Santé, frais de garde des enfants… Au Royaume-Uni, la défaillance des services publics constitue un frein à l’emploi

Santé, frais de garde des enfants… Au Royaume-Uni, la défaillance des services publics constitue un frein à l’emploi

Zoya ne travaille pas, n’étudie pas et a abandonné sa quête d’un emploi. La jeune fille de 19 ans [elle n’a pas souhaité donner son nom de famille], qui vit dans le Lancashire, une région défavorisée du nord de l’Angleterre, a décroché au moment de passer de l’école au monde du travail. « J’ai postulé à quelques emplois mais je n’ai reçu que des réponses négatives. Depuis, je n’ose plus me lancer », relate-t-elle, fragilisée par les longs confinements durant la pandémie de Covid-19.

Le manque de possibilités dans sa région la handicape. « Si je voulais décrocher un emploi, il me faudrait sans doute déménager à Londres, mais je n’en ai pas les moyens, le coût de la vie y est beaucoup plus élevé », raconte-t-elle. Elle se sent « désemparée, à la dérive » et a vu sa santé mentale se détériorer. « Je ne sais pas si je parviendrai un jour à rejoindre le monde du travail », soupire-t-elle.

Au Royaume-Uni, 872 000 jeunes de moins de 25 ans sont dans la même situation que Zoya, et catégorisés comme sans emploi, ni étude ni formation (NEET), soit 12,2 % des 16 à 24 ans. Et, globalement, le pays comptait 9,4 millions d’adultes inactifs fin juillet, soit 21,9 % de cette population, selon l’Office national de la statistique. « Cela représente environ un million de personnes de plus qu’en 2019, avant la pandémie, essentiellement des jeunes qui ne sont pas parvenus à intégrer le monde du travail », relève Ashley Webb, économiste auprès de la société de conseil Capital Economics.

Mauvaise santé

Comparé au reste de l’Europe, où les taux d’inactivité ont retrouvé leurs niveaux d’avant la crise sanitaire, le Royaume-Uni fait office d’exception. En cause, notamment, la mauvaise santé de sa population : 30 % des inactifs souffrent d’une maladie au long cours. Le nombre de personnes bénéficiant de prestations d’invalidité a crû de 39 % depuis 2020, selon l’Institute for Fiscal Studies, un think tank.

Chez les jeunes, ce sont les problèmes de santé mentale qui ont le plus augmenté ; chez les seniors, ce sont les maladies musculo-squelettiques (mal de dos, arthrite). « Les longues listes d’attente dans le système de santé public empêchent la population d’accéder aux soins dont elle a besoin, note Tony Wilson, directeur de l’Institute for Employment Studies. Le soutien aux personnes souffrant de maladies mentales est également inadéquat après des années de sous-investissement. »

Parmi les inactifs, on trouve en outre 1,1 million de personnes – dans leur immense majorité des femmes – qui ne travaillent pas car elles doivent s’occuper d’un proche. « Dans certaines cultures, notamment celles d’Asie du Sud, l’une des filles doit rester à la maison pour prendre soin des aînés et des autres membres de la fratrie », détaille Andrea Barry, économiste pour l’ONG Youth Futures Foundation.

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