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La maison Sonia Rykiel, liquidée en juillet, va être relancée

Lors du défilé de la collection prêt-à-porter Sonia Rykiel printemps-été 2019 à Paris, le 29 septembre 2018.
Lors du défilé de la collection prêt-à-porter Sonia Rykiel printemps-été 2019 à Paris, le 29 septembre 2018. ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

L’emblématique maison de prêt-à-porter Sonia Rykiel, liquidée le 25 juillet faute de repreneur, va être relancée par deux des fondateurs du site Showroomprivé, qui veulent « faire rayonner » la marque, qualifiée de « fleuron du patrimoine français ».

Mercredi soir, le tribunal a tranché entre la vingtaine d’offres en lice qui avaient fait part de leur intérêt pour reprendre les « actifs » restants de la griffe – soit essentiellement son nom, ses archives et ses stocks. « Il a autorisé la cession des actifs de la marque au profit d’Eric et de Michael Dayan », deux des quatre cofondateurs (avec David Dayan et Thierry Petit) du site de commerce en ligne Showroomprivé, selon un communiqué publié mercredi 18 décembre.

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« Forts de leur savoir-faire et de leur parfaite expertise dans les secteurs de la mode, des marques et du digital », les deux frères entrepreneurs disent avoir « pour objectif de faire rayonner la maison Sonia Rykiel en France et à l’international, qui reste ainsi un fleuron du patrimoine français ». « La maison Sonia Rykiel est de retour en 2020, une nouvelle aventure pour la marque et les deux entrepreneurs », est-il indiqué sans préciser le prix de rachat.

En 2018, la marque de prêt-à-porter de Saint-Germain-des-Prés, fondée à la fin des années 1960, avait enregistré 35 millions d’euros de ventes, pour une perte nette de 30 millions d’euros. Au moment de son placement en redressement judiciaire, elle employait également 131 salariés.

Donner un second souffle à la marque

Les frères Dayan mettent en avant « leur solidité financière et leur expertise dans ce secteur, deux atouts qui leur permettront de développer et de donner un second souffle à la marque ». Ils soulignent également le fait que la marque, « avant-gardiste sur la libération de la femme, retrouve des actionnaires français » et « reste ainsi un fleuron du patrimoine français ».

Sur un plan plus stratégique, Eric et Michael Dayan estiment que « ce rachat s’inscrit dans la continuité de leur parcours entrepreneurial, deux ans après avoir quitté la direction opérationnelle du site ». Showroomprivé, groupe de déstockage en ligne, a engrangé 672 millions d’euros de ventes en 2018. Il a également réduit sa perte nette à 4,4 millions d’euros, contre − 5,2 millions en 2017.

De son côté, la maison Sonia Rykiel, célèbre pour sa maille et ses rayures colorées, s’appuyait au moment de sa liquidation sur un réseau, en propre, de six boutiques et quatre outlets (magasins de déstockage) ; elle réalisait un peu plus de 50 % de ses ventes en France.

En 2012, alors qu’elle était à la tête d’une des dernières maisons de mode encore indépendantes en France, la créatrice Sonia Rykiel avait décidé de céder 80 % du capital de la société au fonds d’investissement chinois Fung Brands (devenu depuis First Heritage Brands), holding de la famille Fung de Hongkong, dirigé par le Français Jean-Marc Loubier.

Ce fonds – qui possède aussi la marque belge de maroquinerie de luxe Delvaux et le chausseur Clergerie – était monté à 100 % du capital au début de 2016. En sept ans, quelque 200 millions d’euros avaient été investis dans la marque Sonia Rykiel par ses actionnaires.

