« Plus le management a gagné du terrain, moins il est compris et même toléré »

A la suite d’une mission d’enquête européenne menée par leurs soins, trois hauts fonctionnaires de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) ont acquis la conviction que le management à la française était de médiocre qualité et en retard sur les pratiques de ses voisins, ce qui justifierait, à leurs yeux, une nécessaire « inflexion ». En effet, l’impact de ce « mauvais » management ne se limiterait pas seulement à la qualité de vie au travail ou aux conditions de travail des salariés, il aurait aussi un effet sur les politiques sociales – comprendre, le taux d’emploi, les arrêts maladie, l’absentéisme, le sentiment de perte de sens au travail et in fine le risque de désengagement des salariés. De quoi justifier l’intervention de la puissance publique pour redresser la barre.

Constatant que le management français serait plus encadré par la réglementation que ses voisins, mais de manière indirecte, les trois hauts fonctionnaires suggèrent une intervention plus directe pour remédier à ce qu’ils considèrent comme un paradoxe : « Modifier une ou plusieurs dispositions législatives dans l’objectif d’infléchir effectivement et durablement les pratiques managériales en France ; inscrire les pratiques managériales dans les thèmes du dialogue social obligatoire de la qualité de vie et des conditions de travail ; inscrire les pratiques managériales parmi les orientations stratégiques faisant l’objet de la procédure d’information-consultation avec le comité social et économique (CSE) ; étendre les pouvoirs du CSE en matière d’organisation du travail… » Rien que ça !

S’il faut bien reconnaître que le management toxique est malheureusement une réalité avérée et qu’il crée effectivement des dégâts destructeurs et peu réparables pour les victimes comme pour la collectivité, est-ce une raison suffisante pour que l’Etat s’en mêle, au-delà de la pénalisation de telles pratiques déviantes déjà en place ? On peut très sérieusement en douter.

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Devoir de vigilance : la justice rappelle la « bonne gestion » des risques

A son corps défendant, La Poste vient de donner à la justice l’occasion de clarifier ce qu’est un « bon » plan de vigilance, au sens de la loi. En effet, la cour d’appel de Paris a confirmé, mardi 17 juin, un premier jugement qui enjoignait à La Poste de « compléter le plan de vigilance par une cartographie des risques destinée à leur identification, leur analyse et leur hiérarchisation ». Cette décision a une vocation clairement pédagogique : rappeler que le devoir de vigilance n’est pas un simple reporting, mais une norme de « bonne gestion », qui impose de démontrer le bien-fondé et la réalité des actions mises en place.

La loi sur le devoir de vigilance est une loi de 2017, pour laquelle la France a été pionnière avant d’être suivie par l’Allemagne, puis par l’Union européenne avec une directive générale (Corporate Sustainability Due Diligence Directive, ou CS3D), adoptée en 2024 et aujourd’hui en débat.

La loi française impose aux (grandes) entreprises de répertorier les atteintes possibles aux droits humains et environnementaux chez leurs fournisseurs, puis d’engager des mesures pour les éviter ou les réduire.

Or le syndicat Sud PTT avait contesté la conformité du plan de vigilance 2021 de La Poste, et la justice lui a définitivement donné raison : la loi impose bien aux entreprises de démontrer l’existence d’une « gestion des risques » outillée et vérifiable. Ce qui est donc reproché à La Poste n’est pas d’être inconsciente de ces risques, et son plan de vigilance en fournissait une description générale.

Actions préventives ou curatives

Il lui est en revanche demandé de présenter une « cartographie » des « risques les plus graves » auxquels elle se trouve confrontée chez ses fournisseurs. De plus, ces risques doivent être expliqués avec une « précision » suffisante pour que l’on puisse comprendre leur gravité et l’efficacité des actions préventives ou curatives que l’entreprise s’engage à réaliser. Néanmoins, La Poste ne fait l’objet d’aucune astreinte financière, marquant la volonté des juges de rappeler la loi, sans stigmatiser l’entreprise.

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Une vague de suicides secoue la direction générale des finances publiques

Le choc remonte au 10 janvier. Ce vendredi matin-là, une très violente surprise attend les premiers agents qui arrivent au centre des finances publiques de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Ils découvrent un de leurs collègues, un jeune inspecteur, pendu dans le hall d’accueil. Après avoir quitté les locaux la veille, il est revenu et s’est donné la mort sur le lieu même où il travaillait. Il n’avait pas 30 ans. Les fonctionnaires sont d’autant plus marqués que ses deux parents sont, eux aussi, agents des finances publiques.

