A Météo-France, un mouvement social conteste un recours accru à l’automatisation des prévisions

A Météo-France, un mouvement social conteste un recours accru à l’automatisation des prévisions

Des prévisionnistes surveillent le cyclone Freddy sur les écrans de la station de Météo-France, à Saint-Denis (La Réunion), le 20 février 2023.

Alors que les événements météorologiques intenses se succèdent, l’annonce peut surprendre. Les prévisionnistes de Météo-France, et l’ensemble des personnels de l’établissement public, étaient appelés à la grève, lundi 13 novembre, par les syndicats CGT, FO et Solidaires, en opposition à la mise en place d’une nouvelle organisation du travail « non aboutie et controversée », qui mène à une baisse de la qualité du service fourni, selon eux.

Ils dénoncent, dans un communiqué (signé aussi par la CFDT), un « mode dégradé » des prévisions disponibles sur le site Internet, l’application mobile ainsi que pour les services rendus aux professionnels qui « ne sont plus systématiquement mises à jour en journée ». « La centralisation et l’automatisation de la fourniture des données présentes sur le site et l’application » de Météo-France est la cible de la contestation. « Jusqu’alors, les prévisionnistes avaient les moyens d’interpréter et de corriger les données sorties par les différents modèles numériques utilisés et d’adapter les prévisions à chaque territoire », explique Jérôme Lartisant, secrétaire général de FO, prévisionniste depuis vingt-cinq ans, à Strasbourg.

Lundi 13 novembre, le basculement vers un programme appelé « 3P », pour « Programme Prévision Production » – en rodage depuis le mois de septembre – aurait donc, selon les organisations syndicales, des « impacts concrets sur l’information donnée au grand public et pour la sécurité des personnes et des biens ». « Ainsi, les données de prévisions automatiques (qui seront dorénavant les seules accessibles sur les applications grand public) pourraient être incohérentes avec la vigilance qui, elle, intégrera l’expertise des prévisionnistes », décrivent-elles dans le communiqué.

« Baisse d’effectifs vertigineuse »

Le renforcement de cette automatisation n’est pas contesté par la direction de Météo-France, qui met en avant la nécessité de répondre aux attentes « plus fortes que jamais » en matière de services météorologiques et climatiques. « Grâce au progrès technique, nous pouvons aujourd’hui renforcer l’automatisation de notre base de données de prévision et aussi certaines tâches de production », a expliqué la direction au Monde.

Météo-France utilise une base de données qui est rafraîchie très régulièrement avec les dernières observations et prévisions. « Le programme 3P facilite le travail du prévisionniste en supprimant la saisie manuelle systématique et en le limitant à une supervision avec des interventions ponctuelles dans la base », assure la direction, qui met aussi en avant le fait que le nouvel outil faciliterait la synthèse par les prévisionnistes du « très grand nombre de données produites par les modèles de prévisions du temps » et l’extraction « de l’information pertinente pour chacun des clients ».

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LJD

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