« Que sait-on du travail ? » : Comment rendre le travail soutenable après 47 ans
25 % : C’est la part des salariés de 47 à 61 ans qui travaillent sous pression, soit un quart de cette population senior, révèle la contribution d’Annie Jolivet au projet de médiation scientifique « Que sait-on du travail ? » du Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (Liepp), diffusé en collaboration avec les Presses de Sciences Po sur la chaîne Emploi du site Lemonde.fr.
Pour dresser un paysage aussi exhaustif que possible des conditions de travail des seniors, l’économiste a établi une typologie en fonction de la nature et de la fréquence de leurs contraintes quotidiennes et met en exergue l’influence de cet environnement de travail sur la soutenabilité jusqu’à l’âge de la retraite.
Les 25 % « sous pression », majoritairement des cadres et des professions intermédiaires, sont les plus nombreux à considérer qu’ils ne tiendront pas jusqu’à la retraite. Quelles sont leurs conditions de travail ? Ils cumulent des contraintes de rythme serré, des délais non négociables, un manque d’informations ou de matériel adapté, voire une impossibilité de coopérer pour faire correctement son travail, une obligation à réaliser des choses qu’ils désapprouvent et, enfin, ils ont dû supporter des changements importants dans leur entreprise.
Cette catégorie de seniors « rapproche les situations de travail de salariés relativement abrités des contraintes physiques mais fortement soumis à des contraintes temporelles serrées, souligne Annie Jolivet. Ces résultats confirment que le jugement porté sur la soutenabilité de son travail n’est pas seulement lié à des situations de travail peu qualifié », précise la chercheuse. C’est de toutes les classes celle qui accueille la plus forte proportion de diplômés au-delà du bac.
Outre cette population particulièrement marquée par la pression du temps, la typologie construite à partir des enquêtes « Conditions de travail 2013 » et « Conditions de travail-risques psychosociaux 2016, comprend quatre catégories de seniors :
La plus nombreuse (31 % des salariés), dite des « épargné.es », est celle qui supporte le moins d’horaires décalés, de contraintes physiques ou de manque d’autonomie dans son organisation. Il s’agit majoritairement (52 %) de femmes qui sont employées ou de professions intermédiaires (santé, éducation). Les hommes de cette catégorie (48 %) sont cadres, techniciens ou ouvriers qualifiés. Plus de 70 % de ces salariés ainsi « épargnés » se sentent capables et souhaitent faire le même travail jusqu’à l’âge de la retraite. Ils sont moins nombreux dans les autres catégories de seniors.
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