Parcoursup 2019 : comment le supérieur va choisir les lycéens du bac
Les élèves ont peur que le choix des spécialités en première ne limite les orientations possibles.
Les lycéens vont-ils se charger de prendre « la » décision de leur vie en matière d’orientation dès 15 ans ? C’est à cet âge que la majorité d’entre eux se positionne aujourd’hui entre les cursus littéraire, scientifique ou économique, pour ce qui est du lycée général. Mais avec le nouveau bac revisité à l’horizon 2021, l’exercice pourrait se compliquer : les élèves de seconde craignent déjà que leur choix pour la première ne conditionne plus fortement la poursuite de leurs études. A compter de février, ils ont à se prononcer sur les douze enseignements de spécialité qui s’offrent à eux, pour en garder trois en première, deux en terminale.
Les adversaires de la réforme engagée, à débuter par le SNES-FSU, syndicat majoritaire parmi les enseignants du secondaire, s’alarment déjà d’un « tube », ou d’un « silo », enfermant la jeunesse dans des voies toutes tracées encore plus tôt. Derrière cette inquiétude, c’est la sélection opérée par les formations de l’enseignement supérieur qui pose question. Comment les universités vont-elles juger les combinaisons de matières désormais choisies par chacun – en plus du tronc commun – à l’heure de l’admission sur la plate-forme Parcoursup ? Lesquelles de ces combinaisons vont-elles privilégier ? Certains choix seront-ils rédhibitoires ?
« On nage en pleine hypocrisie »
Le gouvernement a beau marteler que les choix de spécialités ne seront pas « prescripteurs » et n’interdiront, en rien, l’entrée dans une formation, il a du mal à déterminer. « C’est la grande ambiguïté de cette réforme : vouloir faire coexister une plus grande liberté de choix [d’orientation] et une mise en cohérence des enseignements[lycée-université] », analyse l’ancien recteur Alain Boissinot. Malgré les confiances données par la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, et son homologue à l’éducation, Jean-Michel Blanquer, l’évidence demeure : une réforme faite pour mieux articuler le secondaire et le supérieur et favoriser la réussite en licence ne peut ignorer l’imbrication des deux niveaux.
« Le choix des spécialités sera évidemment utilisé dans le classement des dossiers. Et certaines matières rapporteront forcément plus que d’autres. »
Les responsables de l’enseignement supérieur ne disent pas autre chose, quand on les consulte sur la manière dont ils envisagent de sélectionner ces futurs étudiants venant frapper à leurs portes. « Le gouvernement ne veut pas qu’on annonce clairement qu’il faudra avoir suivi telle ou telle spécialité au lycée pour rejoindre une licence,rapporte un vice-président d’université francilienne. Mais on nage en pleine hypocrisie. Le choix des spécialités sera évidemment utilisé dans le classement des dossiers. Et certaines matières rapporteront forcément plus que d’autres. » Cet universitaire reconnaît simplement que le fonctionnement antérieur n’était pas très différent : il était recommandé de ne pas afficher les filières de bac dans les « prérequis », alors que celles-ci étaient prises en compte.