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Rentrée 2020 : les académies de Versailles et Créteil en tête des créations de postes d’enseignant

Un instituteur dans une classe à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), le 2 septembre.
Un instituteur dans une classe à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), le 2 septembre. BERTRAND GUAY / AFP

A quoi ressemblera la rentrée scolaire 2020 ? Poser la question, alors que l’éducation nationale est aux prises avec un mouvement social d’ampleur, peut sembler décalé. Ça ne l’est pas tant que ça : mercredi 18 décembre a été présentée aux syndicats de professeurs, comme chaque année à la même période, la répartition des postes d’enseignants, académie par académie, donnant un avant-goût de ce que sera la troisième « rentrée Blanquer ». Viendra, en mars 2020, la distribution des moyens d’enseignement établissement par établissement, école par école.

D’ordinaire, c’est lors de cette seconde étape – au printemps – qu’enseignants et parents donnent de la voix. Signe d’un climat social dégradé, les protestations ont pris de vitesse le calendrier : la FSU, première fédération chez les enseignants, a quitté mercredi la séance du comité ministériel où étaient présentées ces mesures de rentrée. « D’ores et déjà décidées, [celles-ci] vont continuer de dégrader les conditions d’études des élèves et de travail des personnels », fait valoir la FSU, expliquant, par voie de communiqué, « attendre du gouvernement qu’il change de méthode ».

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A ce stade, la surprise est relative : les tableaux de chiffres divulgués reflètent, peu ou prou, les données inscrites dans la loi de finances. Du point de vue arithmétique, un point d’équilibre se dessine : 440 emplois sont créés dans le primaire, 440 sont supprimés dans le secondaire. Le solde apparaît nul quand, à la même époque, en 2018 et en pleine crise des « gilets jaunes », il était négatif, révélant 1 800 suppressions de postes pour la rentrée 2019, les réductions dans le secondaire n’étant pas compensées, alors, par les créations au primaire.

« Rééquilibrage »

Certaines académies s’en sortent mieux que d’autres. Ainsi de Versailles et de Créteil qui récupèrent, respectivement, 243 et 201 postes au primaire, 82 et 99 pour le secondaire ; elles se positionnent loin devant Aix-Marseille (76 créations au primaire, 2 dans le secondaire), Lyon (55 et 94), la Guyane (49 à chacun des niveaux) ou encore Mayotte (48 et 78). A l’inverse, Lille devra rendre des postes par dizaines, comme Amiens, la Normandie (fusion des académies de Caen et de Rouen), Nancy-Metz ou encore Dijon. Paris, académie-capitale où l’on sait les enseignants prompts à la mobilisation, devra accepter 16 suppressions dans le premier degré, 78 dans le second degré.

Un autre monde social émerge

« L’âge de la négociation collective », de Christian Thunderoz, aux éditions PUF, 376 pages, 21 euros.
« L’âge de la négociation collective », de Christian Thunderoz, aux éditions PUF, 376 pages, 21 euros.

Le Livre. Des salariés en souffrance réclament un meilleur pouvoir d’achat à des employeurs inquiets, les yeux rivés sur leurs carnets de commandes. Des indicateurs sociaux moroses traduisent inquiétude et frustration. A qui la faute ? Au patronat, jugé rétrograde et malveillant ? Aux syndicats, inutiles et bureaucratiques ? Aux hommes politiques velléitaires, cédant devant les puissants ? Dans L’Age de la négociation collective, Christian Thunderoz s’épargne d’accuser quiconque. Ce ne sont pas des coupables, mais une logique mortifère que montre du doigt le sociologue.

Ceux d’en haut ne veulent plus gouverner les hommes comme des choses ou des numéros ; et ceux d’en bas ne peuvent plus se conduire comme ils en ont pris l’habitude, tranche le directeur du programme Négo Lab, à l’Essec-Irené. « Comprendre cette double impossibilité, en tirer les leçons, et imaginer les scénarios d’avenir : telle est l’ambition de ce livre. »

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L’assertion, reconnaît l’auteur, peut faire sourire : les dirigeants souhaitent-ils vraiment gouverner autrement les entreprises qu’ils dirigent ? Et les syndicalistes souhaitent-ils vraiment modifier des comportements que leurs mandants semblent approuver ? Oui, car ils sont tous les deux dans l’impasse, assure le codirecteur de la revue Négociations : le management est à la peine, confronté à des défis inédits de mise au travail d’individus exigeant d’être associés dans l’entreprise aux décisions les concernant. Quant au syndicalisme, il recherche un nouveau souffle et de nouvelles pratiques militantes.

