Le nombre de chômeurs a légèrement augmenté en France au deuxième trimestre 2025

Le nombre de chômeurs inscrits à France Travail en catégorie A (sans activité) a enregistré une légère hausse de 0,2 % au deuxième trimestre en France (hors Mayotte) après neutralisation de différents effets, selon les chiffres publiés mardi 29 juillet par le ministère du travail.

Le nombre d’inscrits en catégorie A a baissé de 5,7 % à 3,2 millions, selon le service statistique du ministère du travail (Dares). Mais ces résultats sont affectés par trois effets – la loi plein-emploi, des changements de règles d’actualisation et de nouvelles règles en matière de sanction – qui, une fois neutralisés, aboutissent à une hausse de 0,2 % reflétant mieux « la situation conjoncturelle du marché du travail », selon la Dares.

Ces effets chamboulent les chiffres des inscrits à France Travail depuis janvier, notamment en raison de l’inscription automatique sur les listes des bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) prévue par la loi plein-emploi. S’y ajoutent les changements de règles d’actualisation, un temps automatique pour certains nouveaux inscrits et le décret instaurant un nouveau régime de sanctions en cas de manquements entré en vigueur en juin.

En neutralisant les effets pour l’ensemble des catégories A, B, C incluant l’activité réduite, le nombre de demandeurs d’emplois progresse de 0,9 % au deuxième trimestre. Avec les différents effets, il baisse de 2,2 % à 5,6 millions.

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Le Monde avec AFP

Banque de France : les risques psychosociaux confirmés dans une filiale dans laquelle un salarié s’est suicidé

Siège de la Banque de France à Paris, le 9 avril 2025.

Le rapport rendu par Technologia et communiqué jeudi 24 juillet par la CGT estime que les conditions de travail ont « très probablement conduit à une déstabilisation progressive » du salarié d’EuropaFi, la filiale de la Banque de France spécialisée dans la production de papiers sécurisés, qui s’est suicidé en novembre 2024.

Les experts y estiment que « la situation de l’entreprise est propice aux risques psychosociaux ». « Si des efforts ont été faits, le repérage et le traitement (de ces risques) sont encore largement insuffisants », ajoutent-ils. « Ces déficiences sont illustrées dans la chronologie du salarié qui a mis fin à ses jours. »

Il y a près de neuf mois, un agent de maîtrise de l’atelier de maintenance électrique de l’entreprise, qui emploie 283 personnes à Vic-le-Comte (Puy-de-Dôme), s’était donné la mort, sans laisser d’explication sur les raisons de son geste. La CGT du site (80 % des voix aux élections professionnelles) a immédiatement pointé la responsabilité de l’employeur dans ce drame, le troisième en moins de deux ans dans la même direction. Le salarié a « subi un calvaire professionnel pendant deux ans », affirme Hugo Coldeboeuf, représentant de la CGT-Banque de France.

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Réforme de l’assurance-chômage : plusieurs centaines de milliers de personnes potentiellement concernées par une réduction de la durée d’indemnisation

Si la réforme de l’assurance-chômage voulue par le gouvernement était mise en œuvre, combien de demandeurs d’emploi en feraient les frais ? C’est l’une des questions les plus brûlantes qui se pose aujourd’hui. Annoncé le 15 juillet, le projet de l’exécutif aurait, en particulier, pour effet de raccourcir la durée d’indemnisation des allocataires, aucune indication n’ayant, à ce stade, été fournie sur le nombre de personnes potentiellement touchées puisque les paramètres ne sont pas encore gravés dans le marbre. Mais il est très possible qu’elles soient plusieurs centaines de milliers à subir un préjudice de cette nature, si l’on se fie à une étude menée au printemps 2024 par l’Unédic – l’association copilotée par les partenaires sociaux qui gère le régime.

Les principales mesures défendues par le pouvoir en place consistent à durcir les conditions pour être éligible à une prestation. Dans l’un des scénarios souvent évoqués depuis quelques jours – sans pour autant avoir été arbitré –, les chômeurs seraient tenus d’avoir travaillé au moins huit mois pendant une période dite de « référence d’affiliation » de vingt mois (au lieu de six mois sur vingt-quatre mois, à l’heure actuelle). Ces modifications auraient pour conséquence – entre autres – de reporter l’ouverture des droits pour beaucoup d’individus privés d’activité. Elles se traduiraient aussi par une diminution du nombre maximal de jours durant lesquels une prestation serait versée (par exemple de dix-huit à quinze mois, dans la piste fréquemment mise en avant).

