Accidents du travail : « L’indifférence que la situation a suscitée jusqu’à aujourd’hui doit inquiéter et interpeller »

Il y a des morts qui importent moins que d’autres. Le plus souvent, les homicides (meurtre, assassinat) donnent lieu à des dramatisations médiatiques importantes.

A l’inverse, pendant longtemps, la mortalité routière et la violence intrafamiliale étaient des impensés de la vie sociale. Elles avaient une très faible visibilité et n’étaient pas traitées comme des problèmes méritant une attention particulière. La situation a changé depuis une quinzaine d’années, même si leur banalisation n’a pas été éliminée.

Triste bilan

La violence subie au travail va-t-elle connaître le même sort et être reconnue comme une situation chronique, socialement dommageable, pénalement sanctionnable et méritant une mobilisation particulière ? C’est ce que semble amorcer la campagne lancée par la nouvelle ministre du travail [Astrid Panosyan-Bouvet] il y a quelques jours.

Lire le décryptage : Article réservé à nos abonnés Pourquoi des salariés ne déclarent pas leurs accidents de travail

Les chiffres sont affligeants. Il y a en France 100 accidents graves par jour et deux décès quotidiens, soit de l’ordre de 750 annuels. Ce triste bilan est à peu près au même niveau que l’ensemble des homicides commis. On ne peut plus se contenter de dire qu’il y a fatalité d’un côté et insécurité de l’autre. C’est à tort que certains opposent l’erreur technique à la faute intentionnelle. C’est l’indifférence que ces situations ont suscitée jusqu’à aujourd’hui qui doit inquiéter et interpeller.

Il a fallu attendre novembre 2022 pour que le Collectif des familles : stop à la mort au travail se constitue et entame des actions pour faire reconnaître l’ampleur du problème et de son déni social.

Lire la tribune : Article réservé à nos abonnés Accidents du travail : « Pour une politique zéro mort ! »

Il n’est cependant pas possible de soutenir que l’on a alors découvert l’ampleur de l’enjeu. La Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) publie annuellement des données sur ce sujet. Une enquête de la Cour des comptes de 2018 dresse le bilan de la réforme de l’administration du travail de 2015 et attire l’attention sur l’enjeu de la sécurité.

Un nombre sous-estimé

Un second rapport de 2024 analyse les ressources humaines de ce ministère et leurs conséquences, entre autres sur la sécurité au travail. Un ouvrage de Matthieu Lépine est explicitement intitulé L’Hécatombe invisible. Enquête sur les morts au travail (Seuil, 2023). Mais il n’a absolument pas eu le même écho que celui sur les pratiques des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), ni dans la presse, ni chez les pouvoirs publics. Nul ne peut pourtant plaider l’ignorance.

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Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, au « Monde » : « Il y a besoin de responsabiliser les entreprises sur chaque euro d’aide publique »

Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, à Paris, le 28 août 2023.

La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, estime que la situation politique actuelle permet aux partenaires sociaux de jouer un plus grand rôle et de faire avancer leurs revendications. Elle s’inquiète des plans sociaux en cours, mais aussi des restructurations et pertes d’emploi moins visibles, qui se produisent notamment dans les petites entreprises.

Le projet d’accord sur l’assurance-chômage, sur lequel la CFDT rendra sa décision définitive jeudi 21 novembre après un premier avis favorable, engendre d’énormes économies. Est-ce vraiment une avancée pour les salariés et les demandeurs d’emploi ?

Oui, ça l’est. Pour la CFDT, il y avait un enjeu d’être en responsabilité, à la fois sur la gestion du régime et sur la trajectoire financière. Et puis nous avions ciblé des publics particuliers, notamment les saisonniers et les premiers entrants dans l’assurance-chômage – des jeunes, autrement dit –, pour lesquels nous voulions améliorer les règles.

Je suis tout à fait lucide sur le fait que l’accord dégage des économies, que des efforts sont demandés. La boussole de notre organisation, c’était qu’ils soient justes et le mieux répartis en fonction des demandeurs d’emploi, et que les employeurs prennent leur responsabilité. Nous savions aussi qu’en cas d’échec, la réforme violente de [l’ancien premier ministre] Gabriel Attal, qui a été suspendue, était toujours dans le paysage. L’enjeu de réussir était donc d’autant plus important.

