Vivarte (enfin) tire un trait sur sa dette

Vivarte (enfin) tire un trait sur sa dette

Il a fallu s’y reprendre à trois fois, mais cette fois, c’est fait : le groupe Vivarte (La Halle, Minelli, Caroll) n’a plus de dettes. De sources concordantes, ses actionnaires et ses créanciers ont signé, mardi 17 décembre, un accord visant à convertir les quelque 477 millions d’euros de dettes financières résiduelles en actions.

Au total, 3,3 milliards d’euros de prêts auront ainsi été effacés en cinq ans. Cela ne veut pas dire que le groupe, symbole des excès de la finance d’avant la crise de 2008, est tiré d’affaires. Mais, grâce à cet accord, il obtient du temps pour tenter de mener à bien son redressement. Ou poursuivre son démantèlement.

Nouveau tour de table

En 2007, l’ancien Groupe André avait fait l’objet d’un LBO (« leveraged buy out ») ou rachat avec effet de levier : l’acquisition par le fonds d’investissement Charterhouse avait été financée par 3,4 milliards d’euros de dettes, supportées par le propriétaire d’enseignes de la mode, allant alors de Chevignon à Kookaï.

Las, le fardeau était vite apparu trop lourd face à une consommation en berne. En 2014, 2 milliards d’euros de dettes avaient été convertis en actions et les prêteurs étaient devenus actionnaires. De nouveaux créanciers avaient injecté 500 millions d’euros, pour relancer le groupe qui pariait alors sur sa montée en gamme. En 2017, 800 millions d’euros de dettes avaient encore été convertis. Cette fois, ce sont les 500 millions injectés en 2014 qui ont été transformés en actions.

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De ce fait, le groupe tricolore étrenne un nouveau tour de table, toujours constitué de fonds de dette mais avec un poids différent. En particulier, le fonds Alcentra qui détenait près de 50 % du capital de Vivarte, selon nos informations, voit sa part nettement réduite, tandis qu’Anchorage devient le premier actionnaire. Trois nouveaux administrateurs, sur cinq membres, sont entrés au conseil d’administration dès mardi.

Plus que trois actifs

Patrick Puy, président de Vivarte, spécialiste de la restructuration d’entreprises en difficultés, appelle cette opération de ses vœux depuis des mois. Le groupe n’est plus que l’ombre de lui-même. Il n’emploie plus que 10 000 salariés environ, soit moitié moins que voilà encore deux ans. Son démantèlement a été rapide. Depuis 2016, le groupe a cédé André, Kookaï, Naf-Naf, Chevignon, Pataugas, Besson et San Marina. Cette dernière – et son réseau de 218 magasins de chaussures – a été cédée, en octobre, à deux entrepreneurs, Thierry Le Guénic et Stéphane Collaert – qui ont aussi repris Chevignon en mars – associés au Groupe Royer.

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LJD

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