Des dispositions analogues avaient déjà été envisagées au premier semestre 2024 dans la réforme que Gabriel Attal, alors premier ministre, avait portée par le biais d’un décret, finalement enterré à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale. A l’époque, les services de l’Unédic avaient conduit des travaux préparatoires afin d’essayer de cerner les incidences du texte. Les résultats de cette recherche avaient été synthétisés dans une note, qui n’a pas été publiée et que Le Monde a pu consulter. Ils doivent être maniés avec discernement, notamment parce que les hypothèses retenues à l’époque, par exemple sur l’évolution du chômage indemnisé ou des prix, ne seraient pas forcément les mêmes aujourd’hui. De plus, l’application des paramètres à certains publics (jeunes, seniors) peut varier, entre le projet 2024 et la version 2025.

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Vendanges : la condamnation à de la prison ferme pour traite des êtres humains en Champagne, « une épée de Damoclès pour ceux qui exploitent la misère humaine »

Certains des travailleurs sans papiers exploités lors des vendanges de 2023, dans une salle d’audience du tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne, le 19 juin 2025.

C’est un jugement dont les défenseurs du champagne comme ceux des travailleurs saisonniers espèrent qu’il fera date : un mois après une journée d’audience consacrée aux conditions d’exploitation d’une cinquantaine de travailleurs souvent sans-papiers lors de la vendange de 2023, trois personnes ont été condamnées à de la prison ferme pour traite d’êtres humains, lundi 21 juillet, par le tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne.

Alertée par des riverains, l’inspection du travail avait procédé à un contrôle de l’hébergement mis à disposition des vendangeurs par la société de prestation viticole Anavim à Nesle-le-Repons, au sud-ouest de Reims, en septembre 2023. Elle constatait des conditions de vie et d’hébergement portant « gravement atteinte » à la sécurité, à la santé et à la dignité des occupants, selon le résumé du parquet de Châlons-en-Champagne.

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Plans de sauvegarde de l’emploi : la commission d’enquête de l’Assemblée nationale dénonce les défaillances de l’Etat face à la hausse des licenciements

Lors d’une manifestation contre la suppression de 80 postes, devant l’usine ArcelorMittal de Basse-Indre (Loire-Atlantique), le 7 mai 2025.

ArcelorMittal, Auchan, Michelin, etc. : après une série de retentissants plans de licenciements, un rapport d’une commission d’enquête de l’Assemblée nationale met en lumière, mercredi 16 juillet, des « défaillances » des pouvoirs publics face à la hausse des plans de sauvegarde de l’emploi (PSE).

A l’instar d’autres récentes commissions d’enquête parlementaire, la commission de l’Assemblée nationale chargée d’enquêter sur les défaillances des pouvoirs publics face aux plans de licenciements, copilotée par le rapporteur Benjamin Lucas (Les Ecologistes) et son président Denis Masséglia (Ensemble), a su occuper le devant de la scène grâce à ses auditions médiatisées de grands patrons ou ministre.

Au bout de quatre mois de travail, elle formule 52 recommandations et constate pour le regretter un « recul progressif de la capacité de l’Etat à orienter les choix stratégiques des grandes entreprises, y compris lorsqu’elles sont massivement soutenues par des fonds publics ».

« La responsabilité de l’Etat ne peut être éludée. Trop souvent, son inaction, son silence ou ses réponses diluées ont renforcé le sentiment d’abandon dans les bassins d’emplois », observent les députés.

Une hausse inquiétante des PSE et des critiques sur les réformes

Même si les PSE ne représentent qu’une « part marginale » des ruptures de contrat de travail, leur nombre connaît « une hausse inquiétante », touchant des secteurs comme l’industrie, la grande distribution, le prêt-à-porter ou encore la banque, fait valoir la commission.