L’accord sur l’emploi des seniors contient peu de mesures normatives. Incitera-t-il les entreprises à garder ou à embaucher des salariés proches de la soixantaine ?

L’accord permet de clarifier ce sur quoi on s’entend avec le patronat. Je ne pense pas que sur les seniors, il y ait une recette miracle, avec une mesure qui va tout régler. Mais il faut que nous puissions avancer progressivement. Nous verrons ce que le compromis trouvé produira, notamment sur la retraite progressive désormais ouverte à partir de 60 ans grâce à cet accord et nous reprendrons rendez-vous car le débat n’est pas clos.

Le gouvernement, qui vous avait invité à négocier, a salué les discussions achevées jeudi. Est-ce le retour en grâce des partenaires sociaux après sept années lors desquelles ils ont été malmenés ?

Je ne suis pas là pour refaire le film. Ce qui m’importe, c’est que la CFDT a tenu son rôle pour les travailleurs et les demandeurs d’emploi. Je savais qu’il fallait être au rendez-vous et nous l’avons été. J’attends maintenant que le gouvernement le soit, à son tour, en concrétisant cette confiance, avec une transposition rapide dans la loi des dispositions qui le nécessitent.

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Paradoxe dans l’industrie : les plans sociaux se multiplient alors que les difficultés de recrutement persistent

A la Haute Ecole de formation aux métiers de soudage HEFAïS, à Cherbourg (Manche), le 29 octobre 2024.

Quelques minutes pour décrocher non pas l’amour mais un emploi. Le 7 novembre à Valenciennes (Nord), l’Union des industries et métiers de la métallurgie du Grand-Hainaut, dans les Hauts-de-France, a organisé un job dating sur le modèle des speed dating amoureux, pour tenter de répondre au besoin de main-d’œuvre industrielle dans la région.

Une autre rencontre de ce type est programmée le 26 novembre à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), toujours encadrée par la fédération patronale locale. A chaque fois, une vingtaine d’entreprises y proposent une centaine de postes à pourvoir, en CDI, CDD ou intérim. Opérateurs ou techniciens dans la mécanique, la maintenance ou l’usinage de pièces, les profils sont variés.

Cette initiative particulière témoigne du paradoxe plus large qui traverse le monde industriel, alors que débute, lundi 18 novembre, la Semaine de l’industrie organisée par le gouvernement. Les plans sociaux qui se multiplient dans l’automobile ou la chimie – chez Michelin, Vencorex, etc. – marquent l’agenda social et illustrent le coup de frein à la réindustrialisation entamée ces dernières années ; mais, dans le même temps, l’industrie française pâtit d’une pénurie chronique de main-d’œuvre.

Selon la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares, rattachée au ministère du travail), « 66 630 emplois » industriels étaient vacants dans le pays au deuxième trimestre de cette année. Ce chiffre, qui a triplé entre 2015 et 2023, ternit le bilan du gouvernement, alors que « 130 000 emplois ont été créés dans l’industrie depuis 2017, dont 28 000 en 2023 », note la direction générale des entreprises du ministère de l’économie.

« Une image passéiste et caricaturale »

Ce regain industriel est d’autant plus fragile que les difficultés des entreprises à recruter – en particulier les TPE et les PME, moins bien loties que les grands groupes – persistent. « Quelque 260 000 projets de recrutements sont prévus dans l’industrie en 2024, or près de 60 % de ces recrutements sont jugés difficiles par les entreprises », regrette le ministre délégué à l’industrie, Marc Ferracci, qui considère que le sujet est « un enjeu crucial pour le pays ». L’ensemble des secteurs sont concernés, aussi bien les industries traditionnelles que les filières dites « d’avenir ».

En cause notamment l’image ou la méconnaissance des métiers industriels. La désindustrialisation des quarante dernières années a traumatisé de nombreux territoires et marqué les mémoires familiales, éloignant d’eux les nouvelles générations.

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Chez Orange, un nouveau plan de départs pour les seniors

Vincent Lecerf, directeur des ressources humaines et de la transformation du groupe Orange.

