Télétravail : « C’est au niveau de chaque entreprise que les moyens et les conditions d’une mise en œuvre sereine doivent être réunis »
Tribune. Passé l’emballement parfois angélique des premiers mois pour le télétravail, de nombreuses voix se sont élevées pour en critiquer les nombreuses limites. Mais comme un retour au temps d’avant ne sera pas possible, employeurs et salariés doivent explorer les voies qui leur permettront de s’accorder. Une négociation paritaire est en cours au niveau national, mais c’est aussi au niveau de chaque entreprise que les moyens et les conditions d’une mise en œuvre sereine doivent être réunis.
Depuis des années, le télétravail est pratiqué dans les entreprises, même s’il est plutôt l’apanage des indépendants, des cadres supérieurs et des salariés nomades naturellement équipés en matériel mobile. La crise sanitaire l’a généralisé. Il est apparu dans les premiers temps comme une solution miracle à conserver absolument une fois le déconfinement venu, que ce soit côté employeurs ou côté salariés, qui y ont vu le moyen d’accéder à la liberté de s’organiser à leur gré, et d’éviter de nombreuses heures de transport pour se rendre sur leur lieu de travail, voire de quitter cette grande ville dont la qualité de vie ne leur convient plus.
Les mois passant, des revendications sont apparues, les salariés demandant principalement un droit au télétravail et la participation de l’employeur aux frais engagés pour l’activité à domicile (électricité, quote-part d’assurance, de loyer…). Comme, de leur côté, les entreprises ne peuvent pas financer en parallèle des bureaux vides la majeure partie du temps, elles risquent fort de mettre en place du « flex office » – des bureaux non individualisés.
Quid de l’obligation de sécurité au travail de l’employeur ?
Mais les salariés sont-ils prêts à accepter de ne plus avoir leur bureau attitré avec photos des enfants et décoration personnelle ? En poussant le raisonnement à l’extrême, pourquoi l’employeur ne prendrait-il pas en charge les Tickets Restaurant, les titres de transport en commun, voire le versement transport, au prorata du temps de présence au bureau ? Pourquoi les entreprises continueraient-elles à payer à 100 % pour un service que leurs salariés n’utilisent plus que partiellement ?
Une autre question se pose, sur le plan réglementaire cette fois : l’obligation de sécurité au travail de l’employeur ne s’arrêtant pas à la porte du bureau, comment la garantir avec un télétravail généralisé ? Comment s’assurer que les salariés ne sont pas sujets à des comportements addictifs ? Comment faire de la prévention à distance des risques psychosociaux ? Ou encore identifier les cas de harcèlement sans le témoignage ou le signalement des collègues de bureau ? Les salariés devront-ils, finalement, accepter d’ouvrir la porte de leur logement à leur employeur pour qu’il puisse remplir ses obligations réglementaires ? Sujet hautement sensible…
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