Critique sur les réformes successives qui, depuis 2013, ont assoupli la notion de motif économique du licenciement, la commission pointe les « effets délétères » sur les salariés, les bassins d’emplois et plus globalement sur le tissu social et politique des territoires victimes de ces PSE.

Face à « l’anomalie démocratique » constituée par la compatibilité entre le versement d’aides publiques et la mise en œuvre de PSE, le rapport appelle à conditionner systématiquement ces aides au maintien ou à la création d’emplois, sous peine de restitution.

Parmi les mesures préconisées par les députés, figurent la restriction de la définition du licenciement économique, un meilleur encadrement des dispositifs alternatifs comme les ruptures conventionnelles collectives, le renforcement du rôle de l’Etat actionnaire ou encore le soutien aux reprises par les salariés par exemple, via les Scop.

Les députés plaident aussi pour renforcer les prérogatives des représentants du personnel trop souvent mis devant le fait accompli. En outre, les députés évoquent « la question d’une nationalisation temporaire des sites stratégiques » envisagée « comme une mesure de dernier recours, dans l’intérêt général ».

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Le Monde avec AFP

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Ces ex-salariés de Casino, rachetés par Intermarché, puis licenciés : « Certains ne savent même pas envoyer un mail »

L’Intermarché du centre commercial La Riche Soleil à l’ouest de Tours, le 19 avril 2025.

Quarante des 54 salariés de l’Intermarché du centre commercial La Riche Soleil à l’ouest de Tours s’étaient rassemblés, mercredi 9 juillet après-midi, devant l’entrée de l’hypermarché fermé depuis le 26 avril pour protester contre leur licenciement. Eux qui pensaient avoir été sauvés par le rachat de cet ancien Géant Casino par le Groupement Mousquetaires (Intermarché, Netto, Bricomarché…) en 2023 ont, symboliquement, tourné le dos à la direction, venue négocier les derniers points du plan social de ce magasin de 8 000 mètres carrés.

Niché au cœur d’une galerie marchande moribonde où seules trois des 50 boutiques sont encore ouvertes, cet hypermarché fait partie des 30 ex-Casino dont le Groupement Mousquetaires a annoncé, le 3 avril, la fermeture, les jugeant impossibles à rentabiliser.

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Exploités par un sous-traitant, la « demi-victoire » de sans-papiers après un an de tractations avec Suez

Devant le centre de tri Veolia, à Paris, le 28 aout 2023.

C’est un mouvement qu’ils ont mené sur un fil : comment dire sa colère sans être « pris pour des sauvages » ? Comment « demander [ses] droits » quand tout semble prouver que vous n’en avez aucun ? Comment attirer l’attention alors que vous vous appliquez chaque jour à passer inaperçu ? « Il y a un moment où tu ne peux plus supporter cette vie où tu n’es rien, où on te traite pire qu’un chien », assène Youssef. Il se fait porte-parole des 12 travailleurs sans papiers qui l’entourent, dans leur combinaison de travail orange et bleu au logo du groupe Suez, en terrasse de la boulangerie d’une discrète galerie marchande de la Défense. A quelques encablures du siège de Suez devant lequel ils ont entamé un mouvement de protestation, mardi 1er juillet.

En ce mercredi 9 juillet, ils attendent, anxieux, le résultat d’une énième réunion de négociation de la CGT avec la direction. Epilogue de la bataille menée depuis deux ans par deux groupes distincts de travailleurs sans papiers exploités par le même sous-traitant de Suez, Veolia, Paprec et Urbaser, dans les centres de tri des déchets d’Ile-de-France – ce sont des marchés publics.

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Les incertitudes sur l’avenir de SFR pèsent sur le climat social dans les télécoms

Les salariés devront s’en contenter. Mardi 1er juillet, lors d’une « session d’échanges » avec les employés de SFR, Arthur Dreyfuss, le PDG d’Altice France, sa maison mère, a refusé de démentir les « rumeurs » sur une vente de l’opérateur à la concurrence. Sinon, a-t-il fait valoir, « on passerait notre temps à démentir. » Cette sortie intervient alors que la possibilité d’une consolidation autour de SFR électrise le secteur depuis des mois. Ses rivaux, Orange, Bouygues Telecom et Free (dont le propriétaire, Xavier Niel, est actionnaire à titre individuel du Groupe Le Monde), ne sont pas insensibles à la perspective d’un retour à trois opérateurs, synonyme d’une moindre concurrence et de plus gros profits.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Télécoms : SFR stoppe l’hémorragie de clients