Malgré le succès de son dernier plan de départs pour les seniors, achevé en 2022, Orange affirmait ne pas vouloir lancer un nouveau « temps partiel senior » (TPS). En plus de son coût (1,7 milliard d’euros), la direction de l’opérateur télécoms s’inquiétait de son effet déstabilisateur : en 2022, 7 600 salariés s’étaient précipités sur le dispositif, dont beaucoup à la dernière minute, ce qui avait désorganisé certains services et fait disparaître des compétences techniques.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Orange, victime du succès de son plan de départ pour les seniors

Orange fait finalement volte-face. Le 7 novembre, lors d’une réunion avec les syndicats organisée dans le cadre des négociations triennales sur la gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP), le groupe a ouvert la porte à un nouveau TPS. « Cela répond à une demande forte du corps social », explique Vincent Lecerf, le directeur des ressources humaines d’Orange. De nombreux salariés regrettaient de n’avoir pas pu profiter du précédent plan à quelques mois près.

Selon les modalités dévoilées par les organisations syndicales, le nouveau TPS couvrirait la période 2025-2028. Il pourrait être activé par le salarié cinq ans avant son départ à la retraite : la première année serait travaillée à 50 % et rémunérée à 70 % ; les quatre suivantes seraient libérées et payées à 60 %, avec un minimum de rémunération garanti. Pour être éligible, il faudrait afficher quinze années d’ancienneté, avec un âge de départ à la retraite compris entre 2026 et 2033.

L’objectif de la direction est de lisser au maximum les demandes de TPS pour éviter de connaître le même choc qu’en 2022. Le plan pourrait être accompagné d’engagements sur les embauches. Le précédent en prévoyait 8 000, objectif quasiment atteint selon Orange.

A bas bruit

Pour M. Lecerf, le TPS « est le dispositif le plus approprié pour accompagner l’adaptation des effectifs du groupe » des activités en déclin vers celles en croissance, dans un contexte où « les évolutions technologiques et les nouveaux usages numériques provoquent une transformation profonde et rapide du secteur des télécoms ». D’autres grands opérateurs télécoms européens (Telefonica, Vodafone, BT, Deutsche Telekom…) ont d’ailleurs annoncé des plans de départs ces deux dernières années.

Créé par Stéphane Richard, l’ancien PDG d’Orange, au lendemain de la crise des suicides de 2008-2009 (35 salariés s’étaient donné la mort en deux ans), comme un outil d’apaisement social, le TPS est devenu un moyen de réduire à bas bruit les effectifs et la masse salariale. Le nouveau millésime permettrait d’anticiper le départ à la retraite de 1 500 à 2 000 personnes par an. Sur les quatre années du plan, cela représenterait 6 000 à 8 000 salariés, soit 9 % à 12 % des effectifs d’Orange en France. Ils s’ajouteraient aux 42 000 salariés passés par le dispositif depuis sa création en 2010. En dix ans, les effectifs de l’opérateur dans l’Hexagone ont fondu d’un tiers, pour tomber à 65 000 salariés (dont 11 000 fonctionnaires), avec une moyenne d’âge de 49 ans.

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Handicap et futur emploi : l’alerte des associations étudiantes

« Je te rends service en ne te donnant pas le tiers-temps car, de toute façon, ceux à qui je le donne ne réussiront pas le concours. » Ce sont les propos adressés par un membre du service handicap d’une université à un étudiant témoignant dans le cadre d’une enquête sur le vécu des personnes en situation de handicap dans les études de santé. « Ce n’est pas le seul verbatim de cette nature », observe Chloé Sabatier, vice-présidente de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf), partie prenante de l’enquête publiée en mars 2024 et menée avec d’autres fédérations en médecine, kinésithérapie, dentaire, science infirmière, psychomotricité, orthophonie, obstétrique, ergothérapie, et avec le réseau 100 % Handinamique.

« 48,2 % des répondants ont subi des discriminations des étudiants, des enseignants et même des missions handicap, comme ici, poursuit Chloé Sabatier. 63,2 % craignent que leur handicap nuise à leur réussite et si 70 % ont une aide pour les examens, seuls 33 % en bénéficient pour les nombreux stages exigés par leur formation. » Or, c’est la clé de leur future insertion professionnelle.

