Contrat d’engagement jeune : le chantier inachevé

Contrat d’engagement jeune : le chantier inachevé

Le laborieux accouchement du contrat d’engagement jeune, annoncé mardi 2 novembre par Emmanuel Macron puis détaillé par son premier ministre, explique en grande partie le faible enthousiasme que son annonce a suscité. Durant trois mois, Bercy a bataillé pour réduire le champ du dispositif qui vise à attribuer une allocation pouvant aller jusqu’à 500 euros par mois aux moins de 26 ans cherchant à s’insérer sur le marché du travail. Le public potentiel était évalué à 1 million de bénéficiaires, mais Bruno Le Maire a mené croisade pour le réduire en invoquant le coût du dispositif (plusieurs milliards d’euros) et le risque de voir prospérer en France un RSA jeunes sans réelle contrepartie en matière d’emploi.

Le ministre de l’économie a finalement été entendu au-delà de ses espérances. La jauge est tombée entre 400 000 et 500 000 jeunes, le coût a été ramené à 550 millions d’euros. La sémantique elle-même a évolué : alors que, le 12 juillet, le président de la République avait évoqué la création d’un « revenu d’engagement », le nouveau dispositif a été rebaptisé « contrat d’engagement », afin de bien mettre en valeur l’équilibre entre droit et devoir, la perception d’une allocation d’un côté, la réalisation d’une démarche d’insertion de l’autre. Pas question d’accréditer l’idée que le gouvernement encouragerait l’assistanat, au moment où nombre d’entreprises, en pleine surchauffe, se plaignent de ne pas trouver la main-d’œuvre dont elles ont besoin.

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Mal né, le nouveau contrat n’en est pas moins intéressant, précisément parce qu’il concentre les moyens financiers et humains sur les publics les plus en difficulté, ceux qui ont décroché depuis des mois, si ce n’est des années. Il développe l’idée du « sur-mesure », en insistant sur la mobilisation de tous les acteurs : entreprises, monde associatif, missions locales mais aussi Pôle emploi, appelé, pour la première fois, à recruter des conseillers spécialement formés à l’accompagnement de ces jeunes décrocheurs. De quinze à vingt heures de formation ou d’accompagnement leur seront fournies chaque semaine pendant un an, avec l’espoir de leur remettre le pied à l’étrier.

La garantie jeunes améliorée

L’Etat ne part pas de rien. Il se fait fort d’améliorer la garantie jeunes, lancée sous le quinquennat de François Hollande, qui permet à la moitié des bénéficiaires de trouver un emploi six mois après leur sortie du dispositif. Ce faisant, il ne fait que corriger a posteriori l’une des grandes faiblesses du système scolaire français, qui laisse échapper chaque année, sans diplôme ni qualification, quelque 95 000 jeunes voués aux plus grandes difficultés d’insertion. Leur nombre a beau diminuer, il reste scandaleusement élevé.

La déception qui a prévalu à l’annonce du contrat d’engagement jeune montre que le gouvernement est loin d’avoir épuisé le sujet de la jeunesse. Certes, l’apprentissage a connu un bel essor durant le quinquennat, et la prolongation du plan « 1 jeune, 1 solution », lancé en juillet 2020, contribue à améliorer leurs possibilités d’insertion. Mais la précarité dont ils continuent d’être victimes accroît le risque de rupture générationnelle dans un pays vieillissant.

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Emmanuel Macron l’avait senti à la sortie du confinement. Il avait alors appelé à bâtir « un nouveau pacte entre les générations », en insistant également sur la nécessité d’une meilleure prise en charge des aînés. Ces deux chantiers restent malheureusement en jachère, notamment parce que la question du financement n’a toujours pas été clairement posée, ni clairement débattue. Espérons que la campagne présidentielle donnera l’occasion de le faire.

Le Monde

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LJD

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