Tri des déchets : ce sous-traitant de Veolia, Suez et Paprec qui exploitait des sans-papiers
Ils sont de ceux et celles qui, dans les centres de traitement des déchets de la région parisienne, trient papiers, cartons et bouteilles en plastique que les Franciliens glissent en vrac dans leur poubelle jaune.
Sans papiers, pour certains même sans contrat de travail, salariés depuis plusieurs années de NTI, entreprise sous-traitante des groupes Veolia, Paprec ou Suez, chargés de ce service public par les collectivités locales, ils ont décidé de dénoncer au grand jour leurs conditions de travail, proches de l’exploitation, avec l’espoir d’obtenir une régularisation.
Huit hommes et trois femmes occupent ainsi, depuis le lundi 28 août, le centre de tri XVEO Veolia à Paris, épaulés par la CGT et des soutiens politiques, comme le député européen Pierre Larrouturou (Nouvelle Donne).
« Je pourrais vous parler quatre heures, quatre ans même, et ce ne serait pas assez pour dire ce que j’ai subi depuis que je travaille pour NTI, confie Aïcha, 37 ans. Maintenant, ça suffit, je veux relever la tête, je veux mes droits, mes papiers. Travailler au tri, d’accord, mais plus dans ces conditions-là. »
Cadences accélérées
Originaires du Maroc, ces salariés ont connu NTI – auparavant EPS – en 2019 ou 2020. Sous-traitante, cette entreprise semble fonctionner comme une agence d’intérim : elle envoie du personnel sur les sites pour compléter les équipes de Veolia ou de Paprec.
Mais dans des conditions de travail et de rémunération bien moins-disantes, selon les témoignages que Le Monde a recueillis, au cœur d’une enquête toujours en cours de l’inspection du travail. Pour eux, racontent-ils, les cadences de la chaîne sont accélérées « au maximum ». Après leur journée au tri, les femmes enchaînent au nettoyage, les hommes à l’entretien des trommels, ces tunnels de tri mécanique. Des heures supplémentaires jamais payées. Corvéables à merci, ils sont prévenus des missions à venir par SMS, toujours au dernier moment. Parfois, elles s’enchaînent sans véritable temps de repos.
Les salariés se montrent en photo tantôt chez Suez, à Créteil (Val-de-Marne) ou à Paris 17e, chez Paprec, à Nanterre (Hauts-de-Seine) ou à Saint-Ouen-L’Aumône (Val-d’Oise), chez Veolia, à Paris 15e, Vaux-le-Pénil ou Saint-Thibaut-des-Vignes (Seine-et-Marne), entre autres.
Plusieurs ont aussi été affectés à la désinfection des bus ou au nettoyage des hôpitaux pendant le confinement. « Le chef passait nous prendre en camionnette à 4 heures du matin au métro Courtilles à Gennevilliers et nous déposait sur place, sans nous dire où nous allions », se souvient Aïcha.
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