Trop d’étudiants à la peine ? Près de 60 000 d’entre eux sont accompagnés par une mission handicap et le budget de l’Etat qui leur est consacré est passé de 7,5 à 22 millions d’euros en trois ans. Toutefois, les besoins restent immenses. « Il arrive qu’il n’y ait qu’un référent handicap pour 700 étudiants dans certaines universités, rendant le soutien complexe, voire inexistant », ajoute Chloé Sabatier.

« Inégalité des aides »

Le signal d’alarme tiré par l’Anepf n’est pas isolé. L’Association nationale des étudiants en Staps (Anestaps) a aussi mené une consultation, qui sera publiée jeudi 21 novembre, sur l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap dans le monde du sport. Elle conclut qu’il est très difficile d’accéder à un emploi dans ce domaine, d’après 77 % des répondants.

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« Nous dénonçons aussi le manque de place accordé à ce sujet dans nos études, alors que nos futurs métiers nous y confronteront, mais aussi l’inégalité des aides d’une université à l’autre pour les étudiants concernés », affirme Emma Leonardi, étudiante en 3e année de licence Staps « activité physique et adaptée et santé » à Nantes, et vice-présidente de l’association. Comme Chloé, elle espère que la consultation de l’Anestaps encouragera des pratiques plus inclusives.

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Le Sénat veut pousser le gouvernement à faire travailler davantage les salariés pour financer les politiques du grand âge

Dans l’une des chambres de l’Ehpad de la résidence Kersalic, à Guingamp (Côtes-d’Armor), le 16 octobre 2024.

Travailler davantage pour renflouer des Ehpad dont les deux tiers sont en déficit, soutenir les services d’aide à domicile, amorcer le financement d’une loi pour le grand âge : pour le Sénat, il y a urgence. A l’occasion de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qui débute lundi 18 novembre au Palais du Luxembourg, Elisabeth Doineau, sénatrice (Union des démocrates et indépendants, UDI) de la Mayenne et rapporteuse générale du budget de la Sécurité sociale, défendra un amendement instaurant une « contribution de solidarité par le travail ».

Selon le même schéma que la « journée de solidarité » créée en 2004 après la canicule de 2003, la mesure impose sept heures de travail supplémentaires non payées chaque année aux salariés des secteurs privé et public. Elle a toute chance d’être votée par la majorité sénatoriale de droite et du centre. Les salariés pourraient décider, avec leur employeur ou par branche, la répartition, sur l’année, de ces heures supplémentaires. Leurs employeurs verseraient, en contrepartie, une fraction du montant des cotisations sociales à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, qui finance les politiques pour les personnes âgées et handicapées. Des efforts auxquels, assure la sénatrice, les Français consentiront, à condition qu’ils comprennent qu’ils « servent à affronter le mur du vieillissement qui est devant nous ».

La « contribution » dégagerait, selon la sénatrice, 2,5 milliards d’euros par an. Le président du Sénat, Gérard Larcher, est monté en première ligne, dimanche, pour défendre la mesure : « On ne peut pas se plaindre en permanence qu’on ne répond pas à l’enjeu de l’autonomie et du vieillissement sans répondre par une démarche de solidarité », a-t-il plaidé, dans un entretien au Journal du dimanche publié samedi 16 novembre.

Idée « judicieuse »

Le premier ministre, Michel Barnier, se montre plus dubitatif. « Je suis très réservé sur cette idée, complexe à mettre en œuvre et dont je ne suis pas sûr qu’elle rapporte ce que certains prétendent », a-t-il confié à Ouest France, jeudi 14 novembre. Selon nos informations, M. Barnier n’est, en outre, pas favorable à une introduction du dispositif par voie d’amendement. A ses yeux, une concertation préalable avec les partenaires sociaux s’impose.

De son côté, le ministre de l’économie, Antoine Armand, a jugé jeudi sur Sud Radio l’idée « judicieuse ». Laurent Saint-Martin, ministre du budget, s’y est dit « favorable » dimanche sur LCI. « Je pense que tout ce qui permet à notre pays de montrer qu’on peut travailler davantage pour participer à l’effort de redressement va dans le bon sens », avait-il déjà avancé le 29 octobre sur TF1. Mais « c’est un débat au sein du gouvernement, car le premier ministre lui-même a émis des réserves » sur la question, s’est-il repris dimanche.