Face à ses troupes, Arthur Dreyfuss s’est davantage épanché sur la restructuration financière d’Altice France. Le groupe de l’homme d’affaires Patrick Drahi a annoncé, fin mai, son entrée en procédure de sauvegarde accélérée. Son objectif : finaliser un accord avec ses créanciers pour réduire son énorme dette de 24 à 15,5 milliards d’euros, en échange de 45 % du capital. Patrick Drahi, lui, conservera une participation majoritaire de 55 %. « Fin septembre ou début octobre, ce sujet sera derrière nous », s’est félicité Arthur Dreyfuss, louant l’« avenir serein » qui attend, selon lui, SFR, grâce à une situation financière « assainie ».

Mardi, devant le siège parisien de l’opérateur à Balard, plusieurs salariés ne partageaient guère son optimisme. « Les gens sont à la fois inquiets pour leur avenir et méfiants », affirme un ingénieur réseau qui tient, comme tous ceux interrogés, à garder l’anonymat. Sa crainte est celle d’une « vente à la découpe » de SFR, et d’une disparition de l’opérateur pour lequel il travaille depuis « plus de vingt-cinq ans ». Un ingénieur chargé du développement de logiciels qualifie de « bullshit » les propos de la direction. « Personne ne sait exactement ce qui se passe », poursuit-il, en se disant persuadé que l’opérateur « ne sera pas vendu ».

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Au Kenya, la sous-traitance à l’ère de l’intelligence artificielle, nouvelle source d’emplois potentiels

Les bureaux d’un sous-traitant de Meta, société mère de Facebook, à Nairobi (Kenya), en juin 2023.

Rivés sur leur écran, des dizaines d’employés d’une entreprise kényane y traquent des baleines, repèrent des voleurs à la tire ou scrutent des lésions pulmonaires dues au Covid-19 pour le compte de clients étrangers, signe d’un marché mondial de la sous-traitance en plein essor. Leur employeur, Cloudfactory, a ouvert ses portes à Nairobi, capitale du Kenya, en 2014, proposant au départ des services simples, comme de la transcription.

Mais depuis 2024, l’entreprise offre aussi un éventail de services liés à l’intelligence artificielle (IA), qui bouleverse le secteur et fait naître l’espoir de soutenir l’emploi des jeunes dans ce pays, locomotive économique de l’Afrique de l’Est. Pour ses clients, Cloudfactory analyse des radiographies médicales, aide les assureurs à repérer des toits endommagés ou mesure la couverture forestière pour vérifier que des projets de compensation carbone remplissent leurs promesses.

L’un d’eux, Charles River Analytics, une entreprise américaine de robotique, avait besoin d’utiliser l’IA pour éviter que des baleines n’entrent en collision avec ses navires sans pilote. « Nous avons encore besoin de gens pour dire aux machines ce qu’elles doivent faire et pour vérifier ce qu’elles produisent, rappelle Festus Kiragu, directeur de Cloudfactory Kenya. Et cela crée des emplois, beaucoup d’emplois. » Ce prestataire emploie quelque 130 personnes et collabore avec 3 000 travailleurs indépendants.

« Construire une véritable carrière »

Parmi le million de jeunes qui atteignent chaque année leur majorité, 80 % n’ont d’autre choix que de travailler dans le secteur informel et de se contenter d’emplois mal rémunérés, ce qui alimente la frustration dans ce pays secoué par des manifestations depuis un an. La sous-traitance y est déjà en plein essor.

Dans les bureaux proprets de CCI Kenya, dans la banlieue de Nairobi, quelque 5 000 employés répondent toute la journée à des clients de compagnies aériennes, banques et autres commerces, principalement américains. L’entreprise espère doubler ses effectifs d’ici 2030 et reçoit des centaines de candidatures chaque semaine. « C’est un emploi d’entrée de carrière, c’est sûr, mais il vous donne une chance et vous pouvez construire une véritable carrière », défend son directeur, Rishi Jatania, qui a lui-même commencé « au téléphone ».

