Zoom, la souveraineté numérique et « l’impératif de sécurité à l’heure du télétravail »

Zoom, la souveraineté numérique et « l’impératif de sécurité à l’heure du télétravail »

Eric Yuan, patron de la plate-forme américaine de visioconférence Zoom, à New York, en avril 2019.
Eric Yuan, patron de la plate-forme américaine de visioconférence Zoom, à New York, en avril 2019. Carlo Allegri / REUTERS

Pertes et profits. Le ministre chargé du numérique, Cédric O, a produit son petit effet devant les députés, mardi 5 mai. Alors que tous les hiérarques politiques se gargarisent du mot « souveraineté », il leur a fait remarquer que le système de visioconférence par lequel ils communiquaient avec lui, la plate-forme américaine Zoom, lui posait problème. « Je n’ignore pas qu’en termes d’expérience utilisateur, c’est probablement la meilleure solution, mais ça pose quand même des vraies questions en termes d’indépendance stratégique de la France », leur a-t-il lancé, rappelant que ses services déconseillent fortement son usage, compte tenu des lacunes au niveau de la protection des données, et que des alternatives françaises existent.

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Zoom est devenue, à la faveur de la crise sanitaire, l’application Internet la plus téléchargée au monde, avec près de 300 millions d’utilisateurs. Pas mal pour une solution lancée en 2012 dans la Silicon Valley par un ingénieur sino-américain, Eric Yuan, émigré quinze ans plus tôt en Californie. Comme tout un chacun, les parlementaires ont été séduits par la simplicité de cette application gratuite, qui ne nécessite aucun téléchargement. Cette mésaventure appelle deux remarques.

Négligence

Tout d’abord, en dépit de ce que l’on raconte trop facilement, le monde de la technologie n’appartient pas qu’au quintette Google-Apple-Facebook-Amazon-Microsoft. Aucun d’eux, pas plus que Cisco, pourtant leader du secteur, n’a été capable de concurrencer Zoom dans sa facilité d’usage, d’accès, et dans la qualité de son service. Eric Yuan travaillait chez Cisco dans les années 2000. Il leur a proposé de développer une application simple, fonctionnant entièrement sur Internet et utilisable sur un smartphone. La firme n’en a pas voulu. Google ou Facebook tentent de rattraper leur retard. C’est la force de la Silicon Valley de faire émerger constamment de nouveaux concurrents.

Mais cette histoire met en lumière également la négligence de chacun, député ou entrepreneur de start-up, à prendre en compte l’impératif de sécurité à l’heure du télétravail. Pirater Zoom était facile ; le système a été piraté. Aujourd’hui, d’autres assaillants s’attaquent, sur ordre, aux laboratoires pharmaceutiques et agences de santé des pays luttant contre le Covid-19. La cyberguerre frappe à notre porte. Et à cela non plus nous ne sommes pas prêts. Comme si nous étions projetés d’un coup, par la faute d’un virus, dans un futur dont nous n’avons pas assimilé les codes, celui de la civilisation numérique.

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