Un plan d’économies et une réorganisation au « Dauphiné libéré », en difficulté financière
« La poursuite des pertes du Dauphiné libéré n’est pas une option », avait prévenu fin septembre Christophe Victor, le directeur général du quotidien grenoblois détenu par le groupe Ebra. La direction du titre, qui s’attend à un déficit de 4 millions d’euros en 2023, a annoncé un plan d’économies d’un montant quasi similaire (4,2 millions), lundi 27 novembre, lors d’un comité social et économique (CSE).
Fragilisés par la baisse des ventes (– 7,1 % en moyenne sur les dix premiers mois de 2023 par rapport à la même période de 2022), un recul significatif de la publicité et la crise du portage, les comptes du journal dauphinois sont dans le rouge pour la première fois de son histoire.
Défendant un plan « de transformation » visant « à revenir à l’équilibre en 2024 », la direction plaide pour un plan de départs volontaires qui concernerait vingt postes (dont six journalistes), ainsi que six départs « naturels » non remplacés, en contrepartie de quatre créations de postes et de seize titularisations de CDD.
« Vaucluse matin » se replie dans le Nord
Vaucluse matin, qui appartient au Dauphiné libéré, devrait être particulièrement touché, avec la suppression de six à dix postes, selon les syndicats. Les pertes du titre approchent le million d’euros pour 2023, selon la direction générale. En conséquence, à Avignon, les bureaux, implantés depuis 1946, devraient fermer leurs portes.
En concurrence frontale avec La Provence, Vaucluse matin disparaîtrait ainsi du sud du département pour se replier dans le Nord. Huit salariés (rédaction et service publicité), devraient se voir proposer de déménager dans un espace de coworking à Avignon, tandis que six secrétaires de rédaction rejoindraient l’agence d’Orange. « La suppression du poste de chef des sports signifie qu’il n’y aura plus de journaliste qui couvrira ce sujet à l’échelle du département, alors que c’est un vecteur d’intérêt pour les lecteurs », s’inquiète Alex Guey, délégué Force ouvrière (FO) au CSE.
« On sacrifie le Vaucluse en le réduisant à peau de chagrin », tance la journaliste et déléguée syndicale FO Mona Blanchet, rappelant que les agences de Bollène et Carpentras ont été déjà fermées en 2020. « On peut comprendre la réorganisation structurelle, mais on peine à voir le bénéfice de ce plan de départs volontaires », s’interroge de son côté Philippe Cortay, de la CFDT. « Cette solution a été privilégiée pour éviter les déplacements contraints », assure Christophe Victor.
Négociations
Alors que 78 salariés pourraient prétendre au plan de départs, celui-ci doit faire encore l’objet de négociations entre la direction et les délégués syndicaux qui commenceront le 14 décembre. Plusieurs autres solutions ont par ailleurs été actées pour réaliser des économies (arrêt de la publication de trois magazines publicitaires, rationalisation des événements et des frais généraux…). Un déménagement dans de nouveaux locaux plus restreints doit avoir lieu d’ici le 31 mars 2024 avec pour but de générer 120 000 à 150 000 euros d’économies de loyer chaque année.
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