C’est le début d’une impressionnante série noire. Depuis le 1er janvier, douze personnes dépendant de la direction générale des finances publiques (DGFiP) se sont suicidées à travers la France, et huit autres ont tenté de le faire, selon le comptage réalisé par cette administration du ministère de l’économie et des finances. Vingt tragédies en six mois. « Ce sont des drames qui traumatisent tout notre collectif, et des chiffres préoccupants, admet la directrice, Amélie Verdier. Je ne veux en rien les minimiser. »

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A Thouars, l’ancienne école a été transformée en tiers-lieu pour réveiller la ville : « Les énergies existaient, on en a démultiplié les effets »

On a fini par comprendre que tous les chemins ne mènent pas à Rome, mais celui des écoliers peut conduire à Thouars (Deux-Sèvres) et, plus précisément, place du 4-Août. A condition, toutefois, de descendre la rue de la Porte-de-Paris en venant du nord ou de monter la rue Saint-Médard en arrivant du sud puis, dans les deux cas, d’emprunter un tronçon de la rue de la Porte-au-Prévost.

Au MZ, à Thouars (Deux-Sèvres), le 6 juin 2025.

Un dédale de voies étroites qui serpentent entre les siècles, se jouent du soleil, égarent les touristes et, malgré une absence notable de signalétique, mènent sans coup férir au MZ. Au quoi ? Au MZ, tiers-lieu magnétique qui, selon l’un de nos informateurs, « a rendu le sourire aux 14 000 habitants recensés ». Encore un tiers-lieu ? Tout doux ! Si le pays en compte au moins 3 500 en 2023, selon l’Agence nationale pour la cohésion des territoires, celui-ci ne fait pas les choses à moitié.

Depuis deux ans, c’est ici que Thouars catalyse ses énergies, combine ses talents, agrège ses différences. Du mercredi au samedi, de 12 heures à 20 h 30 (et jusqu’à minuit le vendredi et le samedi), le MZ ne désemplit pas. Les concerts sont gratuits, les expos aussi. Pianos en libre-service, expresso à 1,20 euro, pinte de blonde à 6,60 euros. On peut apporter à manger.

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Avignon, la nouvelle cité des apprentis comédiens

Lors de l’inauguration de l’Ecole internationale de théâtre Jacques-Lecoq, à Avignon, en juillet 2024.

L’Ecole internationale de théâtre Jacques-Lecoq, l’Ecole supérieure des arts du rire (ESAR) et, bientôt, l’école du Théâtre du Chêne-Noir : de plus en plus d’apprentis comédiens vivent à l’année à Avignon. Contrainte de quitter ses locaux historiques parisiens (le Central, où elle était installée depuis 1976), l’institution Lecoq a trouvé refuge, depuis octobre 2023, dans une ancienne caserne de pompiers, réaménagée et mise à disposition par la mairie avignonnaise. Créée par l’entrepreneur Frédéric Biessy, directeur général des théâtres La Scala, et soutenue par l’humoriste Jérémy Ferrari, l’ESAR accueille depuis septembre 2024 sa première promotion dans les locaux de La Scala Provence. Quatre-vingt-cinq élèves d’un côté, 50 de l’autre, deux formations très différentes, l’une mythique (Lecoq), fondée en 1956, qui compte parmi ses diplômés des figures de la scène telles que Christoph Marthaler, Julie Deliquet ou Olivier Letellier ; l’autre dans l’air du temps (ESAR), portée par le succès du stand-up. Mais un même sentiment parmi les étudiants : celui de sentir dans « un cocon », « une bulle » au sein des remparts de la cité des Papes.

En ce printemps ensoleillé, l’ambiance de la ville est très calme, loin de l’effervescence suscitée chaque été par le festival. Bon nombre de ces jeunes resteront en juillet à Avignon, la plupart pour travailler sur des postes de régisseur, à la billetterie ou à l’accueil pour des compagnies programmées dans le « off », quelques-uns pour se frotter à la scène. Ainsi, le Belge Vladimir Venanzi, le Français Aliocha Kasprzak et le Suisse Anthony Crettex, trois vingtenaires, élèves de la première promotion de l’ESAR, présenteront The Threeman Show au Théâtre de l’Observance. « L’idée d’un trio est née de notre rencontre au sein de l’école. Notre objectif n’est pas de proposer trois fois vingt minutes de stand-up, mais d’imaginer une parodie d’émission de télé-réalité dans laquelle des humoristes seraient en concurrence », explique Anthony Crettex. « J’avais besoin de rejoindre un collectif et de travailler sans le formatage des plateaux de comedy club », complète Aliocha Kasprzak. Eux ont pu se payer cette nouvelle formation – 9 200 euros l’année – grâce au soutien de leurs parents.

