« Passer à la semaine de quatre jours au travail aurait un vrai impact sur la planète »

« Passer à la semaine de quatre jours au travail aurait un vrai impact sur la planète »

Réduction des déplacements, baisse d’utilisation de l’éclairage des bureaux, des ascenseurs, du chauffage, de la climatisation et des équipements énergivores, typiques dans de nombreux emplois… Après avoir mis en avant les bienfaits sociaux de la semaine de quatre jours, de nombreuses études montrent que ce dispositif est aussi salutaire pour la planète, souligne l’économiste Aurélie Piet, autrice de 2 milliards de réenchanteurs (Actes Sud, 160 pages, 12,90 euros).

La semaine de quatre jours est généralement débattue sous l’angle économique ou social. Depuis quand est-elle abordée pour son impact sur le climat ?

Pendant l’épidémie de Covid-19, on a pu vérifier que la diminution de l’activité économique se traduisait par une importante diminution des émissions carbonées. En 2020, les émissions quotidiennes mondiales de dioxyde de carbone ont chuté de 17 %, d’après une étude publiée par la revue scientifique Nature. Du jamais-vu.

Certes, des chercheurs avaient déjà montré que travailler moins permettait de consommer moins d’énergie et donc d’émettre moins de gaz à effet de serre [GES] : en 2006, une étude du Center for Economy and Policy Research concluait ainsi que, si les Etats-Unis adoptaient les habitudes des pays d’Europe occidentale en termes de temps de travail, leur consommation d’énergie baisserait d’environ 20 %. La pandémie de Covid-19 a permis une vraie prise de conscience de ce sujet.

Pourquoi la réduction du temps de travail est-elle salutaire pour la planète ?

D’abord parce que travailler moins, c’est se déplacer moins, donc c’est polluer moins. D’après un article paru dans Nature en mai 2020, avec une part de 43 % dans la réduction globale de la pollution pendant la pandémie, le trafic routier aura le plus contribué à la baisse des émissions ; mettant en évidence l’impact majeur des déplacements sur les émissions de GES. Sachant également qu’en France, d’après les données de l’Insee, sept salariés sur dix utilisent leur voiture pour aller travailler, la semaine de quatre jours aurait un réel effet. Ce dispositif permet également de réduire la consommation d’énergie, notamment lorsque l’entreprise ferme un jour par semaine. On a alors un vrai impact avec la baisse d’utilisation de l’éclairage des bureaux, des ascenseurs, du chauffage, de la climatisation et des équipements énergivores, typiques dans de nombreux emplois.

Ne faut-il pas craindre une hausse des plaisirs polluants ?

Dans son rapport intitulé Stop the Clock (« arrêtez l’horloge »), publié en 2021, l’association britannique Platform montre que les salariés n’emploient pas leur temps libre pour consommer davantage. La semaine de quatre jours leur permettrait plutôt de passer plus de temps avec leurs proches, de cuisiner à la maison, de jardiner, de s’engager dans une activité bénévole. Au Royaume-Uni, plus de soixante entreprises ont testé, entre juin et décembre 2022, la semaine de quatre jours de travail. Le rapport de cette expérimentation montre qu’avec ce dispositif les hommes accordent plus de temps aux tâches domestiques et à la garde des enfants.

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LJD

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