Le sentiment d’agression augmente chez les enseignants
Les demandes de conseils dans le cadre d’agressions verbales et physiques subies par les enseignants sont de plus en plus fréquentes, et ces agressions sont en majorité commises par les parents et les élèves. Telle est la conclusion du baromètre annuel de l’Autonome de solidarité laïque (ASL), une association qui œuvre pour la protection et les conseils juridiques des personnels de l’éducation nationale.
Les dossiers de demandes de « protection juridique professionnelle » concernent à 75,2 % une agression ou un sentiment d’agression (dans les cas non qualifiables juridiquement). Un chiffre « en nette augmentation par rapport au baromètre 2021, où l’ensemble de ces dossiers représentaient 71,1 % ». Dans ce total, 33,5 % des dossiers sont ouverts pour des cas de diffamation, 32,4 % concernent des insultes et des menaces, et 9,3 % concernent des agressions. Ces deux dernières catégories sont en augmentation de près de deux points.
L’Autonome constate une baisse de 5 % des dossiers ouverts pour obtenir la protection juridique, « compensée » par l’augmentation de 5 % des dossiers ouverts pour des demandes de conseils, les « renseignements juridiques personnalisés ». Cette évolution ne signifie donc pas que les conflits sont moins nombreux ou que le sentiment de sécurité progresse, au contraire.
Elèves et représentants légaux
Pour l’association, elle est le produit d’une médiatisation plus forte des problèmes relationnels que rencontrent les enseignants, et d’un « débat public et politique plus accentué concernant leur protection », notamment depuis la mort de Samuel Paty, écrit encore Jean-Louis Linder, vice-président de l’ASL. Les enseignants adopteraient désormais le bon réflexe, celui de prendre attache avec l’Autonome avant que les situations ne s’enveniment au point de devoir demander une protection.
Les principaux auteurs des agressions, qui représentent un peu plus de 9 % des dossiers de demande de protection, sont les représentants légaux des élèves (45 %) et les élèves eux-mêmes (39 %). La proportion d’agressions verbales est plus forte dans les écoles maternelles et élémentaires (65 %) qu’au collège et au lycée, où la balance s’inverse avec 62 % d’agressions physiques.
La différence entre une « agression verbale » et une « insulte ou menace » peut paraître ténue, mais l’ASL justifie ce distingo par la persistance de cas où l’enseignant s’est « senti agressé » alors même que l’incident dont il a été victime n’a pas la qualification juridique d’une agression.
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