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Les risques psychosociaux pèsent sur l’absentéisme

La 17e édition du baromètre de l’absentéisme et de l’engagement du cabinet Ayming, publiée le 13 juin, relève que les salariés français ont été malades 23,3 jours par an en 2024, contre 12 en 2012. Cette forte augmentation a été mesurée en interrogeant 1 000 professionnels des ressources humaines (RH) du secteur privé. Et 49 % des sondés déclarent l’absentéisme élevé, voire très élevé, dans leur entreprise. Ainsi, 55 % des acteurs RH estiment ne pas avoir les bons indicateurs, voire ne pas en avoir du tout, pour le réduire.

Le vieillissement de la population active ne suffit pas à expliquer ce phénomène, qui coûte 4 000 euros par an et par salarié aux organisations, selon le Conservatoire national des arts et métiers. Les professionnels RH qui ont répondu au baromètre mentionnent, par ordre décroissant d’importance des causes de l’absentéisme : les maladies non professionnelles, la démotivation et l’insatisfaction professionnelle, des problèmes personnels, les accidents du travail et le burn-out.

Autant de causes susceptibles d’affecter le moral et la santé mentale des collaborateurs. Parce qu’il occasionne un report de la charge de travail, l’absentéisme dégrade en effet les conditions de travail, le climat social et la motivation, engendrant un cercle vicieux qui nourrit les risques psychosociaux (RPS).

Le groupe de protection sociale Malakoff Humanis dresse le même constat dans son baromètre annuel sur l’absentéisme 2025 publié le 5 juin. Cette étude auprès d’échantillons représentatifs de dirigeants d’entreprise et des salariés du secteur privé montre d’abord que 51 % de ceux qui jugent moyenne ou mauvaise leur santé mentale ont subi au moins un arrêt dans l’année, contre 42 % pour l’ensemble de l’échantillon.

« Les salariés tardent à consulter »

Avec 15 % des arrêts prescrits en 2024, les affections mentales constituent désormais la deuxième cause d’absentéisme pour raison médicale, derrière les maladies ordinaires (45 %), mais devant les accidents du travail (13 %) et les troubles musculo-squelettiques (11 %). « La parole s’est libérée. Les salariés, notamment les jeunes, n’hésitent plus à consulter sur ce motif. Cela a aussi contribué à l’inflation des arrêts », précise Anne-Sophie Godon-Rensonnet, directrice accompagnement et prévention en entreprise à Malakoff Humanis.

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Des salariés en grève contre la réduction du télétravail, vu comme un nouveau droit social

Une bouffée d’oxygène. Quand le télétravail est entrée dans les mœurs, durant la pandémie de Covid-19, Thibault (le prénom a été modifié), 46 ans, a trouvé un meilleur équilibre entre ses vies professionnelles et personnelles. « Cela m’a permis de voir mes enfants se lever le matin et de les coucher le soir, ce qui fait une grande différence. Et le poids de la gestion des enfants ne reposait plus uniquement sur ma femme. Si je n’ai pas le télétravail, ma vie est complètement dédiée à mon entreprise du matin au soir, transport inclus », raconte ce salarié de la Société générale (SG). Le 27 juin, il est de ceux qui, comme beaucoup, se sont mis en grève pour contester l’annonce d’une réduction du télétravail dans la banque. Jeudi 3 juillet, comme tous les salariés, il était appelé par les syndicats à venir « sur site » en arborant un ruban vert, pour manifester sa détermination.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Cinq ans après le Covid-19, le télétravail n’est plus une option

Quarante-huit heures auparavant, mardi 1er juillet, c’était chez Trax, l’entité audiovisuelle de Free, qu’un mouvement social était lancé contre des mesures restreignant le télétravail. « Cela va avoir un gros impact sur ma vie, cela fait plus de cinq ans que j’ai organisé mon quotidien avec », témoigne un développeur, qui a souhaité garder l’anonymat.

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1ᵉʳ-Mai : le Sénat vote pour autoriser le travail des boulangers et fleuristes salariés

La devanture d’un fleuriste, à Paris, le 24 décembre 2020.