Emergence, en France, d’un autre monde social

Dans une première partie, l’ouvrage propose une analyse, historique et sociologique, de la négociation collective, et principalement la négociation dans l’entreprise. La négociation collective est peu un objet d’attention, ni académique ni journalistique. Pourtant, des structures d’appui existent – Réalités du dialogue social, Dialogue, Appui aux relations sociales (Areso), Format dialogue, etc. – et elles ne demandent qu’à servir, mais elles sont peu mobilisées.

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Le livre s’efforce ensuite au pragmatisme : si les forces vives veulent apprendre à se confronter sans s’affronter, il s’agit non seulement de repenser l’idée même de négociation collective, mais aussi de refonder notre système de relations sociales sur d’autres principes. Plusieurs propositions sont formulées, de la création d’un institut du dialogue social à la mise en place de formations conjointes communes rassemblant syndicalistes et employeurs des mêmes entreprises, en passant par la création des réseaux d’appui à la négociation collective (RANC) inspirés des réseaux de santé et qui regrouperaient des inspecteurs du travail, des chargés de mission de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), des médiateurs, des conseillers en relations sociales, des universitaires.

Livres : « Qu’est-ce qu’un directeur de collection ? »

« Dans un premier temps, cette décision a été suspendue par un recours auprès du Conseil d’Etat, qui finalement vient de trancher en faveur de l’Agessa » (Fronton du Conseil d'Etat, à Paris).
« Dans un premier temps, cette décision a été suspendue par un recours auprès du Conseil d’Etat, qui finalement vient de trancher en faveur de l’Agessa » (Fronton du Conseil d’Etat, à Paris). Roger Rozencwajg / Photononstop

Tribune. Alors que l’Assurance-maladie et retraite des écrivains (Agessa) vit ses derniers mois, nous apprenons que le Conseil d’Etat n’a pas souscrit aux protestations du Syndicat national de l’édition (SNE), qui réclamait le maintien des directeurs de collection dans leur statut d’auteur, qui leur donne accès au même mode de rétribution.

Rappelons quel a toujours été ce statut : la plupart des éditeurs, outre leurs employés salariés, font appel à des directeurs de collection ou à des apporteurs de projets qu’ils rétribuent en droits d’auteur. Cela signifie que ces responsables éditoriaux, non salariés, peuvent déclarer leurs revenus en droits d’auteur, en étant soumis au régime fiscal et au régime d’assurance et de retraite des auteurs et traducteurs.

Ce qui implique cependant des charges personnelles plus élevées que s’ils étaient salariés, une moindre garantie d’emploi, de moindres protections sociales, mais, en retour, une plus grande liberté et mobilité. Et, pour l’éditeur, cela signifie de moins lourdes charges. Les éditeurs, de ce fait, font volontiers appel à ces intervenants à la fois réguliers et extérieurs.

Du jour au lendemain, à la surprise générale, il y a maintenant plus de deux ans, le directeur de l’Agessa, sans consulter personne, ni éditeurs, ni auteurs, ni bien sûr directeurs de collection, a décidé unilatéralement qu’il n’accepterait plus parmi ses adhérents ces derniers. Cette décision obligeait donc les éditeurs à salarier les directeurs de collection ou contraignait les directeurs de collection à devenir autoentrepreneurs, comme de simples prestataires de services, entrant alors dans un tout autre système de fiscalité et de cotisations sociales.

Un directeur de collection est en droit de revendiquer un statut d’auteur. C’est un éditeur qui, par son goût personnel, donne aux livres qu’il sollicite auprès des auteurs contactés (aguerris ou débutants), une couleur particulière

De très vives protestations se sont élevées. Le SNE lui-même est alors entré en conflit avec l’Etat. Et, dans un premier temps, cette décision a été suspendue par un recours auprès du Conseil d’Etat, qui finalement vient de trancher en faveur de l’Agessa.

