« Soit on s’adapte, soit on meurt » : en Occitanie, les sous-traitants de l’industrie aéronautique résistent

« Avant la crise, tous les voyants étaient au vert. Nous avions une bonne visibilité grâce à Airbus », soupire Mikel Charritton. C’était avant que la pandémie ne mette le secteur aéronautique à l’arrêt. « Quasiment du jour au lendemain, les avions sont cloués au sol. Et il n’y a plus de demande », se souvient le cogérant de Lauak, une entreprise familiale installée à Hasparren (Pyrénées-Atlantiques), qui possède trois sites en Occitanie et est spécialisée dans la fabrication de pièces et de structures. Pour 2020, le dirigeant de cette société, qui a réalisé 200 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019 et emploie 1 850 personnes, s’attend à une chute de 30 % de son activité.
M. Charritton a placé la moitié de son équipe au chômage partiel pour coller au plan de charge et traque les économies pour préserver sa trésorerie. Cinq groupes de travail sont chargés de revoir les dépenses liées aux achats généraux notamment. « Soit on s’adapte, soit on meurt, mais le marché a besoin d’avions, et l’activité redémarrera en 2021 », veut-il croire.
Il vaudrait mieux : l’aéronautique est le moteur économique de l’Occitanie, qui revendique 800 entreprises et 86 000 emplois directs. Alors, en attendant, « on résiste », explique Grégory Mayeur, le directeur général de la division services de Satys. « [Mais] sans hypothéquer l’avenir, ce qui passe par notre capacité à investir », prévient-il. Le groupe toulousain, spécialisé notamment dans la peinture d’avions, a actionné de nombreux leviers : télétravail, report d’échéance bancaire… Même si l’activité chute de 50 %, l’industriel peut compter sur le soutien, y compris financier, de son actionnariat. « Nos partenaires historiques – banques, investisseur – ont validé notre stratégie de diversification et d’investissement pour soutenir la croissance du groupe », assure M. Mayeur. Si des projets sont reportés, d’autres néanmoins restent d’actualité, comme le rachat de Protec Métaux d’Arenc, à Marseille.
« On va s’abîmer »
Dans l’urgence, Caroline Gaches, responsable de la branche aéronautique et spatiale de Gaches Chimie, a réorienté une partie de sa production de produits chimiques en solution hydroalcoolique. « Depuis la mi-mars, nous sommes très proactifs, avec 60 000 litres par semaine, indique-t-elle. Ce qui nous a permis de maintenir la production à 100 %, en faisant travailler le maximum de personnes. » Cette société fondée en 1948 peut ainsi « passer la vague de façon temporaire », tout en misant sur d’autres secteurs « qui tournent à plein régime », comme le traitement de l’eau dans l’industrie et l’entretien textile.
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