Reconfinement : « Certaines victimes ont d’ores et déjà tombe ouverte dans le cimetière de la pandémie : les entrepreneurs »
Tribune. La séquence politique et médiatique autour du reconfinement annoncée mercredi 28 octobre par le président de la République promet de balayer tous les sujets de préoccupation et de sidérer les opinions publiques plus encore qu’au mois de mars. Si la maladie frappe les Français au hasard, certaines victimes ont d’ores et déjà tombe ouverte dans le grand cimetière de la pandémie : les entrepreneurs.
La France dit les porter en bandoulière. Pourtant, le problème de leur protection sociale reste totalement sous-estimé encore à ce jour. Les conséquences s’annoncent lourdes, à la suite de la fermeture des boîtes de nuit, des salles de sport, du restaurant près du bureau pourtant apprécié mais lui aussi emporté par la vague des comorbidités engendrées par le couvre-feu et un deuxième confinement.
Derrière ces entreprises, ils sont des centaines de milliers, femmes et hommes, entrepreneurs engagés pour leur territoire, inclusifs socialement et économiquement, facteurs de concorde sociale. En Espagne, en Italie, ils ont perdu patience. La France saura-t-elle démontrer la différence de son modèle social ?
Des victimes collatérales
Chaque année en France, jusqu’en 2019, 50 000 femmes et hommes dirigeants mettent la clé sous la porte, soit 140 par jour, dans une indifférence quasi générale. De ce qui relève de la catastrophe, le Covid-19 va l’élever au rang de cataclysme puisque ce chiffre sera multiplié par trois à la suite de la crise que nous affrontons encore ! Au bas mot, de 100 000 à 150 000 chefs d’entreprise, au premier rang desquels les dirigeants de très petites entreprises (TPE), vont disparaître.
S’ils font vivre une famille de quatre personnes, plus d’un demi-million de personnes seraient des victimes collatérales. Seul 1 % d’entre eux a anticipé une éventuelle situation de catastrophe et dispose d’un filet de sécurité. Le drame économique, social, humain est devant nous. Rappelons que sans chef d’entreprise, pas d’entreprise, et donc pas de salariés, pas de création de richesses pour notre pays.
Et 99 % de ceux qui ne se relèveront pas perdront toutes leurs ressources pour payer les factures familiales et remplir leur réfrigérateur. Sans désir de comparer, encore moins d’opposer, mais seulement d’expliquer, comprenons qu’un salarié perdant son emploi peut, par ses cotisations obligatoires mensuelles, et c’est une excellente chose, s’appuyer sur un système d’assurance-chômage, structuré, automatique et fléché. Il n’en est rien pour les entrepreneurs qui, contrairement aux idées reçues, n’ont pas droit au chômage, quel que soit leur statut.
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