Libre à chaque éditeur, et à vrai dire plutôt à chaque directeur de collection, de se débrouiller.

Or, qu’est-ce qu’un directeur de collection et pourquoi est-il en droit de revendiquer un statut d’auteur ? Un directeur de collection est un éditeur qui, par son goût personnel, donne aux livres qu’il sollicite auprès des auteurs contactés (aguerris ou débutants) une couleur particulière. Sa collection, qui porte en général un titre, en tous les cas sa marque, propose un thème. Une rencontre, un souvenir d’enfance, un fait divers, la partie d’une vie, un souvenir amoureux, une passion littéraire, un tableau, une musique, un pamphlet.

« L’anglais comme langue de la recherche comptable est inéluctable mais il confronte la recherche comptable francophone à un défi paradoxal »

« La norme comptable est un instrument du soft power. Ceci nous invite à nous interroger sur l’anglicisation actuelle de la recherche comptable francophone. »
« La norme comptable est un instrument du soft power. Ceci nous invite à nous interroger sur l’anglicisation actuelle de la recherche comptable francophone. » Ingram / Photononstop

Tribune La comptabilité est un instrument de régulation économique et sociale de première importance et les pays qui contrôlent sa normalisation donnent un avantage compétitif considérable à leurs entreprises ; la norme comptable est un instrument du soft power. Ceci nous invite à nous interroger sur l’anglicisation actuelle de la recherche comptable francophone.

Il y a cinquante ans seulement, elle n’existait pas alors que la recherche comptable anglo-saxonne prospérait depuis longtemps. Diverses initiatives lui ont permis de rattraper son retard par rapport à celle-ci. En 1979, est créée une société savante, l’Association Française (devenue depuis Francophone) de Comptabilité (AFC). Des séminaires de préparation à la recherche comptable sont créés au sein des DEA de sciences de gestion. Il est même créé à l’université Dauphine, à la rentrée 1990, un diplôme d’études approfondies (DEA) entièrement consacré à la comptabilité.

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De ces séminaires et de ce DEA, devenu un master de recherche, sont issus de nombreux docteurs qui constituent l’actuel corps professoral des universités et des écoles. Il est également créée en 1995, à l’initiative de l’AFC, une revue académique, Comptabilité-Contrôle-Audit (CCA), classée aujourd’hui en rang 2 par le CNRS (sachant que le rang 1 est réservé aux seules revues anglo-saxonnes).

Des effets pervers, non seulement scientifiques mais aussi économiques.

L’université française a, donc, réussi à créer un nouveau domaine scientifique dans un champ qu’elle avait complètement négligé. Ce domaine, comme les autres domaines scientifiques, s’anglicise. Ce qu’a d’ailleurs montré le 40ème congrès de l’Association Francophone de Comptabilité qui se tenait dans la prestigieuse Sorbonne les 22 et 23 mai 2019 : près de 50 % des communications qui y furent présentées le furent en langue anglaise et, le plus souvent, par des enseignants-chercheurs dont la langue maternelle n’était pas l’anglais…

Cette forte émergence de l’anglais au congrès de l’AFC est une manifestation de l’apparition des chercheurs francophones sur la scène internationale : de plus en plus de chercheurs formés dans les pays francophones publient dans les grandes revues académiques anglo-saxonnes et nombreux sont aujourd’hui ceux qui enseignent dans des pays non-francophones. On peut s’en réjouir mais, en même temps, on peut craindre que l’adoption par les chercheurs francophones de l’anglais comme langue de communication et de publication n’ait quelques effets pervers, non seulement scientifiques mais aussi économiques.

