Réforme de la haute fonction publique : les propositions-chocs de la mission Thiriez
Six mois après le début de sa mission, la petite équipe conduite par Frédéric Thiriez a les idées claires sur ce qu’elle compte proposer au président de la République, fin janvier, pour réformer la haute fonction publique. Le rapport qui conclura la mission confiée en mai à l’avocat, énarque et ancien président de la Ligue de football professionnel devrait rester fidèle aux idées-forces d’Emmanuel Macron, révélées par Le Monde en avril.
Ni Matignon ni la mission Thiriez ne souhaitent s’exprimer à ce stade. Mais, selon les informations du Monde, c’est bien une réforme d’ampleur qui se prépare, et plusieurs piliers de la haute administration française devraient vaciller sur leurs bases. L’un des plus emblématiques est bien entendu l’Ecole nationale d’administration. L’ENA, dont Emmanuel Macron a annoncé la disparition, devrait, selon le projet Thiriez, connaître une évolution profonde. L’une des ambitions du chef de l’Etat est de créer un nouvel établissement qui formerait tous les plus hauts cadres de l’Etat pour leur donner une culture commune. La mission Thiriez a donc imaginé un système à deux étages assez novateur.
Le premier étage du système est un tronc commun qui sera cogéré par sept écoles
Le premier est un tronc commun qui sera cogéré par sept écoles : celles qui forment les administrateurs civils (ENA), les magistrats (Ecole nationale de la magistrature), les cadres de la territoriale (Institut national des études territoriales), les commissaires de police (Ecole nationale supérieure de la police) ou encore les cadres de la santé publique (Ecole des hautes études en santé publique). Après le concours, les élèves seront réunis pour « voir la réalité du terrain », selon une source qui suit de près le travail de la mission Thiriez. Ce sera par exemple l’occasion d’être sensibilisé aux enjeux de la défense nationale par une sorte de « préparation militaire supérieure » de trois semaines, ou de découvrir « une jeunesse qu’ils n’ont pas fréquentée » en encadrant des jeunes du service national universel. En plus des stages et des enseignements.
Après ce tronc commun, qui devrait durer de six à douze mois, les élèves rejoindront leur école spécifique. Grande nouveauté : l’ENA nouvelle manière accueillera les futurs administrateurs, comme aujourd’hui, mais aussi les ingénieurs des grands corps techniques de l’Etat. Ces élèves, souvent diplômés de l’école des Mines, des Ponts et Chaussées, de l’Ecole nationale de la statistique et de l’administration économique ou des filières de l’armement, termineraient donc leurs études avec les énarques. Les élites de l’élite, « qui s’ignorent, voire ne s’aiment pas », souligne-t-on dans l’entourage de la mission, seraient fondues dans le même moule. Une révolution. La nouvelle ENA, toujours située à Strasbourg, accueillerait donc 240 élèves, contre 80 aujourd’hui.