Accusé par Scarlett Johansson d’avoir copié sa voix, OpenAI suspend l’utilisation d’une tonalité de ChatGPT
Certains fans qui s’imaginaient discuter avec Scarlett Johansson seront déçus. OpenAI a annoncé, lundi 20 mai, la suspension de « Sky », l’une des tonalités qui interagit vocalement avec les internautes dans ChatGPT, après que l’actrice a accusé l’entreprise américaine et son directeur général, Sam Altman, d’avoir sciemment copié sa voix à son insu.
« Nous avons entendu les interrogations sur la manière dont nous avons choisi les voix pour ChatGPT », a souligné OpenAI sur le réseau X. Par conséquent, « nous travaillons à suspendre l’utilisation de Sky pendant que nous y répondons », précise l’entreprise. « La voix de Sky n’est aucunement une imitation de celle de Scarlett Johansson », a cependant assuré OpenAI dans un article posté sur son blog, assurant qu’elle avait été développée en s’appuyant sur la voix de différentes actrices.
Mais l’actrice a expliqué le processus qui l’a conduit à engager un avocat afin d’obtenir la modification de la voix. « En septembre [2023], j’ai reçu une offre de Sam Altman, qui souhaitait m’embaucher pour être la voix de l’actuel système ChatGPT 4.0 », dit-elle dans un communiqué publié lundi en fin de journée. « Il a dit qu’il pensait que ma voix réconforterait les gens », a-t-elle détaillé, soulignant avoir alors « décliné l’offre ».
« Mes amis les plus proches ne pouvaient pas faire la différence »
« Quand j’ai entendu la démo publiée, j’ai été choquée, en colère et incrédule que M. Altman ait mis au point une voix qui ressemblait si étrangement à la mienne que mes amis les plus proches et les médias ne pouvaient pas faire la différence », raconte l’actrice. Elle ajoute que « M. Altman a même insinué que la similitude était intentionnelle, en tweetant un seul mot, “her” ». Scarlett Johansson avait en effet incarné la voix du système d’intelligence artificielle dans le film Her (Elle), dont les créateurs de ChatGPT n’ont pas caché s’inspirer.
L’actrice explique avoir alors « été obligée d’engager un conseiller juridique, qui a écrit deux lettres à M. Altman et OpenAI (…). Par conséquent, OpenAI a accepté à contrecœur de supprimer la voix Sky ».
« A une époque où nous sommes tous aux prises avec les “deepfakes” et la protection de notre propre image, de notre propre travail, de notre propre identité, je pense que ces questions méritent une clarté absolue », a-t-elle encore déploré, disant attendre « avec impatience » que soit adoptée « une législation appropriée pour contribuer à garantir la protection des droits individuels ».
OpenAI a de son côté détaillé la manière dont elle a travaillé, avec des acteurs professionnels, afin de créer plusieurs voix numériques, qu’elle a appelées Breeze, Cove, Ember, Juniper et, donc, Sky.
Départ d’un cofondateur d’OpenAI
Cette annonce intervient quelques jours après qu’OpenAI a annoncé dissoudre son équipe dont la mission était d’atténuer les éventuels dangers à long terme d’une IA trop intelligente. L’annonce avait été marquée par le départ d’un des cofondateurs de l’entreprise, Ilya Sutskever, ainsi que du responsable de l’équipe, Jan Leike.
« OpenAI doit devenir une entreprise qui place la sécurité de l’IA générale avant toute autre considération », avait écrit M. Leike vendredi sur X. Sam Altman avait exprimé son regret de le voir partir, ajoutant : « [Jan Leike] a raison, nous devons faire plus, c’est notre objectif. »
Le Monde
Offre spéciale étudiants et enseignants
Accédez à tous nos contenus en illimité à partir de 9,99 €/mois au lieu de 11,99 €.
S’abonner
L’entreprise a présenté lundi la nouvelle version de son produit-phare, avec GPT-4o, aux performances améliorées et au comportement qui se veut plus proche des humains, la rendant par ailleurs gratuite pour tous les utilisateurs. « A l’avenir, vous devez vous attendre à disposer d’encore plus d’options car nous comptons ajouter des voix à ChatGPT pour mieux répondre aux intérêts divers et aux préférences des utilisateurs », a ajouté OpenAI sur son blog.