« Un meilleur partage de la valeur créée est source de plus d’implication, de dialogue social et d’attractivité »

« Un meilleur partage de la valeur créée est source de plus d’implication, de dialogue social et d’attractivité »

Les propos du président de la République, le 26 octobre sur France 2, sur la nécessité de mieux partager la valeur, relancent le débat – vieux de plus de 50 ans – sur les « dividendes du travail ». Depuis lors, le gouvernement a fortement marqué son intention d’avancer rapidement sur le renforcement des dispositifs concernés. Ces prises de position représentent une avancée majeure en vue de la concrétisation d’une réforme structurelle du dividende du travail.

Pour clarifier le débat, il convient d’abord de rappeler la distinction entre intéressement et participation, dont le rapprochement dans les discours ajoute parfois à l’incompréhension.

– L’intéressement est un salaire, quel que soit son mode d’évaluation et de diffusion, éventuellement différée dans le temps. Il est déductible directement des recettes de l’entreprise et contribue à la détermination de son bénéfice brut.

– La participation financière, elle, est assise sur le bénéfice net, ce qui, en soi, en fait un « dividende », même si sa formule de calcul la différencie des versements liés aux dividendes du capital.

Une confusion entre intéressement et participation

Plus fondamentalement, et au-delà des formules légales qui positionnent le débat sur un aspect technique, c’est bien l’idée gaullienne d’association capital travail qui incite à qualifier la participation financière de « dividendes du travail ». Le Général de Gaulle y voyait le moyen de réduire les effets négatifs du capitalisme pur et dur sur les droits et statuts des travailleurs, et sans doute surtout un obstacle à l’expansion du communisme.

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La plupart des caciques du parti gaulliste y étaient cependant hostiles, au motif plus ou moins avoué que cela affectait le caractère souverain du pouvoir de direction. On se souvient de la phrase de Georges Pompidou, alors premier ministre, répondant, à la sortie de l’Elysée le jour de l’adoption de l’ordonnance de 1967 [créant la participation financière], à la question d’un journaliste « Qu’en pense le Général ?  » : « Vous savez, le Général n’a jamais mis les pieds dans un conseil d’administration ! ».

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Dès lors, le débat n’a eu de cesse d’entretenir une confusion entre intéressement et participation, pour éviter de franchir le pas vers « l’entreprise-institution » chère au professeur de droit Paul Durand (1908-1960), l’un des pères fondateurs de l’approche sociétale de l’entreprise, dans laquelle les salariés ne sont pas des tiers. Jacques Chaban-Delmas était un des rares gaullistes à défendre la « participation pure et dure » au nom du progrès économique et social grâce à une prise en considération de la collectivité des travailleurs.

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LJD

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