Emmanuel Faber va perdre la direction générale de Danone mais conserve la présidence

Emmanuel Faber va perdre la direction générale de Danone mais conserve la présidence

Emmanuel Faber, directeur général de Danone, à Paris, le 16 février 2018.

La réunion du géant de l’agroalimentaire s’annonçait sous haute tension, soulevant l’épineuse question de la gouvernance de l’entreprise avec, en filigrane, l’avenir de son PDG, Emmanuel Faber. Le conseil d’administration de Danone a voté, lundi 1er mars au soir, pour dissocier les postes de président et de directeur général du groupe. Une défaite pour M. Faber, qui en gardera la présidence et ne restera PDG que jusqu’à ce qu’un nouveau directeur général soit trouvé.

Emmanuel Faber était directeur général depuis 2014 et PDG depuis 2017. Il faisait face à une fronde d’actionnaires depuis plusieurs semaines, qui avaient notamment exigé la dissociation des deux fonctions afin de redonner une nouvelle vigueur au groupe, malmené par la pandémie de Covid-19.

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Une réunion du conseil d’administration a tranché, lundi, et l’information a été annoncée par communiqué de presse, plus de trois heures et demie après le début de ce conclave.

Deux fonds d’investissement à la manœuvre

La direction exécutive du groupe échappera donc à M. Faber, qui, en tant que président du conseil d’administration, sera chargé des orientations stratégiques. « Le processus de sélection d’un directeur général commence à partir de maintenant ; ça va prendre plusieurs mois », a indiqué une source proche de la direction.

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Deux fonds d’investissement avaient fait du départ de M. Faber un préalable au redressement des performances du groupe, dont les volumes de ventes s’érodent depuis plusieurs années, un mouvement aggravé par la crise sanitaire. Ces fonds – entrés récemment au capital à la faveur de la baisse de l’action – ont récemment enfoncé le clou. Artisan Partners, troisième actionnaire avec 3 % du capital, a répété qu’il trouvait « urgent de s’occuper de la structure du conseil et de la direction de la société » et réclamait un changement de direction pour la « réinvention » de Danone.

L’entreprise travaille sur un plan de réorganisation mondiale – Local First –, lancé par Emmanuel Faber et prévoyant jusqu’à 2 000 suppressions de postes parmi ses manageurs.

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Artisan Partners disait vouloir la désignation d’un nouveau président et d’un nouveau directeur général, dotés d’une « expertise extérieure pertinente ». Il n’a pas eu entièrement gain de cause. Les administrateurs ont rejeté – à l’unanimité, a pris soin de préciser la direction – une proposition qui consistait à interrompre Local First.

Le fonds activiste Bluebell Capital Partners, basé à Londres et d’envergure plus modeste, demandait aussi qu’un directeur général soit cherché en dehors de Danone. Selon lui, les actionnaires étaient « massivement » en faveur de la séparation des fonctions de président et directeur général. Il menaçait de mettre le sujet à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale, fin avril, si le conseil d’administration ne s’en saisissait pas.

Patron connu pour défendre un capitalisme libéré du court-termisme, plus vert et plus social, Emmanuel Faber était le premier dirigeant de Danone non issu de la famille Riboud. Il s’était jusqu’ici contenté de dire qu’il n’était « pas dogmatique » sur la dissociation des fonctions.

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« Je suis vraiment très heureux que nous ayons pris les dispositions de gouvernance permettant déjà d’anticiper la phase suivante du développement de cette entreprise unique qu’est Danone », a assuré M. Faber, cité dans le communiqué.

Gages aux actionnaires

Le groupe paraît en tout cas soucieux de montrer qu’il n’oubliait pas de rétribuer ses actionnaires. Le 19 février, lors de la présentation des résultats, Emmanuel Faber a annoncé que la rémunération des principaux dirigeants de Danone, dont la sienne, serait désormais en partie subordonnée à l’évolution des dividendes et du cours de Bourse.

Et, dimanche, à la veille de la réunion du conseil, le groupe a annoncé qu’il allait se désengager du géant chinois des produits laitiers Mengniu et que les fruits de l’opération seraient reversés « dans leur majorité » aux actionnaires. Selon Danone, sa participation dans Mengniu est actuellement valorisée à hauteur de 850 millions d’euros.

Inquiets de voir les fonds d’investissement dicter la stratégie, plusieurs syndicats du groupe (CFDT, FO et CGC) avaient apporté leur soutien à la gouvernance actuelle. « Moi, que ça soit machin, tartempion ou bidule qui gère l’entreprise, à partir du moment où ils appliquent la même politique qu’on a aujourd’hui, ça nous va bien. Ce n’est pas l’homme qu’on défend, c’est la gouvernance », a déclaré Bruno Largillière, coordonnateur CFDT chez Danone, tout en précisant préférer que M. Faber reste en place. « On ne comprendrait pas du tout qu’il soit remis en cause pour apporter plus de bénéfices aux actionnaires qui aujourd’hui arrivent, ne pèsent que 3 % et viennent révolutionner l’entreprise », a-t-il ajouté.

Le Monde avec AFP

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