Au bord de la liquidation, Remade obtient un ultime sursis

Destruction de smartphones, lors d’une manifestation de salariés de Remade, à Poilley (Manche), le 13 décembre.
Destruction de smartphones, lors d’une manifestation de salariés de Remade, à Poilley (Manche), le 13 décembre. DAMIEN MEYER / AFP

Que va-t-il advenir de Remade ? A quelques jours des fêtes de fin d’année, le sort de l’ancien fleuron de la tech normande, spécialiste de la reconstruction de téléphones portables, et qui emploie quelque 320 salariés, reste en suspens. Après plus de trois heures d’audience, le tribunal de commerce de Rouen a décidé, mardi 17 décembre, d’accorder une ultime chance à l’entreprise. Un nouveau rendez-vous est fixé au 9 janvier 2020, afin de réexaminer les offres de reprise en lice.

« Les salariés sont fatigués et dépités de devoir passer les fêtes avec ce sentiment d’incertitude, mais ils restent mobilisés et déterminés à ne pas se laisser faire », observe Sophia Garcia, secrétaire CFDT du comité social et économique (CSE) de Remade. Au total, deux offres ont été présentées au tribunal de commerce, dont une émanant du groupe CTS, installé à Dubaï, un ancien partenaire commercial de l’entreprise, qui propose notamment de sauvegarder 117 emplois. « Nous avons émis un avis favorable sur cette offre, mais elle doit encore être améliorée pour être jugée recevable », explique Mme Garcia.

Une autre proposition, faite par le fondateur de la société, Matthieu Millet, était sur la table. L’ancien patron de Remade, outre une prime discrétionnaire allant jusqu’à 5 000 euros pour les employés qui ne seront pas repris, promet de conserver 142 salariés. Une offre estimée « indécente » par une partie du personnel du groupe, qui juge M. Millet responsable de la dégringolade de l’entreprise.

Une enquête préliminaire ouverte

Fondée en 2013, la jeune PME normande, dont l’activité consiste à acheter et à restaurer des smartphones usagés, afin de les revendre ensuite à prix réduits aux grandes enseignes de la distribution, avait connu une ascension fulgurante, comptant jusqu’à près de 700 salariés. La machine s’est cependant inexplicablement enrayée il y a un an, conduisant l’entreprise − à court d’argent, malgré un emprunt de 125 millions d’euros auprès d’investisseurs à l’été 2018 et un renflouement de ses caisses à hauteur de 50 millions d’euros, en juin, par le fonds LGT, son actionnaire majoritaire − à demander son placement en redressement judiciaire fin septembre.

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Face au fiasco, les interrogations fusent sur la gestion passée de l’entreprise. Un récent rapport du cabinet Syndex, commandé par le CSE de Remade, rapporte notamment des irrégularités, affirmant que la société a « gonflé artificiellement son chiffre d’affaires » par le biais de manœuvres comptables, et certaines factures sont jugées « douteuses ». Une plainte contre X devrait prochainement être déposée par le CSE. Selon nos informations, certains actionnaires étudieraient également l’option d’une action en justice.

Les agressions contre les pompiers en hausse de 21 % sur un an

Les sapeurs-pompiers déjeunent à la caserne Le Blosne, dans le sud de la ville de Rennes.
Les sapeurs-pompiers déjeunent à la caserne Le Blosne, dans le sud de la ville de Rennes. KAMIL ZIHNIOGLU POUR « LE MONDE »

Le malaise, le mécontentement, la colère. Depuis des années, les sapeurs-pompiers subissent une hausse continue des agressions. De 2017 à 2018, selon une note de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) publiée mercredi 18 décembre, le nombre de sapeurs-pompiers qui ont déclaré avoir été victimes d’une agression a augmenté de 21 %.

L’année dernière, 3 411 sapeurs-pompiers ont déclaré avoir été victimes d’une agression contre 2 813 en 2017. Pour 2018, cela représente en moyenne sept pompiers agressés pour 10 000 interventions ; un chiffre en hausse exponentielle par rapport à 2016 (5 pour 10 000) et 2017 (6 pour 10 000), constate l’ONDRP.

