Sexisme au travail : la prévention peut commencer
Les délits sont plus nombreux dans une équipe majoritairement masculine, ou lorsque les femmes sont en contact avec le public, ou encore lorsqu’une tenue professionnelle « sexy » est imposée, explique la journaliste du « Monde » Anne Rodier dans sa chronique.
Article réservé aux abonnés
Chronique « Carnet de bureau ». Propos déplacés, dégradants, déni de reconnaissance, cadeaux gênants, « promotion canapé » : comment prévenir efficacement contre le sexisme au travail, interrogeaient, mercredi 23 octobre à Paris, les participants du colloque organisé par le cabinet Technologia, expert en prévention des risques professionnels. Les récents résultats de l’Observatoire européen du sexisme et du harcèlement sexuel au travail, publiés le 14 octobre par la Fondation Jean-Jaurès, sont alarmants : 60 % des Européennes ont déjà été victimes de sexisme ou de harcèlement au travail au cours de leur vie professionnelle ; 30 % des Françaises ont déjà été harcelées ou agressées. L’enquête européenne donne un début de réponse : en identifiant les contextes de travail « pousse au crime », elle offre une nouvelle base de travail à disposition des manageurs.
« Dans les entreprises, le sexisme est encore abordé comme un problème de comportement individuel, alors que l’émergence des violences est très souvent multifactorielle. Aucun milieu n’est à l’abri et il existe des environnements de travail qui surexposent », confirme Florence Chappert, chercheuse à l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact).
Il y a trois ans, une précédente étude du ministère du travail avait établi deux contextes à risque : les organisations du travail qui donnent aux salariés le sentiment de ne pas pouvoir remplir leur mission correctement ; et les emplois ne correspondant pas aux stéréotypes sexués de la division du travail (une femme dans un milieu dit « masculin » et inversement). L’enquête européenne franchit une étape supplémentaire dans la connaissance des environnements à risque.
Protection des salariés
On sait désormais que les délits sont plus nombreux dans une équipe majoritairement masculine, ou lorsque les femmes sont en contact avec le public, ou encore lorsqu’une tenue professionnelle « sexy » est imposée. « L’étude [de l’Observatoire européen] nous dit aussi qu’il faut être particulièrement vigilants à la formation et à la sensibilisation de tous les collaborateurs, car 46 % des violences verbales ou visuelles ne viennent pas d’un supérieur hiérarchique, mais d’un collègue », souligne Amandine Clavaud, responsable Europe et égalité femmes-hommes à la Fondation Jean-Jaurès.