Pour les salariés, « le principal sujet reste le pouvoir d’achat »
La scène s’est répétée devant les hypermarchés Carrefour d’Antibes, Troyes, Limoges, Evreux, Alençon ou Toulon, samedi 24 septembre : les clients ont été accueillis par tracts, banderoles et salariés en grève.
Visiblement, ceux-ci ne sont pas convaincus par les dernières propositions faites par la direction, jeudi 22 septembre, à savoir 2,5 % d’augmentation, 100 euros de prime pouvoir d’achat et prolongation d’une remise sur achat. Et ce, après 1 % d’augmentation concédé en novembre 2021, 1,3 % en février 2022, 1,5 % en juillet ainsi que 1 350 euros environ en intéressement et participation.
« C’est un vrai ras-le-bol ! Il y a un énorme turnover dans nos magasins. Nos conditions de travail ne cessent de se dégrader, témoigne, de son hypermarché d’Ollioules (Var), Nadia Ayad, déléguée centrale FO (majoritaire). Et on nous propose 100 euros de prime ? Mais on n’est pas des gueux ! On est la deuxième ligne ! » lance-t-elle, en référence à la désignation de ces travailleurs « essentiels » pendant les confinements liés au Covid-19.
Ce mouvement amorce une semaine capitale pour prendre le pouls du climat social. Après l’effervescence du premier semestre, où les conflits se sont multipliés dans les entreprises autour des salaires, sur fond d’inflation (5,9 % sur un an en août), la rentrée s’est jusqu’ici révélée plutôt calme, tandis que la gestion de la flambée des prix de l’énergie fait figure de nouveau front.
« De l’argent y’en a, dans les caisses de PSA ! »
Pour autant, qu’il s’agisse des salariés de la grande distribution, de l’automobile ou des assurances, tous s’accordent à dire que, pour eux, « le principal sujet reste le pouvoir d’achat ». « Tout le monde ne parle que de ça », résume Franck Théry, secrétaire général de la CGT chez Stellantis (ex-PSA) à Hordain (Nord).
C’est dans cette usine que s’est produit le premier soubresaut de mobilisation au sein du groupe automobile : le vendredi 16 septembre, plusieurs centaines d’ouvriers, selon la CGT (plusieurs dizaines, d’après la direction), se sont mis en grève. Une vidéo les montre quittant leur poste de travail et entonnant en chœur : « De l’argent y’en a, dans les caisses de PSA ! » Depuis, de courts débrayages ont eu lieu dans plusieurs usines du groupe.
A l’hiver 2021, chez Stellantis, comme chez Renault ou Michelin, les syndicats avaient refusé de signer les propositions de la direction lors des négociations annuelles obligatoires (NAO), cadre légal de discussion sur les salaires. L’enveloppe globale de 3,2 %, dont 2,8 % d’augmentation générale pour les ouvriers, était jugée insuffisante, malgré 4 000 euros d’intéressement. Mais Stellantis pèse 8 milliards de bénéfices au premier semestre 2022, en hausse de 34 % sur un an.
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