Il faut « donner une valeur aux impacts écologiques et sociaux de l’entreprise »
Tribune. Si les rapports scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et de la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) appellent les sociétés humaines à moins produire, ils nous exhortent surtout à produire autre chose et autrement.
Assurément, un milliard d’euros investi dans les centrales à charbon n’a pas les mêmes impacts sanitaires, écologiques et sociaux qu’un milliard investi dans l’agroécologie. Pourtant, dans le bilan des entreprises, les bénéfices ne reflètent pas toujours les externalités positives ou négatives. Détruire le monde peut-il rester une activité rentable ? Le rendre meilleur peut-il demeurer un acte gratuit ?
Certes, des dispositifs de soutien public (défiscalisation, subventions, etc.) permettent de favoriser certains types d’activités, ce qui a notamment permis le développement, en France et ailleurs, de l’économie sociale et solidaire (ESS), dont les structures concourent par leur activité à l’intérêt général. Pour autant, ce soutien reste marginal à l’échelle d’une économie dont les flux reposent essentiellement sur les mécaniques de rentabilité financière.
Des variables extra-financières
Les entreprises de l’ESS n’ont pas attendu la prise en compte des données extra-financières (sociales et écologiques en particulier) pour développer des modèles innovants, porteurs de sens et d’impacts positifs pour le monde. Pour autant, ces impacts positifs leur donnent peu d’avantages en matière de trésorerie, de bilan, de capacités d’investissement et autres variables financières déterminantes.
Pour faire grandir une économie vertueuse à travers et au-delà de l’ESS, il apparaît nécessaire d’incorporer au plus vite des variables extra-financières au bilan des entreprises : l’entreprise à impact positif ne doit pas être simplement le meilleur choix éthique, mais aussi la meilleure option économique.
Alors, où en est-on de la mesure d’impact des entreprises ? Entrepreneurs, chercheurs et experts-comptables développent en permanence de nouveaux systèmes. Il y a les grands points de référence, comme le modèle « care », qui partent du principe que la valeur « comptable » d’un capital (financier ou non) est toujours égale au niveau de ressources (humaines et écologiques notamment) nécessaires pour maintenir ce capital.
Rien qu’en France, quantité d’outils de mesure et de méthode se développent pour évaluer l’impact des entreprises, de leurs activités et infrastructures : Valor’ESS, Impact Track, Zei, Commune Mesure, l’Impact Score et The Gallion Project illustrent le volontarisme et la créativité dans le domaine.
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