Vaccin antigrippal pour tous, pas avant deux mois
Carnet de bureau. Vacciner plus largement ? Poursuivre uniquement sur des critères de vulnérabilités, comme le recommande la Haute Autorité de santé ? La campagne de vaccination contre la grippe hivernale, commencée le 13 octobre, arrive en entreprise dans le contexte bien particulier lié au Covid-19. « Il y a une dizaine d’années, on vaccinait beaucoup », se souvient le docteur Marielle Dumortier. Mais depuis la pandémie H1N1, les salariés étaient frileux à l’idée de se faire vacciner. Pour les entreprises, c’était devenu un non-sujet.
Cette année, « les premières demandes de vaccination ont commencé à arriver une dizaine de jours avant le lancement de la campagne, et surtout de la part d’entreprises qui n’avaient pas l’habitude de nous appeler : un garage, le siège social d’une entreprise industrielle », témoigne la médecin du travail, également autrice de Le monde du travail est devenu fou ! (Cherche Midi).
Avec le Covid, il s’agit de ne pas ajouter de la crise à la crise, de poursuivre l’activité et d’échapper aux foyers épidémiques. « La vaccination antigrippale n’est pas naturelle dans les entreprises. L’intérêt avec le Covid est d’éviter la confusion avec des symptômes trop proches et la désorganisation de l’entreprise », explique Benjamin Laurent, directeur de la prévention santé en entreprise du groupe de protection sociale Klesia.
Engouement en Australie
Le mutualiste dont les entreprises clientes doivent déclarer à l’avance si elles vaccineront leurs salariés a enregistré 4,5 fois plus de candidats qu’en 2019. « On s’attend à quelque 40 000 demandes surtout dans la pharmacie et le secteur du transport, très exposés [au Covid]», commente M. Laurent.
L’entreprise International SOS, qui met à disposition sur tous les continents une équipe médicale et les vaccins, a déjà constaté cet engouement en Australie (où l’hiver est passé), ce qui a réduit la période de grippe d’un mois. « Sept millions d’Australiens se sont fait vacciner contre 3,5 millions en 2019. Le taux de volontaires à la vaccination de nos entreprises clientes (CAC 40 et S&P 500) est en moyenne de 10 % », rapporte Philippe Guibert, le directeur médical, responsable des activités de conseils aux entreprises d’International SOS.
En France, « on a peur de ne pas avoir assez de vaccins », confie le docteur Dumortier. Dans un courriel du 8 octobre, le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, a indiqué que pendant les deux premiers mois de la campagne, il fallait donner la priorité aux « personnes les plus à risque de grippe sévère (…) et qui sont aussi à risque de forme grave de Covid-19 », ainsi qu’aux personnels de santé.
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