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Après Michelin, ArcelorMittal envisage la fermeture de deux sites en France

Un ouvrier en tenue de protection regarde le site d’une usine d’ArcelorMittal, alors que le site fait l’objet d’un plan de réduction de son empreinte carbone à hauteur de 35 % pour 2030, à Fos-sur-Mer, le 22 février 2023.

Le sidérurgiste évoque le « contexte économique difficile » dans l’industrie et l’automobile. Après Michelin, ArcelorMittal envisage l’arrêt de deux petits sites en France, à Reims et Denain, dans le Nord, pouvant entraîner la perte de 130 emplois.

« Le 19 novembre 2024, la direction de la société ArcelorMittal Centres de services a réuni les membres de son CSE afin de les informer d’un projet de réorganisation de la société et d’adaptation de ses capacités de production. Ce projet inclut le possible arrêt des sites de production ArcelorMittal Centres de services de Reims et de Denain », a annoncé ArcelorMittal France dans un bref communiqué mardi soir.

La société ArcelorMittal Centres de services, filiale spécialisée dans le commerce de gros de métaux et minéraux aux entreprises, « est confrontée à une forte baisse d’activité chez ses clients industrie et automobile qui s’est accélérée ces derniers mois », explique le sidérurgiste.

L’annonce pourrait provoquer la perte d’environ 130 emplois, une centaine à Reims et une trentaine à Denain, ont rapporté à l’Agence France-Presse (AFP) le délégué syndical central CGT David Blaise et le coordinateur CFE-CGC Xavier Le Coq.

La direction affirme avoir « expliqué » aux représentants des salariés les « contraintes qui la conduisent à présenter ce projet » et « invite les partenaires sociaux à une prochaine réunion fin novembre dans le cadre du processus d’information-consultation ». « Des négociations avec les organisations syndicales auront lieu sur les mesures sociales afin de limiter l’impact sur l’emploi », précise le sidérurgiste.

Des actions prévues

Pour David Blaise, « comme le font toujours les capitalistes », cette décision est justifiée « par la compétitivité, les coûts fixes trop élevés, la situation économique en déclin et notamment de l’automobile ». « On a une baisse du carnet de commandes, mais (…) il y avait d’autres solutions, se diversifier vers d’autres activités » par exemple, ajoute-t-il.

« On savait bien ce qui allait se passer dans l’automobile mais rien n’a été anticipé », critique le représentant des salariés. Juste avant les fêtes de fin d’année, « pour les salariés, c’est dur ». Alors que le site de Denain se met en grève immédiatement, des actions sont prévues « sur tous les sites » ArcelorMittal lundi et mardi, a ajouté le syndicaliste.

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ArcelorMittal avec ses hauts fourneaux de Dunkerque et de Fos-sur-Mer fournit en acier en particulier les usines d’automobile et l’industrie du bâtiment et travaux publics. En septembre, la CGT d’ArcelorMittal avait mené une journée d’action pour « défendre la sidérurgie française » et spécifiquement au sein des bases françaises du deuxième sidérurgiste mondial, où nombre de salariés sont encore hantés par la douloureuse fermeture des hauts fourneaux de Florange en 2012.

Michelin, invoquant également la baisse des volumes de vente dans l’automobile, a annoncé le 5 novembre la fermeture en 2026 de ses usines de Vannes et Cholet (1 254 emplois). Tout en soulignant le besoin d’emplois dans certains secteurs industriels qui ont le vent en poupe, le ministre délégué chargé de l’industrie, Marc Ferracci, a admis samedi qu’il y aurait d’autres annonces de fermetures de sites industriels en France après celles annoncées de Michelin.

L’industrie automobile en Europe est particulièrement touchée par le ralentissement, avec 32 000 suppressions de postes annoncées au premier semestre chez les équipementiers automobiles européens.

