Compte personnel de formation : le reste à charge ne passe pas au sein de la majorité

Compte personnel de formation : le reste à charge ne passe pas au sein de la majorité

Muriel Pénicaud, alors ministre du travail, lors de sa passation de pouvoirs au ministère, à Paris, le 7 juillet 2020.

Le compte personnel de formation (CPF) n’en finit plus de provoquer des remous au sein de la Macronie. Les critiques fusent dans le camp du chef de l’Etat, depuis que l’exécutif a décidé de faire payer les individus qui utilisent ce dispositif pour acquérir de nouvelles compétences. Parmi les voix qui s’élèvent, il en est une qui a retenu l’attention : c’est celle de Muriel Pénicaud, ministre du travail de mai 2017 à juillet 2020 – durant le premier mandat du président de la République. Dans un entretien au Journal du Dimanche (JDD) du 18 décembre, elle considère que le choix du pouvoir en place constitue « une erreur sociale et économique. Et donc politique ».

Sa prise de parole fait suite à un amendement au projet de loi de finances pour 2023 déposé par le gouvernement samedi 10 décembre. Il vise à instaurer « une participation du titulaire » du CPF, quel que soit le montant des droits dont celui-ci bénéficie. Autrement dit, un reste à charge est imposé aux actifs qui veulent suivre une formation en mobilisant leur compte. Deux catégories n’ont pas à mettre la main à la poche : les chômeurs et les personnes qui ont recours au CPF dans le cadre d’un projet élaboré avec leur patron.

Mme Pénicaud considère que de tels changements tournent le dos à la réforme du CPF, qu’elle avait portée, en 2019, conformément à la « vision transformatrice » d’Emmanuel Macron. A l’époque, cet outil avait été libéralisé en créant un système de crédit en euros – et non plus en heures – adossé à une plate-forme en ligne qui ouvre la voie à un large éventail de titres, diplômes et certifications. Le but était de donner « à chacun » la possibilité « de se former tout au long de la vie », indique-t-elle dans les colonnes du JDD.

« Un problème de méthode »

Si les demandeurs d’emploi ne sont pas mis à contribution, l’ex-ministre déplore qu’une telle exonération ne joue pas également pour les travailleurs percevant de bas salaires : « Un reste à charge de 20 % à 30 % est évoqué. C’est énorme ! Imaginez quand vous êtes au smic ! Même 50 euros, c’est 50 euros de trop. » Avec ce ticket modérateur, le gouvernement veut contrôler la dépense imputable au CPF, qui s’est envolée (6,7 milliards d’euros au cours des trois dernières années). Mme Pénicaud estime, elle, qu’envisager le dispositif « comme un coût, et non pas comme un investissement, est une erreur stratégique ».

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Le 13 décembre, lors d’une réunion du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, plusieurs personnalités avaient déjà manifesté leur agacement, en interpellant vigoureusement Carole Grandjean, la ministre déléguée chargée de l’enseignement et de la formation professionnels, qui était présente. La démarche du gouvernement posait « un problème de méthode », confie Jean-René Cazeneuve, député du Gers et rapporteur général de la commission des finances, en regrettant que l’amendement incriminé soit sorti du chapeau durant un week-end, sans discussion approfondie en amont. Sur le fond, il approuve la mesure, qui « ne change pas l’esprit du CPF », selon lui, tout en contribuant à combattre les « abus » et les « fraudes ».

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