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L’Observatoire fait valoir que la hausse a été continue depuis dix ans : en 2008, « seuls » 899 soldats du feu avaient déclaré une agression, soit une hausse de 280 % sur dix ans.

Une hausse due aussi à « une meilleure remontée des informations »

« L’augmentation du nombre de déclarations d’agressions peut être due à une augmentation des actes de violences, à une meilleure remontée des informations, à un abaissement du seuil d’acceptabilité des violences ou à une sensibilisation des autorités hiérarchiques sur la nécessité de mieux déclarer les faits », explique l’ONDRP.

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Dans un rapport rendu public mercredi 11 décembre, des sénateurs ont appelé le gouvernement à se mobiliser pour enrayer la hausse de ces agressions. Lors du 126e congrès des sapeurs-pompiers en septembre, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, s’était engagé « à tout faire » pour la sécurité des agents, avec une grande campagne de communication et l’expérimentation des caméras-piétons.

Selon l’ONDRP, plus de la moitié des pompiers qui ont été agressés en 2018 étaient des professionnels (55 % du total) alors qu’ils représentent 17 % des effectifs. A Marseille et dans l’agglomération parisienne, où les pompiers sont des militaires, l’augmentation est respectivement de + 18 % et + 48 %.

C’est en Nouvelle-Aquitaine que le taux d’agression pour 10 000 interventions est le plus élevé (16) suivi par Bourgogne-Franche-Comté (9). La région Pays de la Loire se caractérise par une forte augmentation entre 2017 et 2018 (+ 146 %).

En France, sur les 3 411 pompiers ayant été agressés en 2018, 2 241 ont déposé plainte, soit 66 % d’entre eux. Les agressions ont donné lieu à 1 424 jours d’arrêt de travail. Avec 521 jours, la région Ile-de-France présente le nombre plus élevé. Quatre cent cinquante véhicules de pompiers ont été endommagés en 2018, selon les données de l’ONDRP.

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L’ensemble des services départementaux, y compris les sapeurs-pompiers de Paris, et leurs homologues de Marseille ont déposé 399 plaintes pour dégradations de biens en 2018, contre 326 en 2017, soit une hausse de 22 %.

Le bilan des six ans d’évolution professionnelle : le sursis des entreprises a commencé

« A compter du 1er janvier 2021, ces critères seront modifiés pour appliquer ceux prévus par la loi « avenir professionnel », à savoir organisation des entretiens professionnels bisannuels, de l’entretien récapitulatif des six ans, et suivi par le salarié d’une formation non obligatoire »
« A compter du 1er janvier 2021, ces critères seront modifiés pour appliquer ceux prévus par la loi « avenir professionnel », à savoir organisation des entretiens professionnels bisannuels, de l’entretien récapitulatif des six ans, et suivi par le salarié d’une formation non obligatoire » Alain Le Bot / Photononstop

Le prochain réveillon sera plus que jamais l’occasion de tirer les bilans pour les entreprises : 2020 est la date échéance pour réaliser le premier « entretien des six ans ». Le 5 mars 2014, la loi relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale instaurait un nouvel outil, l’entretien professionnel bisannuel obligatoire et consacré aux perspectives d’évolution professionnelle.

Tous les six ans, un état des lieux vérifie que le salarié a bénéficié de ce rendez-vous qui permet de faire le point sur l’évolution professionnelle du salarié, sa qualification et les formations envisageables. Le cas échéant, les entreprises d’au moins 50 salariés s’exposent à des sanctions financières. Une mesure au parfum estival est venue donner un peu de répit aux départements des ressources humaines (RH) : l’« ordonnance coquilles » apporte de nouvelles précisions et ménage une année de transition aux mauvais élèves.