Le Monde avec AFP

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Teleperformance veut supprimer un tiers de ses effectifs en France

C’est une mauvaise nouvelle supplémentaire sur le front de l’emploi. Après les annonces chez Michelin et chez Auchan, Teleperformance France a indiqué, mardi 19 novembre, prévoir « l’ouverture d’un plan de départs volontaires qui concernerait 598 postes », confirmant une information de La Lettre. Ce chiffre représente 32 % des effectifs (1 862 personnes) de la filiale française du numéro un mondial de la relation client. Le groupe souhaite aller vite : un accord de méthode doit être négocié avec les syndicats d’ici à la mi-décembre, et les discussions sur les modalités du plan devraient durer quatre mois.

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« Depuis plusieurs années, Teleperformance France fait face à des défis structurels significatifs qui nécessitent aujourd’hui une nouvelle organisation afin de restaurer sa compétitivité et d’assurer sa pérennité dans un environnement de plus en plus concurrentiel », justifie l’entreprise. Selon ses comptes sociaux, la société a accumulé près de 20 millions d’euros de pertes au cours des quatre dernières années. « Et les prévisions pour 2025 sont alarmantes, avec des projections de chiffre d’affaires en recul de 19,5 % », lance Karine Jan, la directrice générale de Teleperformance France, dans un e-mail adressé aux salariés.

Selon le groupe, « les investissements réalisés et les mesures entreprises ces dernières années pour retrouver de la compétitivité en France n’ont pas permis de retourner la situation ». « Depuis 2022, 50 % des contrats perdus le sont en raison de nos prix trop élevés », argumente Mme Jan. Teleperformance dit souffrir aussi de surcapacités : « plusieurs » des treize sites en France « ont des taux d’occupation inférieurs à 15 % », insiste la directrice générale.

Pas de fermeture de site

Dévoilé aux syndicats vendredi 15 novembre, le plan de départs s’intègre dans le cadre d’un « projet de transformation et de réorganisation » avec la création de quatre « pôles spécialisés d’expertise », à Bordeaux, Le Mans, Orléans et Villeneuve-d’Ascq (Nord), auxquels seraient rattachés les neuf autres sites du groupe en France – Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), Belfort, Laval, Lyon, Montigny-le-Bretonneux (Yvelines), Montpellier, Niort, Reims (Marne) et Toulouse. Teleperformance assure qu’aucune fermeture de site n’est au programme.

Les syndicats redoutaient ces annonces depuis l’acquisition, en octobre 2023, par Teleperformance de Majorel, l’un des principaux concurrents français du groupe (7 500 salariés en 2024), ce qui avait eu pour conséquence de créer des doublons et de favoriser un arbitrage entre les deux filiales françaises.

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« Placée au cœur des espoirs électriques de Ford, l’usine de Cologne sera l’une des premières victimes de son plan de restructuration européen »

Une voiture reçoit sa peinture sur la chaîne de production du Ford Explorer électrique de l’usine de Cologne, dans l’ouest de l’Allemagne, le 4 juin 2024.

Ils avaient fière allure, ce 2 octobre 1930 à Cologne (Allemagne), pour la pose de la première pierre. Konrad Adenauer, le maire de la ville et futur chancelier du pays, accompagnait alors Henry Ford, l’inventeur de l’automobile moderne. Deux figures du XXe siècle réunies pour lancer la construction de la première grande usine de l’Américain sur le Vieux Continent.

Destin fascinant que celui de cette usine emblématique, témoin des ambitions planétaires américaines du début de siècle, puis du renouveau industriel allemand des années 1930, des affres de la seconde guerre mondiale (elle fut maintes fois bombardée par les alliés en 1943), de la reconstruction de l’après-guerre et, enfin, des ambitions contrariées de Ford en cette année 2024. Placée au cœur des espoirs électriques de la firme, elle sera l’une des premières victimes du plan de restructuration annoncé par le constructeur américain mercredi 20 novembre. Il prévoit la suppression de près de 4 000 emplois, soit 14 % de ses effectifs européens, d’ici à 2027, dont 2 900 en Allemagne, essentiellement à Cologne.

