Reconversion professionnelle : les syndicats et le patronat parviennent à un accord

A l’inverse du conclave sur les retraites, qui s’est soldé par un échec deux jours plus tôt, le patronat et plusieurs syndicats sont parvenus, mercredi 25 juin soir, à s’entendre sur les reconversions professionnelles. Cet accord était voulu par le gouvernement, qui avait demandé en avril aux partenaires sociaux de négocier sur le sujet.
« On est sur un accord qui a du sens dans la façon dont il réorganise de façon un peu plus moderne les dispositifs de reconversion, mais avec une ambition qui est tout à fait mesurée parce qu’on est dans un cadre budgétaire qui est super contraint », a déclaré, juste après la fin de la séance, le négociateur de la CFDT, Yvan Ricordeau. « La CFDT ne va pas dire qu’on va changer de planète sur la reconversion alors qu’il n’y aura pas ce qu’on avait imaginé il y a quelques mois », a-t-il ajouté en relativisant la portée de l’accord, tout comme les autres représentants syndicaux.
Yvan Ricordeau a précisé que le bureau national du premier syndicat se tiendra vendredi et qu’il défendrait le texte, mais qu’il fallait aussi tenir compte du « contexte », « personne n’étant capable de trop savoir ce qui peut se passer [jeudi] sur les arbitrages sur la question des retraites ».
Il a précisé que les trois organisations syndicales présentes dans le conclave sur les retraites (CFDT, CFE-CGC et CFTC) avaient envoyé un texte commun au premier ministre, François Bayrou, qui doit tenir, jeudi à 17 heures, une conférence de presse pour tirer les conclusions de ses dernières discussions avec les partenaires.
« L’effet retraites a joué à plein » car il y a eu « une très grande volonté de la partie patronale d’obtenir un accord », a analysé le représentant de la CFE-CGC, Jean-François Foucard, qui a jugé l’accord « signable » tout en ajoutant ne pas savoir quand son organisation se prononcerait.
Un compromis sous contraintes budgétaires
« Il n’y a pas de nouveaux droits mais on n’en a pas perdus », a estimé pour sa part le négociateur FO, Michel Beaugas.
« Le CPF [compte personnel de formation] reste à la main du salarié, à chaque fois il devra donner son avis » sur sa mobilisation pour financer une formation, et dans le cadre d’une mobilité interne à son entreprise, « il ne pourra pas donner tout son CPF mais seulement 50 % », a-t-il détaillé. « On retrouve beaucoup de nos demandes » dans l’accord, selon le responsable de FO, qui a toutefois précisé être dans « l’incapacité de dire si nous serons signataires ou non ».
La CFTC a déclaré, par la voix de sa négociatrice, Aline Mougenot, qu’elle présentera l’accord au conseil confédéral avec « plutôt un avis favorable » après avoir notamment obtenu que soit consigné dans le texte que « le salarié donne son accord pour une reconversion externe » afin que la reconversion ne puisse pas servir de licenciement déguisé.
La CGT en revanche, si elle ne s’est pas prononcée pour un rejet du texte, a de nouveau sévèrement critiqué la méthode de négociation « très dure » du patronat et la volonté du gouvernement d’aboutir rapidement alors que « le sujet aurait mérité une négociation plus longue », selon la négociatrice de la centrale de Montreuil, Sandrine Mourey. Elle a cependant reconnu que les pourparlers avaient permis de progresser, mais estimé que « le texte final aurait été un bon texte de démarrage de la négociation ».
Des avancées sur la formation et la mobilité
Enfin, le négociateur du Medef, Hubert Mongon, a salué un accord permettant « de mettre la formation au service de l’emploi ».
Sur le projet de transition professionnelle (PTP) à l’initiative du salarié, pour lequel les syndicats ont réclamé et obtenu le droit à la réintégration dans son entreprise d’origine du salarié parti en formation en cas d’échec de son insertion dans l’entreprise d’accueil, M. Mongon a estimé qu’un « bon compromis » a été trouvé « pour que chacun puisse être rassuré ».
Il a enfin précisé que le texte serait transmis dans la nuit de mercredi à jeudi au ministère du travail pour être intégré au projet de loi qui transpose notamment l’accord national interprofessionnel (Ani) sur l’emploi des seniors, déjà adopté sur ses autres articles par la commission des affaires sociales de l’Assemblée. Celle-ci se réunira à nouveau lundi pour permettre d’intégrer l’accord sur les reconversions.