Conditions de travail dans le transport : les Européens incapables de se mettre d’accord

A Chamonix (Haute-Savoie), en direction de l’Italie, en avril 2017.

S’il fallait encore une preuve du fossé qui s’est creusé entre l’Est et l’Ouest, le Parlement européen en a donné une démonstration éclatante, mercredi 4 juillet, en rejetant trois textes, pourtant issus d’un long travail de négociation au sein de la commission spéciale sur le transport de l’hémicycle strasbourgeois.

Les eurodéputés avaient à se prononcer sur des propositions de loi de l’Union remettant à plat les conditions de travail dans le transport, envisageant notamment les modalités d’application de la directive révisée sur le travail détaché (même salaire sur un même lieu de travail) à ce secteur où, par essence, les travailleurs sont ultramobiles.

Mais, entre les élus de l’Ouest, davantage soucieux des intérêts et des conditions de travail des chauffeurs, et ceux de l’Est, du Nord, mais aussi d’Espagne et du Portugal, obnubilés par la compétitivité de leurs routiers, la discussion a, ces derniers mois, tourné au dialogue de sourds. « Même sur la migration, nous parvenons à adopter des positions communes, ici, au Parlement, c’est dire ! », soulignait une source parlementaire, mercredi.

Début juin, à l’issue d’un vote préliminaire très serré en commission transport, l’Est et les Etats « périphériques » étaient parvenus à prendre l’avantage d’une très courte tête. Ils avaient obtenu qu’un conducteur effectuant une livraison « internationale » (traversant plusieurs pays de l’Union) soit totalement exempté du détachement.

Reprendre tout le travail à zéro

Rien n’obligerait, donc, son employeur à le rémunérer selon les normes des différents pays traversés durant son temps de trajet sur ces territoires. Le repos des chauffeurs « en cabine » était autorisé, à condition que les parkings soient « de qualité », alors que les élus français s’opposaient totalement à une telle flexibilité.

Outrés (et pratiquement tous partis politiques confondus), les élus français ou allemands ont travaillé à renverser…