le : cette dissociation nous semble délétère pour le débat démocratique.

La seule firme française à avoir sensiblement réduit son bilan carbone, Engie, ne l’a fait qu’en revendant ses actifs dans le charbon à des investisseurs, sans bénéfice pour le climat

Quoi de plus légitime que des associations et des journalistes cherchent à confronter les discours et les engagements des grandes entreprises à leurs actes et à leurs décisions (ou non-décisions) ? Ces actes et ces décisions ont de lourdes conséquences ; il est normal qu’on leur demande des comptes. Les ONG ne le font d’ailleurs pas seulement de manière négative.

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LJD

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