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« Si elle ne contient rien de révolutionnaire, l’“ordonnance coquilles” recèle certains des éléments très attendus en matière de gestion de la formation », résume Alain Ragot. Elle soulage les entreprises qui pâtissent des « effets pervers de la loi », « avenir professionnel » du 5 septembre 2018 », poursuit le dirigeant de Rhexis, expert de l’externalisation de la formation. Cette dernière loi a en effet changé les règles du jeu.

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Avant la loi « avenir professionnel », l’entreprise devait être en mesure de justifier que chaque salarié ait bénéficié d’entretiens bisannuels et qu’il puisse cocher deux des trois cases suivantes : avoir suivi une formation, avoir reçu une certification ou une validation des acquis de l’expérience (VAE), et avoir eu une promotion ou une augmentation individuelle.

Des entretiens professionnels et une formation obligatoire

Désormais, l’entreprise doit avoir fait bénéficier chaque salarié des entretiens professionnels obligatoires et d’au moins une formation non obligatoire. A défaut, l’employeur doit abonder le compte personnel de formation du salarié à hauteur de 3 000 euros. Cette nouvelle notion de formation non obligatoire a provoqué de vives réactions des entreprises : « Il y a beaucoup de sociétés, dans l’industrie notamment, où les formations du personnel des unités de production sont pour l’essentiel des formations obligatoires. Pour éviter la panique, l’“ordonnance coquilles” aménage une année de transition : jusqu’au 31 décembre 2020, une société pourra choisir entre les anciens critères ou le nouveau. »

Le vaste plan de formation de SGS France passe par les entretiens professionnels

« Inspecteurs, chimistes, ingénieurs, contrôleurs techniques, auditeurs, etc.., le panel des métiers est large dans cette entreprise de 2 900 salariés dont 21 % de plus de 50 ans. »
« Inspecteurs, chimistes, ingénieurs, contrôleurs techniques, auditeurs, etc.., le panel des métiers est large dans cette entreprise de 2 900 salariés dont 21 % de plus de 50 ans. » Elly Walton/Ikon Images / Photononstop

La direction des ressources humaines du groupe SGS France a bien l’intention de profiter de la période des entretiens professionnels en cours pour « cibler la formation ». Il y a plus d’un an, en septembre 2018, l’entreprise a commencé un état des lieux général pour établir un diagnostic des connaissances digitales de 300 managers. Le vaste plan de formation qui a été lancé doit avoir couvert l’ensemble de l’effectif d’ici à fin 2020.

Ce groupe spécialisé dans la certification et le contrôle des équipements des entreprises a investi 900 000 euros dans ce programme global pour reformater toutes les compétences de l’entreprise à la transformation numérique. « Une entreprise de service doit anticiper l’intégration des nouvelles technologies qui s’installent dans l’écosystème français pour maintenir les salariés dans leur emploi », explique Caroline Arquié, la DRH du groupe SGS France.

Inspecteurs, chimistes, ingénieurs, contrôleurs techniques, auditeurs, etc.., le panel des métiers est large dans cette entreprise de 2 900 salariés dont 21 % de plus de 50 ans. « On anticipe une transformation plutôt qu’une disparition des métiers », avance Eric Sarfati, président de SGS France.

Faciliter la mise en place de passerelles entre les fonctions

L’objectif du plan de formation est d’identifier les modes opératoires à privilégier pour intégrer la transformation numérique. « Le problème de l’expert est qu’il est centré sur son monde. Notre crainte est que des métiers soient dépassés par les outils. Les inspecteurs ont une expertise qu’on ne peut pas remplacer comme ça. Un certain nombre de tâches sont automatisables. Mais l’interprétation et la validation restent aux mains de l’expert. Si un robot peut manipuler les pipettes du chimiste, c’est bien le chimiste qui analyse les données. Et on aborde la coconstruction des algorithmes avec les experts », explique M. Sarfati.

Ses clients (EDF, Total, Safran, Soufflet, etc..) recouvrent une dizaine de secteurs d’activité. Quels qu’ils soient, de l’énergie à l’agroalimentaire, « tous les managers ont l’autonomie pour repenser l’inspection autrement, en se concentrant sur l’analyse et en déléguant le contrôle et les prélèvements à un système de plates-formes de mise en relation », poursuit M. Sarfati.

