Salaires : légère avancée sur les inégalités femmes-hommes dans le monde

Salaires : légère avancée sur les inégalités femmes-hommes dans le monde

Carnet de bureau. Quand il s’agit de réduire les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes, les progrès sont tellement rares qu’ils méritent d’être salués. Dans l’actualisation de son rapport annuel sur l’emploi et les questions sociales 2024 publiée mercredi 4 septembre, l’Organisation internationale du travail (OIT) a en effet annoncé une légère hausse du ratio global du salaire des femmes par rapport à celui des hommes dans le monde. Concrètement, lorsque en 2005 « un homme gagnait un dollar par son travail, une femme ne touchait que 47 cents. En 2024, elle en reçoit 51,8. Ce qui reflète un modeste progrès », commente l’OIT.

Mais c’est « insuffisant », soulignent les auteurs du rapport préparé par le département de statistiques de l’OIT sous la direction de Rafael Diez de Medina. Et cette amélioration n’est pas uniforme. Les avancées sont en effet plus « importantes » en Europe ou en Asie qu’en Afrique, par exemple. Les Européennes toucheraient désormais 61,9 cents (quand un Européen reçoit l’équivalent d’un dollar) contre 53,9 cents en 2005, tandis qu’en Afrique, la part versée aux femmes a reculé sur cette même période de 34,9 à 34,7 cents pour un dollar payé aux hommes.

Quelle que soit la région, on est évidemment encore très loin de l’égalité salariale. Un autre calcul nous rappelle chaque année à l’automne que le sujet avance extrêmement lentement en France. « A partir du 8 novembre à 16 h 48, les femmes travailleront encore gratuitement cette année. Et ce jusqu’à fin décembre », affirme Rebecca Amsellem.

Cette docteure en économie, fondatrice de la newsletter féministe « Les glorieuses », traduit chaque année depuis 2016 l’écart salarial publié par l’office de statistiques européen Eurostat en nombre de jours, puis d’heures pour afficher ce que représente le travail gratuit des femmes. En 2023, avec un écart de salaire de 15,4 %, rapporté aux 251 jours ouvrés, ce sont ainsi 38,6 jours de travail que les femmes ont offerts malgré elles. En 2024, c’est seulement deux jours de moins.

Ségrégations professionnelles

Le calcul des « Glorieuses » a parfois été critiqué car l’écart de 15,4 % est seulement mesuré en équivalent temps plein pour toutes les entreprises de plus de dix salariés, mais pas à postes comparables – le taux descendrait alors à 4 %. « C’est certes une moyenne intersectorielle, mais c’est un symbole fort des inégalités salariales », souligne Mme Amsellem.

De fait, il souligne en creux le rôle des ségrégations professionnelles dans la persistance des inégalités. En France, les secteurs très féminisés de la santé et de l’éducation présentent de bons exemples du lien entre faibles revenus des femmes et répartition genrée des professions.

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LJD

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