L’Afrique ne représente aujourd’hui que 2 % des activités de sous-traitance dans le monde. Mais la hausse des salaires dans les principaux hubs actuels, comme l’Inde ou les Philippines, pousse les entreprises à se tourner vers le continent.

Santé mentale

Le Kenya présente l’avantage d’une jeunesse anglophone, éduquée et connectée, ainsi que d’une infrastructure Internet performante. Le secteur de la sous-traitance emploie actuellement quelque 35 000 personnes, mais ce chiffre pourrait monter à 100 000 en trois ou quatre ans avec le soutien du gouvernement, selon Genesis, un cabinet de conseil international.

Cependant, cette dynamique ne fait pas l’unanimité et suscite des critiques. D’anciens employés de Sama, un sous-traitant chargé de modérer des contenus violents et haineux sur Facebook, ont dénoncé les « dommages causés à leur santé mentale ».

Un tribunal kényan a estimé fin 2024 que Meta, maison mère de Facebook, pourrait être poursuivie dans cette affaire. Meta a nié toute responsabilité, n’étant pas l’employeur direct des personnes concernées. Des acteurs du secteur craignent par ailleurs que d’éventuelles poursuites ne dissuadent les clients.

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M. Kiragu, de Cloudfactory, souligne l’opportunité que représente la modération de contenus mais reconnaît que son « impact mental » doit être pris en compte. « Ce travail doit être effectué par rotation : il faut le faire pendant deux mois, puis faire autre chose », estime-t-il.

« Un hub pour la sous-traitance » ?

Une association kényane de la sous-traitance s’est récemment formée et réclame des allègements fiscaux afin de mieux concurrencer l’Asie. Mais les négociations sont difficiles, dans un contexte où le gouvernement cherche à tout prix de nouvelles recettes fiscales pour faire face à la dette. « Il faut que le gouvernement fasse la promotion du Kenya comme un hub pour la sous-traitance, de la même manière qu’il le fait pour le tourisme », estime M. Kiragu.

La révolution de l’IA pourrait cependant être à double tranchant : elle a permis la création de nouveaux emplois mais elle pourrait tout aussi rapidement les faire disparaître. « Les emplois de relations clients dans les centres d’appels sont excellents pour des débutants, mais ils sont les plus vulnérables face à l’IA », souligne Betty Maina, ancienne ministre de l’industrialisation, du commerce et du développement des entreprises, qui a rejoint Genesis. « Adapter les compétences aux nouvelles exigences du marché sera essentiel », analyse-t-elle.

Mais, pour l’instant, le travail ne manque pas pour les humains, assure M. Jatania. « Si vous ratez votre vol (…), la dernière chose dont vous avez envie est de parler à un robot », affirme-t-il.

Le Monde avec AFP

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La fragilité du tissu industriel français réveille l’appétit chinois

L’usine chimique Vencorex à Pont-de-Claix (Isère), le 12 mars 2025.

Il y a d’abord eu la reprise partielle, en avril, de Vencorex, l’un des fleurons français de la chimie, installé près de Grenoble, par son concurrent direct, le groupe chinois Wanhua, par l’intermédiaire de sa filiale hongroise BorsodChem. Une opération validée par le tribunal de commerce de Lyon, au grand dam des salariés de Vencorex et d’une partie des élus locaux, qui défendaient une reprise en interne par une société coopérative.

Puis ont suivi, coup sur coup, en mai, le rachat par la société chinoise DSBJ, spécialiste des circuits imprimés, basée près de Shanghaï, de l’équipementier automobile GMD dont la quinzaine d’usines en France travaillent notamment pour Renault et Stellantis ; et la reprise de Safra, le seul constructeur français d’autobus à hydrogène, installé dans le Tarn, par le groupe chinois Wanrun, fabricant de batteries et d’autobus électriques, à la barre du tribunal de commerce d’Albi.

A chaque fois, ces sociétés étaient en difficulté, surendettées ou en redressement judiciaire. Représentantes de secteurs industriels clés en France – la chimie, l’automobile et l’énergie –, elles passent donc sous pavillon chinois. Faut-il y voir une offensive particulière de la deuxième puissance économique mondiale sur les entreprises hexagonales ?

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