Le plan global de formation est censé leur en donner les moyens. Il s’articule en trois types de parcours au choix, afin de « répondre à l’appétence et à la volonté d’investissement des salariés », indique Mme Arquié. Tout d’abord, une formation certifiante et généraliste sur l’écosystème numérique sous forme de MOOC organisée par Numa et Sciences Po, puis un cours sur les modes de pensée et de management autrement, destinée à de futurs « mentors », et enfin un parcours plus modeste pour être capable de diffuser la culture numérique. « Le cadre est ainsi posé pour que chaque domaine d’activité puisse développer sa propre stratégie dans un horizon de 2 à 3 ans », expose M. Sarfati.

Du vin quotidien à la tolérance zéro

« Le Code du travail, tout en autorisant le champagne, interdit, bien sûr, l’état d’ivresse sur le lieu de travail, précise l’article 4228-21 »
« Le Code du travail, tout en autorisant le champagne, interdit, bien sûr, l’état d’ivresse sur le lieu de travail, précise l’article 4228-21 » Melody Davis/Design Pics / Photononstop

Chronique. Carnet de bureau Champagne ! Bons résultats de l’année, dernier-né d’un collègue ou départ à la retraite, les pots sont toujours bienvenus sur le lieu de travail. Avec la bénédiction du Code du travail (art. R4228-20), qui a toutefois ses préférences puisqu’il autorise le cidre, la bière, les vins et le poiré. Ces alcools ont paradoxalement obtenu leur droit de cité dans l’entreprise le 6 mars 1917, dans une loi pour « protéger contre l’alcoolisme les ouvriers et les employés ». A l’époque, le demi-litre de vin par personne est la quantité type par repas, et jusque dans les années 1950, le corps médical a opposé ces bonnes « boissons naturelles » [vin, cidre, etc.] aux mauvais alcools industriels, qui, eux, étaient bien identifiés comme sources d’« incapacité professionnelle », d’« irritabilité » et de « perte du raisonnement ».

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Le discours a radicalement changé, puisque les médecins soutiennent aujourd’hui le « Dry January ». Cette invitation à passer le mois de « janvier sans une goutte d’alcool », qu’il s’agisse de poiré, de champagne, ou autre Pimm’s, a été lancée pour la première fois en 2013 par les Britanniques, pour sensibiliser aux bienfaits de la sobriété, plutôt que de diaboliser les boissons alcoolisées, ou de culpabiliser les consommateurs.

Les 18-35 ans sont les plus gros consommateurs

Véritable succès au Royaume-Uni, le « Dry January » n’a toutefois pas réussi à traverser la Manche, comme prévu. Alors que sa campagne de lancement était préparée, l’opération a soudainement perdu le soutien des pouvoirs publics début novembre, après la réaction des alcooliers, fermement opposés à l’idée de substituer « la notion d’abstinence à celle de modération ». Santé publique France qui portait le projet y a renoncé. Mais les associations tentent avec leurs propres moyens de prendre le relais, convaincues de l’efficacité de cette forme de lutte contre les addictions. Près d’un salarié sur deux estime que les pratiques addictives sont fréquentes dans son milieu professionnel, indique une récente étude du cabinet GAE Conseil. Les 18-35 ans étant les plus gros consommateurs.

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L’enjeu est de taille, car si l’alcool est associé à la convivialité en entreprise, aux événements festifs au cours desquels chacun déstresse et dévoile une part du non-dit des relations interprofessionnelles, où l’informel dénoue des situations complexes, sa consommation fait prendre au salarié et à son employeur des risques considérables. Parfois marqueur d’identité professionnelle, la consommation d’alcool est aussi directement responsable de 10 à 20 % des accidents du travail. Or l’employeur a la responsabilité légale d’assurer la sécurité et de protéger la santé physique et mentale des travailleurs.