Le Sénat a adopté, jeudi 3 juillet, une proposition de loi pour autoriser certains établissements, comme les boulangeries et les fleuristes, à faire travailler leurs salariés le 1er-Mai, Journée internationale des travailleurs, fériée et chômée en France. Dans un hémicycle dominé par une alliance entre la droite et les centristes, la proposition de loi portée par le patron de l’Union des démocrates et indépendants (UDI) Hervé Marseille et sa collègue Annick Billon a été adoptée en première lecture à 228 voix contre 112. Le texte est transmis à l’Assemblée nationale.

L’initiative, soutenue par le gouvernement et fustigée par la gauche et les syndicats, vise à étendre le périmètre des commerces bénéficiant d’une dérogation pour faire travailler leurs salariés, s’ils sont volontaires, pendant la fête du travail. Il pourrait ainsi s’appliquer, en plus des activités déjà concernées (hôpitaux, transports…), aux « commerces de bouche de proximité » (boulangeries, pâtisseries, boucheries… ), aux activités répondant à un « usage traditionnel propre au 1er-Mai », comme les fleuristes, ou encore aux établissements exerçant « une activité culturelle » comme les cinémas et les théâtres.

Le point de départ de la discussion remonte à la fin du mois d’avril, lorsque certains boulangers avaient dénoncé les contrôles inédits menés ces dernières années par l’inspection du travail auprès de plusieurs artisans. Car si eux sont autorisés à travailler, ils ont été épinglés pour avoir fait travailler leurs salariés durant cette journée fériée et chômée.

Ces chefs d’entreprise pointent une législation très floue, qui permet certes des exceptions, mais seulement dans les établissements qui « ne peuvent interrompre le travail », comme les transports, la sécurité ou les hôpitaux… C’est pour clarifier cette disposition que les sénateurs centristes, appuyés par le gouvernement, ont souhaité agir par la loi.

Cette proposition de loi « ne remet pas en cause l’existant », mais vient « combler une faille juridique, une insécurité qui pénalise des commerçants, des salariés, des territoires et certains de nos concitoyens », a insisté la ministre du travail Catherine Vautrin, qui soutient « pleinement » l’initiative.

Accusation de « Détricoter petit à petit le principe du 1er-Mai chômé »

Le texte centriste visait initialement à permettre aux établissements déjà autorisés à ouvrir le dimanche de pouvoir le faire le 1er-Mai. Mais dans sa version votée jeudi, il a été remanié et définit désormais précisément le périmètre des commerces bénéficiant d’une dérogation spécifique pour la fête du travail.

La mesure a offusqué l’ensemble des groupes de gauche au Sénat, qui ont échoué à faire adopter une motion de rejet du texte. La communiste Cathy Apourceau-Poly a accusé la majorité sénatoriale et le gouvernement de « détricoter petit à petit le principe du 1er-Mai chômé de manière à justifier demain sa remise en cause totale », estimant que ce texte impactera « 1,5 million de salariés ». « Votre objectif final est de voler un jour de congé aux salariés, car vous trouvez qu’ils ne travaillent pas suffisamment », a-t-elle déclaré durant les débats.

« Il va falloir nous expliquer en quoi le 1er-Mai, on ne peut pas se passer d’aller dans une charcuterie acheter du pâté, ou dans une boulangerie où l’artisan aura mobilisé sa horde de salariés », a pour sa part lancé la socialiste Monique Lubin.

« Pendant 40 ans, vous avez acheté du pain le 1er-Mai, vous avez acheté du muguet le 1er-Mai, sans que cela ne vous pose aucun problème », lui a rétorqué Annick Billon, dénonçant une attitude « caricaturale » de la gauche.

Si le patronat soutient cette modification juridique, les syndicats opposent eux une fin de non-recevoir en bloc : dans un communiqué intersyndical publié mardi, ils ont appelé les sénateurs à s’opposer au texte. « Remettre en cause le principe de cette journée, c’est remettre en cause 100 ans d’histoire de lutte sociale », écrivent ainsi CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires et la FSU.

Le Monde avec AFP

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A la suite d’un accident du travail sur le Grand Paris Express, Eiffage condamné pour homicide involontaire

Des travailleurs sur le chantier de la station Villejuif-Gustave-Roussy de la ligne 14 du métro, le 18 janvier 2025.

La société Eiffage a été condamnée, jeudi 3 juillet, par le tribunal de Bobigny à 200 000 euros d’amende pour avoir involontairement causé la mort d’un chauffeur de camion sur un chantier du Grand Paris Express en 2023.

