Brexit : Paris charme toujours les banquiers londoniens, malgré les « gilets jaunes »
Devant une agence BNP Paribas, le 2 décembre, à Paris, au lendemain de la mobilisation des « gilets jaunes ». Julien MUGUET / © Julien Muguet pour Le Monde
Des voitures incendiées sur les avenues parisiennes montrées sans interruption sur les télévisions britanniques. Des beaux quartiers prisés des banquiers ciblés par les casseurs. Un retour en force de l’impôt sur la fortune, même si le président de la République, Emmanuel Macron, l’a écarté. L’instabilité en France s’annonce au moment même où plusieurs établissements financiers se préparent à transférer des emplois de Londres vers Paris pour cause de Brexit.
L’appel des « gilets jaunes » peut-elle remettre en épreuve ces projets au profit de Francfort ou Dublin, les places concurrentes ? « Nous n’avons pas d’indication de changement de plan de la part de banques qui ont décidé de relocaliser des équipes à Paris, constate Marc Perrone, avocat spécialisé en réglementation bancaire chez Linklaters, cabinet conseil de plusieurs établissements américains et internationaux dans le contexte du Brexit. Les grandes banques qui sont déjà très avancées dans leur planning, qui ont loué des locaux à Paris, n’ont, de toute façon, pas le temps de changer leur fusil d’épaule, en quelques mois. »
« A ce stade, on ne constate pas d’impact sur les demandes de relocalisation à Paris », confirme-t-on également du côté des autorités françaises. Certes, il y a urgence. Alors que le Parlement britannique se prononce, mardi 11 décembre, sur l’accord conclu entre la première ministre, Theresa May, et l’Union européenne, « les grandes banques se préparent, depuis deux ans, au scénario du pire, celui d’un Brexit sans accord », précise Fabien Zaveroni, directeur au sein du cabinet de stratégie Sia Partners à Londres. Un « no deal » entre Londres et Bruxelles interdirait de fait aux établissements financiers bénéficiant d’une seule licence britannique de travailler dans l’Union européenne à partir du 29 mars 2019.
« L’Allemagne avait initialement une longueur d’avance »
Ces derniers mois, les Credit Suisse, Goldman Sachs ou autres JPMorgan ont répertorié les équipes qui ne pourront plus servir leurs clients français, allemands ou belges depuis Londres selon un scénario semblable « Certains manageurs sont déjà partis. Pour le reste, les personnes concernées ont été alertées sur le fait qu’elles devraient être prêtes à boucler leurs valises à partir du mois de mars », explique un responsable en France d’une banque américaine. Un exercice mené à l’aveuglette sur fond d’incertitudes politiques et juridiques. « En octobre encore, des manageurs, qui pensaient jusque-là pouvoir rester à Londres, ont été prévenus par leur direction qu’ils devraient déménager », relate un banquier.
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