Depuis deux ans, l’usine, qui produisait les modèles Fiesta, s’était pourtant modernisée pour accueillir le cœur de l’offre électrique de Ford, le SUV Explorer et la plus petite Capri. Mais au moment même du lancement de l’Explorer, Berlin a retiré, en 2024, ses aides à l’achat de véhicules électriques. Le marché automobile allemand a chuté de plus de 26 % sur les dix premiers mois de cette année. Ford pointe les atermoiements des dirigeants européens. « Ce dont nous manquons en Europe, c’est d’un agenda politique clair, d’investissements en infrastructures et d’aide aux consommateurs pour réussir la transition », a assuré le directeur financier de Ford, John Lawler.

Réveil pénible

Il aurait pu ajouter la menace chinoise. Les MG, BYD et autres Geely ont conquis en deux ans un peu plus de 3 % du marché européen, soit la part de Ford, présent en Allemagne depuis 1925. Il pointe les subventions de Pékin pour expliquer cette invasion. Ce n’est pas la seule raison. Partis de rien, les Chinois ont copié le modèle Tesla à grande échelle. Les centaines de constructeurs qui se sont lancés en Chine ont provoqué une vague d’innovation sans précédent. Au prix de la faillite de la plupart d’entre eux. Les Européens et les Américains ont compris trop tard la menace de Tesla, notamment en matière de technologie de production et, plus tard, celle de ses clones chinois si inventifs.

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Un fait religieux de plus en plus présent en entreprise, plutôt accepté, mais avec des réticences en hausse

Dans un centre de distribution d’Amazon, à Bretigny (Essonne), le 22 octobre 2019.

La hausse se poursuit. Le nouveau baromètre du fait religieux en entreprise (réalisé entre avril et août 2024 et basé sur les réponses d’environ 1 300 cadres et manageurs et 1 400 salariés croyants et pratiquants), publié jeudi 21 novembre, montre que, désormais, plus de 70 % des personnes interrogées repèrent des situations marquées par le fait religieux dans leur environnement de travail. Le taux le plus haut depuis la création de ce baromètre, lancé en 2013 par l’Institut Montaigne. Les cas de tensions et de dysfonctionnements augmentent aussi, mais restent minoritaires. Dans l’ensemble, le fait religieux au travail est largement accepté.

« Les faits religieux sont multiformes et ont des conséquences qui varient fortement d’une entreprise à l’autre et au sein d’une même entreprise », précise le baromètre. Le fait le plus fréquent est le port visible de signes religieux, qui progresse fortement en 2024 (34 % des répondants, contre 21 % en 2022). Il est suivi des demandes d’aménagement de plannings, quelle que soit la religion concernée. Le rédacteur de l’étude, Lionel Honoré, professeur des universités à Brest et fondateur de l’Observatoire du fait religieux en entreprise, ajoute néanmoins que « la grande majorité des croyants invisibilise leur pratique religieuse au travail ».

Si ces faits et comportements signalés concernent toutes les religions, l’islam est la plus représentée, suivie du catholicisme, des cultes évangéliques et du judaïsme. Le port de signes religieux musulmans est ainsi en forte progression : 36 % des faits signalés en 2024 contre 19 % en 2022.

Comportements négatifs à l’égard des femmes

Plus de 90 % des salariés pratiquants disent ne pas percevoir d’effet négatif à leur engagement religieux sur leur travail ou dans leurs relations professionnelles. « Il n’existe pas de rejet global du fait religieux au travail », assure l’étude, précisant que le fait religieux « perturbe toujours marginalement le fonctionnement organisationnel » et a « rarement » des conséquences négatives.

La majorité des manageurs (64 %) considèrent que la liberté religieuse doit être prise en compte par les entreprises, avec comme limite la bonne réalisation du travail. Certains comportements sont admis : la demande d’aménagement de planning, la prière pendant les temps de pause, les discussions sur la religion entre collègues, par exemple.

L’étude précise toutefois que cette tolérance à l’affirmation religieuse est en baisse. Le nombre de personnes considérant que le principe de la laïcité devrait s’appliquer dans les entreprises privées comme dans le secteur public (77 %) est, lui, en hausse. « Les répondants n’ont pas une vision juridique de la laïcité. Ils n’appellent pas à la neutralité, mais à une tolérance. Il y a une place pour le fait religieux, à condition qu’il ne soit pas perturbateur », éclaire Lionel Honoré. Cette tolérance, pour des faits parfois plus problématiques, est plus importante chez les salariés pratiquants.

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