Le 7 mars 2023 à 7 h 16, Franck Michel vient d’effectuer sa livraison sur le chantier de la gare du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) de la future ligne 16 du Grand Paris Express. Il replace la bâche latérale de son camion quand il est percuté à la tête par un colis de plus d’une tonne tombé d’un chariot élévateur.

Eiffage Génie Civil a comparu en juin à Bobigny en tant que personne morale, au côté d’un conducteur des travaux, pour cet accident du travail, l’un des cinq mortels recensés sur le colossal chantier des nouvelles lignes de métro automatique en banlieue parisienne.

Le conducteur des travaux relaxé par le tribunal

Le tribunal a relaxé le conducteur de travaux du chef d’homicide involontaire, au motif qu’il n’avait pas commis de faute « caractérisée ou délibérée ». Le responsable n’était pas présent sur les lieux au moment du drame, mais en chemin vers la gare. Les juges ont, en revanche, estimé qu’en commettant une « faute simple », à savoir en ne transmettant pas le protocole de sécurité, il avait engagé « la responsabilité de la personne morale », son employeur, Eiffage.

Le parquet avait requis une peine d’amende de 300 000 euros contre Eiffage, en récidive, car déjà condamnée pour un autre homicide involontaire, et neuf mois de prison avec sursis, et 20 000 euros d’amende contre le conducteur des travaux.

A l’audience du 5 juin, l’entreprise essuie la colère d’une sœur de la victime : un groupe de BTP qui « brasse des milliards » devrait être « nickel » sur la sécurité, assène Karine Michel. « Je sais que vous ne vous êtes pas levés le matin en vous disant on va tuer quelqu’un (…) mais par vos manquements de sécurité, vous l’avez quand même tué », leur lance-t-elle.

Un comportement « disruptif »

La défense d’Eiffage avait fustigé le chef de chantier, absent du procès, le présentant comme l’« auteur direct de l’accident » en lui imputant un comportement « disruptif ». Elle avait insisté sur le fait qu’au lieu de faire décharger le camion à l’aide d’une grue, le chef de chantier s’était mis lui-même au volant d’un chariot élévateur – sans avoir suivi la formation adéquate – dont les fourches avaient été rallongées avec des poutrelles inadaptées, appartenant à un prestataire.

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Les chantiers du Grand Paris Express sont concernés par d’autres accidents mortels ainsi que par d’autres procès à l’encontre d’entreprises privées travaillant pour le projet. Les dirigeants d’une société sous-traitante ont été condamnés en mai à Bobigny à des peines allant jusqu’à deux ans de prison avec sursis pour la mort de l’ouvrier Joao Baptista Fernandes Miranda. En janvier 2022, ce salarié d’Eiffage avait été tué par la chute d’une plaque en acier sur le chantier de la future gare majeure de Saint-Denis-Pleyel.

Entre 2020 et 2023, l’inspection du travail a répertorié 18 accidents graves sur les chantiers du Grand Paris Express et le décès de Franck Michel est le quatrième accident mortel de ces travaux colossaux lancés en 2016.

Le Monde avec AFP

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Fonction publique : un rapport recommande d’encadrer le déploiement de l’IA

Lors d’un « hackathon » organisé au ministère de la fonction publique en marge de la présentation de la stratégie gouvernementale pour l’IA dans le secteur public, à Paris, le 6 février 2025.

De France Travail à la Caisse d’allocations familiales, en passant par l’éducation nationale ou les collectivités locales, l’intelligence artificielle (IA) est déjà très intégrée aux différents secteurs de l’action publique. Lutte contre la fraude, orientation des usagers, recrutement, agents conversationnels, les usages se multiplient. Et les transformations vont encore s’amplifier à l’avenir.

C’est pour cette raison que le centre de réflexion Le Sens du service public publie un rapport, jeudi 3 juillet, en partenariat avec la Fondation Jean Jaurès, intitulé « Le service public à l’épreuve de l’intelligence artificielle ». Alors que la fonction publique est déjà confrontée au développement et aux expérimentations de l’IA, le document appelle à la création d’un cadre politique clair pour que le sujet ne soit pas seulement appréhendé d’une manière technique et technologique.

« On voit bien que l’IA se développe de manière effrénée dans toutes les organisations, explique Johan Theuret, cofondateur du Sens du service public et coordinateur du rapport. L’objectif était d’essayer de voir s’il est possible de définir un mode de développement de l’IA qui soit respectueux des principes fondamentaux des services publics. » Souveraineté, soutenabilité écologique, respect de la démocratie… Autant d’enjeux qui réclament une vraie politique publique et une vision stratégique de long terme.

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