Rebond du marché de l’emploi : l’Ile-de-France à la traîne des autres régions
Après avoir recruté 25 personnes en 2021, Eurecia, une PME de 120 salariés, va étoffer encore ses équipes d’une quarantaine de CDI, cette année. Signe particulier : cet éditeur de logiciels est installé en bordure du canal du Midi, à Castanet-Tolosan, à quelques kilomètres de Toulouse. Partout dans l’Hexagone, ou presque, ce type d’annonce se répète. ID Logistics a créé, mi-2021, quelque 500 emplois à Brebières dans le Pas-de-Calais ; le groupe Muller, spécialisé dans les appareils de chauffage, a annoncé, en septembre 2021, le recrutement d’une cinquantaine de personnes sur ses sites industriels installés un peu partout sur le territoire, dans les Hauts-de-France, dans les Pays de la Loire, dans le Grand-Est…
Après la récession historique de 2020, la reprise s’est déjà accompagnée d’une première surprise sur le marché du travail : non seulement la flambée du chômage n’a pas eu lieu, mais, à la fin septembre 2021, l’emploi salarié se situait 1 % au-dessus de son niveau de la fin de 2019. Soit près de 270 000 emplois supplémentaires. Et, et c’est là la seconde surprise, l’Ile-de-France, qui représente pourtant un emploi sur quatre dans l’Hexagone, est à la traîne face au dynamisme d’autres régions.
Les chiffres publiés vendredi 7 janvier par l’Insee sont, à cet égard, éloquents. Entre fin 2019 et le troisième trimestre 2021, l’Ile-de-France a vu ses effectifs salariés augmenter de seulement 0,3 %, contre 1 % en moyenne au niveau national. La plus grande région économique du pays est largement distancée, en termes de créations d’emplois, par la Nouvelle-Aquitaine, qui fait presque deux fois mieux (+ 1,9 %), la Bretagne et Provence-Alpes-Côte d’Azur (+ 1,7 %), l’Occitanie (+ 1,4 %), Auvergne-Rhône-Alpes (+ 1,3 %)… Seules deux régions apparaissent faire moins bien : Bourgogne-Franche-Comté (– 0,4 %) et le Grand-Est, qui n’affiche qu’un timide + 0,2 %.
Comment expliquer ce décalage ? « On ne peut pas dire qu’il y ait eu des délocalisations d’entreprises de Paris vers la province », relève ironiquement Vladimir Passeron, chef du département de l’emploi et des revenus d’activité à l’Insee. Ce serait aussi aller un peu vite en besogne que d’expliquer les mouvements sur le marché de l’emploi par l’« exode urbain » lié à la crise sanitaire. D’abord, parce que les départs concernent surtout des habitants de Paris intra-muros, qui, finalement, s’installent… en banlieue, et ne changent donc pas de lieu de travail. Ensuite, cet « exode » ne peut expliquer les 270 000 créations d’emplois en dehors de l’Ile-de-France.
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